Conférence
Notice
Lieu de réalisation
DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/Maison des Sciences Humaines de Clermont-Ferrand
Langue :
Français
Crédits
Antoine Paillet (Intervention)
Détenteur des droits
DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/Maison des Sciences Humaines de Clermont-Ferrand
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/y5kj-0238
Citer cette ressource :
Antoine Paillet. ClermontMsh. (2024, 13 décembre). Glozel dans l’invention identitaire du Bourbonnais , in Colloque Glozel / Session 3 – Glozel au révélateur de l’histoire sociale : sociologie, trajectoires historiques et imaginaires collectifs dans les années 1920. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/y5kj-0238. (Consultée le 13 novembre 2025)

Glozel dans l’invention identitaire du Bourbonnais

Réalisation : 13 décembre 2024 - Mise en ligne : 13 novembre 2025
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Descriptif

La polémique de Glozel, depuis sa découverte en 1924 dans la commune de Ferrières-sur-Sichon, en Montagne bourbonnaise, s’est concentrée sur la datation et l’authenticité du site à partir des données archéologiques. Elle a notamment nourri, dès les premières années, la controverse sur les origines de la civilisation et de l’écriture au Moyen-Orient, que Salomon Reinach, l’un des protagonistes de Glozel, avait dénoncée dès 1893 comme le « mirage oriental ».

Le rapprochement des signes alphabétiformes glozéliens et de l’alphabet phénicien, effectué par le docteur Morlet lui-même, a par exemple rapidement donné lieu aux traductions fantaisistes du lieutenant-colonel de Saint Hillier. Pour autant, l’historiographie de Glozel a très peu tenu compte du contexte « ethnographique » et des échos que cet orientalisme avait pu connaître dans l’érudition locale à la génération qui précède la découverte. Ainsi, ce n’est pas sans surprise que l’on découvre, autour de 1900, dans le même village de Ferrières-sur-Sichon, une violente polémique sur le passage de Phéniciens et l’existence de caractères puniques qui met aux prises le curé et l’instituteur, et dont l’écho retentit, comme ce sera le cas de Glozel, dans les sociétés savantes locales et jusqu’à l’Institut de France.

Certes, le « mythe oriental » est un phénomène général. Mais il rencontre, en Bourbonnais, un terrain particulièrement favorable en raison des spécificités de l’identité de la province. Partagé à l’époque gauloise entre Arvernes, Bituriges et Éduens, construction féodale née et disparue avec le Moyen Âge, le Bourbonnais souffre d’une carence identitaire que l’érudition romantique s’est efforcée de combler. L’orientalisme prend alors place dans un processus d’invention d’ancêtres que domine la revendication d’une tribu gauloise spécifique, celle des Boïens. À leurs côtés, Phéniciens, Égyptiens, Maures ou Sarrazins contribuent à une ethnogénèse rêvée qui conforte l’antiquité ou le particularisme local. Et c’est toujours dans la Montagne bourbonnaise que les folkloristes, reproduisant le schéma de l’isolat montagnard, identifient les communautés paysannes marquées par ces origines orientales plus ou moins antiques : Pions et Chargros.

Par ailleurs, la découverte et la polémique de Glozel – qui coïncident avec l’apogée de la station thermale de Vichy –, ne manquent pas de susciter de la part des érudits et des gestionnaires de la ville d’eaux un intérêt où les appétits touristiques et économiques viennent s’ajouter à la revendication identitaire.

Intervention / Responsable scientifique

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