Notice
J.M.W.Turner, les paysagistes anglais et l’Anthropo(s)cène
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Descriptif
L’importance croissante des préoccupations écologiques et sa transcription dans la nouvelle discipline de l’écocritique ont identifié la première moitié du 19ème siècle comme un point de départ possible pour l’Anthropocène, c’est-à-dire quand les premiers effets de la révolution industrielle ont commencé à être perceptibles et quand l’empreinte de l’homme sur la nature a semblé devenir primordiale, essentielle et irréversible.
De façon remarquable, la révolution industrielle en Grande-Bretagne coïncida avec le triomphe du paysage comme genre pictural prédominant dans l’école anglaise de peinture. Dans cette conférence, centrée sur une lecture croisée de trois tableaux exposés par Turner en 1818 (l’année où Mary Shelley publia Frankenstein ou le Prométhée moderne), je souhaiterais suggérer que le principal sujet de l’art du paysage anglais tel que Turner (et Constable) l’ont ré-inventé est aussi l’exploration de cette inscription frictionnelle de la présence de l’homme dans la Nature, dotant ainsi le genre du paysage d’une force philosophique et épistémologique si remarquable que, à leurs yeux du moins, celui-ci pouvait être considéré comme la nouvelle peinture d’histoire « moderne ». Dans leurs œuvres, le « monde naturel » n’est pas considéré comme « l’environnement » de l’homme, quelque chose de périphérique servant d’écrin à la présence centrale de l’homme, la nature EST le centre et devient, ou re-devient, force dominante. Ce subtil déplacement de ce qui est central, de ce qui compte, entre l’homme et la nature est, à mon sens, la principale révolution introduite par les paysagistes anglais de l’époque, qui ont substitué à la centralité de l’homme et du contrôle de l’homme sur la nature – principale caractéristique de la peinture d’histoire classique mais aussi principe dominant du colonialisme alors triomphant – l’extraordinaire force symphonique dont ils ont doté la Nature dans les scènes « réelles » qu’ils dépeignent.
En fin de compte, je souhaite suggérer qu’il devient de plus en plus nécessaire de considérer l’art du paysage comme une preuve, de regarder ces innombrables images comme autant de traces de ce que nous avons fait à la nature.
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