Cassinomagus (Chassenon, Charente) : gestion des eaux indésirables dans le secteur sud-est de l’agglomération
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Descriptif
L’agglomération secondaire Cassinomagus s’est établie aux marges occidentales de la cité desLémovices avant le début de notre ère. À partir du début du Ier siècle p.C.,elle s’est développée dans un paysage escarpé, marqué par la chute d’unemétéorite 200 millions d’années plus tôt. Les Romains se sont affranchis de cerelief accidenté pour y construire un ensemble monumental d’édifices publics etdes quartiers civils sur plusieurs centaines d’hectares.
L’ensemble monumental a été aménagé dans le secteur sud-est.Les thermes de Longeas, édifice emblématique du site, ont été construits dansle creux d’un vallon. Celui-ci est encadré à l’ouest, à l’est et au sud par unplateau sur lequel prennent place, respectivement, le lieu de culte desChenevières, deux édifices probablement sacrés et le quartier d’habitations duGrand Villard.
La bordure nord du plateau sud a servi à asseoir l’aqueducprincipal qui dessert les thermes et le lieu de culte en eau propre, via un bassin de répartition situé surla branche secondaire. Enfin, au nord de ces monuments, l’édifice de spectaclede La Léna a été construit dans une dépression naturelle.
Le terrain choisi pour construire le monument des bains esten pente du sud vers le nord et accuse un dénivelé de six mètres maximum.Ainsi, les thermes possèdent un étage, aménagé des salles dédiées au public (tepidaria, unctoria/destrictaria, sudatio, caldarium, frigidaria, gymnases). Il repose sur un rez-de-chaussée constituéde salles de soutènement, autour desquelles ont été aménagés les courstechniques, de chauffe, les caniveaux et les égouts.
Ce choix improbable d’implantation a conduit à l’élaborationd’un vaste système d’assainissement du balnéaire, qui se présente sous la formed’un réseau d’égouts enterrés et de caniveaux à ciel ouvert. Le premier sesitue au cœur du bâtiment et le second se trouve en périphérie.
Les égouts permettent d’assainir le rez-de-chaussée desthermes. Ils drainent les eaux d’infiltration via des gaines aménagées à la base des fondations et évacuent leseaux vers les caniveaux. Ils assurent par ailleurs l’évacuation des cendres desfoyers lorsque ceux-ci sont nettoyés. Les caniveaux recueillent les eaux depluie, de vidange des bassins situés à l’étage et de ruissellement.
L’ensemble de ces eaux est ensuite conduit vers les latrinesqui se situent au point le plus bas des thermes. Ainsi, leur usage final estl’évacuation des excréments vers le vallon nord, dont la pente naturelles’étend vers la Vienne.
Les fouilles récentes ont permis d’ouvrir la problématiquede la gestion des eaux indésirables à d’autres lieux du site et de comprendreque le réseau interne du balnéaire fait partie d’un système beaucoup plus vastequi débute, en amont, sur les plateaux ouest des Chenevières et sud du GrandVillard.
Sur le premier, la périphérie du lieu de culte est aménagéed’une conduite d’évacuation des eaux de pluie. La cour sacrée orientale dusanctuaire est par ailleurs aménagée d’un exutoire provenant du temple. Ilparticipe à la mise en scène de l’eau, qui est scénographiée comme une sourcejaillissant du temple. Le conduit permet ainsi de l’évacuer vers l’extérieur del’aire sacrée.
Sur le plateau sud, le quartier du Grand Villard se compose,en l’état actuel des connaissances, d’un carrefour routier à proximité duquelest construite une vaste demeure privée. Celle-ci présente deux cours àpéristyle traversées par un égout, dont l’origine pourrait être un bassinaménagé dans la cour sud.
En ce qui concerne la mise en œuvre de la chaussée ducarrefour routier, les fouilles ont livré, parmi les éléments constitutifs dela chaussée, des scories mélangées aux cailloutis, preuve d’un savoir-fairedans la gestion et le drainage des eaux de pluie.
La liaison entre les points hauts et les thermes se fait parun caniveau qui longe la branche secondaire de l’aqueduc. Celui-ci permet ainside conduire les eaux depuis le sud et l’ouest jusqu’au vallon nord, enempruntant le réseau des thermes.
Il semblerait ainsi que la gestion des eaux sales de cesecteur de l’agglomération ait été anticipée et programmée en amont de laconstruction des monuments et des habitations. Les caniveaux et les égouts fontpartie des premiers aménagements de cette partie du site.
Cette proposition de communication vise donc à mettre enperspective la nature des différents aménagements liés à la gestion des eauxusées du secteur sud-est de l’agglomération, tant dans les édifices civils quepublics, et à mettre en évidence les liens qui les unissent, qu’ils soientfonctionnels ou chronologiques.
Communicants :
Lucie CARPENTIER – Arkémine
Sandra SICARD - Service archéologique départemental de Charente
Colloque organisé par :
Jean-Baptiste Lebret
Sandrine Agusta-Boularot
Réalisation :
Lambert Capron
Thème
Notice
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