Notice
MRSH Caen
La violence dans la France rurale d'Ancien Régime
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Descriptif
Cette conférence a été enregistrée dans le cadre du séminaire annuel du pôle Sociétés et espaces ruraux de la MRSH, intitulé en 2011-2012 « Conflits et violences dans les campagnes ».
Benoît Garnot est un historien français né en 1951. Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, il est professeur d'histoire moderne à l'université de Bourgogne depuis 1988.
Il a apporté une dimension renouvelée à l'histoire de la justice et de la criminalité pendant l'Ancien Régime, d'abord en modifiant le regard et la portée des documents judiciaires (révélateurs, d'après lui, non de la criminalité, mais de la seule activité des tribunaux), puis en proposant une interprétation qui substitue à la perspective traditionnelle (une coercition organisée par l'État monarchique au bénéfice des catégories sociales dominantes) une approche fondée sur l'idée d'un compromis permanent entre l'institution judiciaire et les justiciables, ce qu'on peut appeler une « justice négociée ».
Résumé de la conférence
L'étude de la violence dans la France moderne a donné lieu ces dernières années à des travaux importants. Il en ressort l'idée que la violence était située au cœur des relations humaines, sous des formes multiples, et que les ruraux de la France moderne la pratiquaient abondamment. En effet, à lire les archives judiciaires, on est tenté d'imaginer un monde où les relations entre les individus reposent surtout sur des rapports de force, lesquels s'expriment publiquement et violemment. Pourtant, la prudence s'impose devant des documents qui ne rendent compte, le plus souvent, que de l'exceptionnel, de ce qui choque parce qu'il n'est pas habituel. Certes, la violence fait partie des rapports humains, mais elle n'en constitue qu'un stade paroxystique et éphémère, et surtout minoritaire, inséré dans un cadre général le plus souvent pacifique. Elle est même organisée, formalisée, le plus fréquemment dominée, parfois utilisée, et elle s'insère dans une sociabilité particulière, où les rapports humains s'organisent avec une grande cohérence et à la régulation desquels tous participent, chacun à sa place. On est bien loin d'un monde déchiré en permanence par les bagarres et les règlements de comptes, exercés par des individus frustes et impulsifs. En réalité, la violence est l'exception, et ses lieux privilégiés ne la connaissent qu'épisodiquement ; ils restent la plus grande partie du temps le cadre d'une sociabilité pacifique, qu'il s'agisse des cabarets, perçus très majoritairement comme des havres de plaisir et de repos, ou encore des familles, au sein desquelles les solidarités sont plus fréquentes que les conflits, et, a fortiori, des communautés villageoises.
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