Aidantes. Entre assignation de genre et bénéfices narcissiques

Résumé de la communication : Mon propos s’articule autour d’une représentation sociale, celle de l’aidant, représentation qui monte en importance dans le discours public. Ma position de psychologue clinicienne est de rendre compte de comment cette représentation s’incarne plus particulièrement au sein d’un groupe de parole que je co-anime avec une infirmière coordinatrice au CHU de Caen. Les participantes y sont en grande majorité des aidantes âgées. 

Dresser de ces femmes un portait idéalisé de mères courages, mettant en avant leur dévouement au détriment parfois de leur propre santé, sans nier cette évidence dont tout un chacun peut témoigner, est un portrait bien incomplet. Je me propose donc d’œuvrer à esquisser une représentation plus contrastée en questionnant non seulement les compensations narcissiques que ces femmes vieillissantes trouvent dans la relation d’aide mais également le rôle de la haine dans cette même relation (en appui sur les travaux de Winnicott) et en quoi le groupe peut les aider à l’élaborer.

Biographie de Sandrine Letrecher : Psychologue clinicienne en service de médecine somatique, docteure en psychologie, ma clinique s'adresse aussi bien aux patients, à leurs proches, qu'aux professionnels qui les accompagnent, au travers de dispositifs individuels et groupaux. Mon activité de recherche se déploie au sein du Laboratoire de Psychologie Caen-Normandie (LPCN EA7452) selon une double perspective psychodynamique et anthropologique. Mes recherches ont pour objet la vulnérabilité sous toutes ses formes et plus particulièrement celle liée à la maladie grave. Il s’agit de rendre compte de la manière dont s’opère, dans notre monde contemporain marqué par le vieillissement de la population, l’intersection entre la maladie conçue dans sa dimension biologique (disease), marquée par la pensée scientifique, et ses dimensions (inter-)subjectives (illness), sociale et culturelle (sickness).