Concurrence des genres. Portrait, nu et paysage dans "Portrait de la jeune fille en feu" (Céline Sciamma, 2019) / Sophie Lécole-Solnychkine
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
- audio 1 audio 2 audio 3
Descriptif
Concurrence des genres. Portrait, nu et paysage dans "Portrait de la jeune fille en feu" (Céline Sciamma, 2019) / Sophie Lécole-Solnychkine, in "Les enjeux mémoriels du portrait", Journée d'étude organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) sous la direction scientifique de Fabienne Bercegol et Estelle Galbois, dans le cadre du séminaire PLH "L'invention des tracaes" et de la rétrospective de l'œuvre du photographe Gilles Pandel, Université Toulouse Jean Jaurès, 13 octobre 2021.Deux extraits du film sont commentés :1- l'avant-dernière scène du film : la scène de l'exposition de peintures (de 01:53:34 à la fin du film).2- le générique du début du film (de 00:01 à 03:05).
Cette journée d’étude a pour sujet la fonction mémorielle du portrait qu’il soit public ou privé, peint, sculpté, photographique ou encore littéraire. Le portrait, polymorphe, répond à des demandes sociales et culturelles, et en tant que médium de la représentation, il fait partie du processus de communication. Si les intentions qui président à la confection d’une effigie sont plurielles, elles visent toutes à combattre la mort et l’oubli, en laissant une trace, pérenne, dans les mémoires. Dès son origine, le portrait, en fixant les traits d’un individu, a un pouvoir mnémonique. L’anecdote de Pline sur l’invention à Corinthe du portrait en argile à partir d’un profil dessiné sur un mur le montre clairement. Le portrait a aussi une fonction de substitution dans la mesure où il rend l’absent présent, que l’absence soit momentanée ou définitive. Dans « La Peinture », poème en trois chants avec notes, 1769, 5-6, Antoine-Marin Lemierre ne dit pas autre chose : « De la mort elle-même, il affaiblit les coups, et lorsqu’elle a rompu nos liens les plus doux, l’objet qui dans la tombe emporta nos hommages, reste encore près de nous et vit dans son image. » Quelle que soit sa nature, le portrait a une valeur commémorative puisqu’il conserve les caractéristiques (physionomie, caractère) des femmes et des hommes après leur mort. Le portrait, littéraire ou plastique, en glorifiant l’individu, en célébrant ses hauts faits et ses vertus, l’érige en modèle pour les générations futures. À contrario le portrait à charge invite à ne pas suivre l’exemple de la personnalité représentée. Dès lors, on comprend bien que le portrait est tout sauf neutre, qu’il oriente le regard du spectateur ou du lecteur, et qu’il ne se borne pas à décrire ou à reproduire de manière servile des traits physionomiques. Il résulte au contraire d’un savant mélange entre ressemblance, idéalisation, esthétique. Le portrait permet aussi la reviviscence puisqu’il peut présenter le défunt dans une posture suggérant qu’il est encore vivant. L’essor du portrait photographique post-mortem au XIXe siècle en est une parfaite illustration. Si le portrait laisse une trace dans la mémoire individuelle ou collective, la destruction volontaire des effigies ou damnatio memoriae, ancrée dans les pratiques depuis l’Antiquité, ou la négation de l’existence d’une personne dans les textes, expriment le refus de mémoire en condamnant irrémédiablement un être à l’oubli.Cette journée d’étude, dont l’approche est interdisciplinaire et transpériode, questionne les potentialités mémorielles du portrait qu’elles aient un impact positif ou négatif, en même temps qu’elle s’interroge sur son avenir à l’heure où, dans notre société, les supports de communication tendent à se dématérialiser.
Chapitres
Thèmes
Notice
Documentation
Bibliographie sélective
GUNTHERT, André (2020). Les deux portraits de « Portrait de la jeune fille en feu », L’image sociale, 16 avril 2020. [En ligne : https://imagesociale.fr/8490].
NANCY, Jean-Luc (2000). Le regard du portrait. Paris, Éd. Galilée, 104 p.
PONTÉVIA, Jean-Marie (1986). Écrits sur l’art et pensées détachées III : "Tout peintre se peint soit même. Ognidipintore dipinge sè". Bordeaux, Éd. William Blake and Co, 271 p.
Dans la même collection
-
La mémoire affichée : enjeux du portrait de rue chez JR et Agnès Varda / Philippe OrtelOrtelPhilippe
Le portrait, polymorphe, répond à des demandes sociales et culturelles, et en tant que médium de la représentation, il fait partie du processus de communication. Si les intentions qui président à la
-
Le portrait contemporain et l'invention du visage / Anne Beyaert-GeslinBeyaert-GeslinAnne
Le portrait contemporain et l'invention du visage / Anne Beyaert-Geslin, in "Les enjeux mémoriels du portrait", journée d'étude organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH)
-
La construction mémorielle des portraits dans "Histoire de la Révolution française" de Jules Michel…VouillouxBernard
La construction mémorielle des portraits dans "Histoire de la Révolution française" de Jules Michelet / Bernard Vouilloux, in "Les enjeux mémoriels du portrait", Journée d'étude organisée par le
-
Les enjeux mémoriels du portrait. Introduction / Fabienne Bercegol, Estelle GalboisBercegolFabienneGalboisEstelle
Les enjeux mémoriels du portrait. Introduction / Fabienne Bercegol, Estelle Galbois, in Journée d'étude organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) sous la direction
-
Le portrait ou la mémoire cruelle / Michela GardiniGardiniMichela
Le portrait ou la mémoire cruelle / Michela Gardini, in "Les enjeux mémoriels du portrait", journée d'études organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) sous la direction
-
Les portraits du Fayoum, veilleurs rêvés de la vie éternelle / Céline TrouchaudTrouchaudCéline
Les portraits du Fayoum, veilleurs rêvés de la vie éternelle / Céline Trouchaud, in "Les enjeux mémoriels du portrait", journée d'études organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire
Sur le même thème
-
"Wozzeck" : vers une nouvelle poétique du livret ? / Aude AmeilleAmeilleAude
Source d’inspiration et ressort majeur de ce renouvellement, le texte dramatique de Büchner, ce 'Woyzeck' de 1837, laissé inachevé par un auteur dramaturge, savant et révolutionnaire, est en porte-à
-
De Büchner à Berg : Marie lit l'Evangile (Acte 3, scène 1) : description, analyse et commentaires […LehmannMichelMazellier-LajarrigeCatherineAmeilleAudeTachonMarie
Source d’inspiration et ressort majeur de ce renouvellement, le texte dramatique de Büchner, ce 'Woyzeck' de 1837, laissé inachevé par un auteur dramaturge, savant et révolutionnaire, est en porte-à
-
Le "Woyzeck" de Büchner : d’une révolution à l’autre / Catherine Mazellier-LajarrigeMazellier-LajarrigeCatherine
Source d’inspiration et ressort majeur de ce renouvellement, le texte dramatique de Büchner, ce 'Woyzeck' de 1837, laissé inachevé par un auteur dramaturge, savant et révolutionnaire, est en porte-à
-
Les enjeux mémoriels du portrait. Introduction / Fabienne Bercegol, Estelle GalboisBercegolFabienneGalboisEstelle
Les enjeux mémoriels du portrait. Introduction / Fabienne Bercegol, Estelle Galbois, in Journée d'étude organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) sous la direction
-
"Pelléas et Mélisande" : les paradoxes de la scène théâtrale / Cyrielle DodetDodetCyrielle
La pièce de Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, donnée le 17 mai 1893 au Théâtre des Bouffes-Parisiens, et l’opéra de Debussy, drame lyrique présenté pour la première fois devant le public de l’Opéra
-
Chorégraphier avec et selon Nijinski, entre Antiquité et (hyper)-modernité. Perspectives théâtrales…Garcin-MarrouFlore
La place de l’Antiquité dans la vitalité créatrice de l’art occidental se présente comme une référence, dépassant la fonction de simple modèle à imiter et provoquant un mouvement de retour, retour non
-
Les partitions musicales des spectacles "antiques" dansés par Nijinski (2) : une ambivalence entre …LehmannMichel
La place de l’Antiquité dans la vitalité créatrice de l’art occidentalse présente comme une référence, dépassant la fonction de simple modèle à imiter et provoquant un mouvement de retour, retour non
-
Les partitions musicales des spectacles "antiques" dansés par Nijinski (1) : une improbable archéol…LehmannMichel
La place de l’Antiquité dans la vitalité créatrice de l’art occidental se présente comme une référence, dépassant la fonction de simple modèle à imiter et provoquant un mouvement de retour, retour non
-
La danse et "l'âme antique" au début du XXe siècle / Marie-Hélène GarelliFrançois-GarelliMarie-Hélène
La place de l’Antiquité dans la vitalité créatrice de l’art occidental se présente comme une référence, dépassant la fonction de simple modèle à imiter et provoquant un mouvement de retour, retour non
-
Vsevolod Meyerhold, le modèle musical et la scène symboliste / Muriel PlanaPlanaMuriel
Vsevolod Meyerhold, le modèle musical et la scène symboliste / Muriel Plana, in "Autour d'Ariane et Barbe-Bleue. Le symbolisme entre théâtre et opéra : dramaturgie et esthétique", journée d'étude
-
"Dramaturgie négative" et modèle musical dans le théâtre de Maurice Maeterlinck / Pierre LonguenesseLonguenessePierre
« Dramaturgie négative » et modèle musical dans le théâtre de Maurice Maeterlinck / Pierre Longuenesse, in "Autour d'Ariane et Barbe-Bleue. Le symbolisme entre théâtre et opéra : dramaturgie et
-
Le symbolisme sur les scènes allemandes : le cas de Max Reinhardt / Catherine Mazellier-LajarrigeMazellier-LajarrigeCatherine
Le symbolisme sur les scènes allemandes : le cas de Max Reinhardt / Catherine Mazellier-Lajarrige, in "Autour d'Ariane et Barbe-Bleue. Le symbolisme entre théâtre et opéra : dramaturgie et esthétique"