MOOC et formation à distance : quelles différences ?

Qu'est-ce qui a changé avec l'apparition des MOOCs ?

Ce qui a été rendu possible par la formation ouverte et à distance, version MOOC, c'est de dire "c'est massif". On ne peut pas mettre 16 000 élèves dans une même salle pour enseigner. Dans l'amphi, au maximum, je suis avec 300 étudiants. 16 000 étudiants dans un amphi, ce n'est pas possible. Par contre, un MOOC, c'est possible. C'est intéressant, le côté massif. Et là, a priori, une nouvelle opportunité est offerte justement parce qu'on a cette plate-forme, parce qu'on a cette possibilité d'interagir avec un grand nombre d'étudiants. Ce n'est pas forcément toujours très massif. Après, on a souvent des taux d'abandon qui sont importants, ou de non investissement qui sont importants, qui sont tout à fait normaux si on compare avec ce qui se passe dans d'autres dispositifs en ligne avec le numérique.

En quoi est-ce un enseignement "ouvert" ?

Le mot "ouvert", dans le MOOC, renvoie à l'idée que c'est ouvert à tout le monde, et c'est gratuit. C'est gratuit, jusqu'à ce qu'on ait des modèles économiques qui nous montreront que, finalement, quand on met un dispositif en ligne, il faut bien que quelque part, quelqu'un ait payé. On verra quels seront les modèles économiques. Est-ce que c'est un paiement de droits d'entrée, paiement du badge, paiement du certificat à la fin ou, peut-être, on peut imaginer des traces. Par exemple, les traces de quelqu'un qui apprend, qu'il laisse sur la plate-forme, peuvent être très intéressantes pour analyser qui est cette personne et, ensuite, lui proposer des produits dans sa boîte aux lettres qui sont spécifiquement adaptés. Donc il y a peut-être des intérêts économiques qui font que le "ouvert et gratuit" est peut-être discutable.

Les cours "Online" (en ligne) apportent-ils plus de souplesse ?

Il y a une demande très forte de professionnels qui, justement, du fait de leurs conditions de travail, n'ont pas beaucoup de temps à consacrer à leurs apprentissages, n'ont pas un temps qui est conforme avec des horaires légaux d'ouverture d'université ou de bureau. Donc le fait de mettre en place des MOOC qui vont aller dans le sens de la formation professionnelle est une initiative très intéressante.

Comment les MOOCs s'intègrent-ils dans l'enseignement supérieur ?

Il y a différents types de MOOC. Il y a ce qu'on appelle des xMOOCs où il y a plutôt des vidéos d'un prof qui parle et qui délivre son savoir. Et il y a des MOOCs qui sont un peu plus intéressants, peut-être plus difficiles à mettre en place, ce sont ces MOOCs, - comme le MOOC ITyPA, en France, qui est un MOOC où on va essayer, non pas a priori de poser des objectifs pédagogiques mais aider des gens à poser leurs objectifs de formation et puis les aider à créer leur environnement de formation pour se développer et apprendre les uns des autres. Et il y a la question aussi, derrière, finalement : est-ce que c'est toujours un cours ? Un enseignement universitaire, ce n'est pas, en général, un enseignement universitaire isolé mais c'est un enseignement qui est donné en appui, avec derrière, souvent, un dispositif de recherche. C'est-à-dire que les connaissances qui sont enseignées sont des connaissances qui ont été produites au sein de l'université ou au sein d'autres universités. En tout cas, il y a une articulation entre recherche et formation. On n'est plus sur une logique d'offre, on est sur une logique de demande. C'est l'étudiant qui, lui-même, va se faire son propre catalogue de formation et, peut-être, va aller, comme disent les Québécois, "magasiner", pour chercher les formations qui vont l'intéresser. Moi, je trouve que les MOOCs sont intéressants parce qu'ils vont interroger un peu notre système éducatif, la manière dont fonctionne l'université et, peut-être, l'un des impacts positifs que ça aurait pu avoir est peut-être que des enseignants qui ne se posaient pas trop de questions sur ce que va devenir la formation, ce que va devenir l'enseignement, ce qu'est la pédagogie, se disent que, peut-être, ils ont intérêt à regarder un peu de ce côté-là et se poser des questions de ce côté-là et, du coup, peut-être d'envisager d'autres modalités pour la formation dans les programmes qu'ils aiment.