Notice
Les ruines de guerre, vecteurs de régénération urbaine post bellica. Les cas de Florence et Cologne.
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
Résumé de la communication : La destruction des villes anciennes et des monuments historiques connait une ampleur sans précédent durant la guerre 1939-45. On entend par « restauration post bellica », l’intervention architecturale sur la ruine produite par la guerre une fois la paix revenue. Pour cette communication, nous centrerons notre propos non sur la restauration des monuments, mais sur le rôle joué par les ruines de ceux-ci dans le processus de régénération des tissus urbains qui les environnent. La destruction entraine en effet la formation de lacunes urbaines plus ou moins vastes, pour lesquelles un processus distinct de la restauration est mis en place. Leur réintégration – pour employer le terme consacré par Cesare Brandi – implique des opérations de remembrement foncier et un curetage des îlots qui modifient, parfois en profondeur la morphologie du tissu ruiné, par élargissement, simplification, éclaircissage, alignement. Il ne s’agit par pour autant de table rase, et notre hypothèse est que les monuments historiques ont dans bien des cas constitué les troncs vivants (ou revivifiés) sur lesquels les bourgeons de la reconstruction allaient pouvoir se greffer.
Pour illustrer notre propos, nous développerons deux cas: Florence et Cologne. Dans le premier cas, nous centrerons le propos sur les lacunes urbaines des bords de l’Arno, proches du Ponte Vecchio. En effet, les quartiers situés le long de l’Arno, ont été dynamité durant la nuit du 3 au 4 août 1944 (opération Feuerzauber). Nous développerons plus particulièrement le rôle des maisons-tours dans la reconstruction des zones de la Via Guiccardini (architecte, Giovanni Michelucci), du Borgo San Jacopo et de la via Por Santa Maria sur base de documents ininédits. Dans le cas de Cologne, ce sont les nombreuses églises romanes détruites qui constitueront le centre de notre attention. Les options de leur restauration, alimentalimentées par les études fouillées réalisées avant-guerre par Paul Clemen et son équipe, font l’objet de débats animés. A l’échelle urbaine, et contrairement à des choix globalement guidés par les critères du modernisme fonctionnaliste, les micro-quartiers proches de ces églises sont traités de manièère spécifique: du prestige du monument découle une attention accrue au contexte urbain à rebâtir. Les nouveaux bâtiments sont dès lors construits sur les traces des anciennes fondations et souvent trèès bien intégrés par leurs matmatériaux et leur échellechelle. L’architecture se nourrit d’une analyse typo-morphologique du bâti existant évoquant la Storia operante de Saverio Muratori.
Les cas de Florence et de Cologne ne sont pas isolés, mais issus d’un corpus plus vaste que nous souhaitons explorer dans un projet de recherche commun. A travers eux se perçoit, par-delà le traumatisme de la perte, les dynamiques urbaines induites par la présence des ruines de guerre. Ce processus est d’autant plus passionnant que ces quartiers reconstruits donneraient à leur tour l’impulsion à de nouvelles politiques de réhabilitation urbaine, à l’échelle européenne, au cours des années 1960 et 1970, en dehors de tout contexte de conflit.
Biographie des auteurs : Nicolas DETRY, Maître de conférences, École nationale supérieure d’architecture -Université de Clermont-Ferrand
et Claudine HOUBART, Professeure, Université libre de Liège (Belgique)
Thème
Dans la même collection
-
Paradoxes des ruines de guerre à Vienne : entre stratégies d’évitement et redirections mémorielles
En Autriche, et plus particulièrement à Vienne, il ne reste aujourd’hui presque aucune trace de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Vienne a connu des destructions de grande ampleur : à la suite du
-
Les ruines de Saint-Floret, témoin du bombardement de représailles
Le 29 juin 1944, des échanges de tirs ont lieu entre les forces allemandes et des maquisards dans le village de Saint-Floret (Puy-de-Dôme).
-
De l’intimité des ruines, Caen 1944-1947
Après un long siège de deux mois et de nombreux bombardements, de juillet 1944, date de la libération de la cité jusqu’en 1947 qui marque la fin du déblaiement de la ville, les Caennais ont dû s
-
Bakhmout, Avdiivka, Marioupol : de l’usage des ruines ukrainiennes
Depuis 2022, la fracassante seconde vague de l’invasion russe de l’Ukraine a multiplié les ruines dans ce pays. Plusieurs agglomérations y font l’objet de combats constants, ce qui augmente
-
Après Gomorrhe, survivre dans les ruines de Hambourg
Après Gomorrhe, survivre dans les ruines de Hambourg.
-
Après 1870-1871, quels traitements pour les ruines de la ville lumière ?
En 1870-1871, en l’espace de dix mois, la ville de Paris subit deux sièges, chacun marqué par des destructions d’importance.
-
Patrimonialiser des ruines disparues. Le site du massacre de Fort Côte-Lorette (Saint-Genis-Laval) …
Ma communication explore, à partir du cas du lieu du massacre de Fort Côte-Lorette (Saint-Genis-Laval), trois dimensions selon différentes temporalités.
-
Srebrenica entre ruines et négationnisme
Srebrenica, en Bosnie, a été le théâtre le plus terrible de la guerre en ex-Yougoslavie. La ville, devenue une enclave protégée par l’ONU est encerclé et attaqué par les troupes de la Republika
-
Grandir au milieu des destructions. Expériences et usages des ruines de la Seconde Guerre mondiale …
Centrée sur la France, l’Allemagne et l’Italie et s’appuyant sur les sources produites par les enfants, ainsi que sur des fonds photographiques et la presse locale, la communication interroge la
Sur le même thème
-
Paradoxes des ruines de guerre à Vienne : entre stratégies d’évitement et redirections mémorielles
En Autriche, et plus particulièrement à Vienne, il ne reste aujourd’hui presque aucune trace de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Vienne a connu des destructions de grande ampleur : à la suite du
-
Les ruines de Saint-Floret, témoin du bombardement de représailles
Le 29 juin 1944, des échanges de tirs ont lieu entre les forces allemandes et des maquisards dans le village de Saint-Floret (Puy-de-Dôme).
-
De l’intimité des ruines, Caen 1944-1947
Après un long siège de deux mois et de nombreux bombardements, de juillet 1944, date de la libération de la cité jusqu’en 1947 qui marque la fin du déblaiement de la ville, les Caennais ont dû s
-
Bakhmout, Avdiivka, Marioupol : de l’usage des ruines ukrainiennes
Depuis 2022, la fracassante seconde vague de l’invasion russe de l’Ukraine a multiplié les ruines dans ce pays. Plusieurs agglomérations y font l’objet de combats constants, ce qui augmente
-
Après Gomorrhe, survivre dans les ruines de Hambourg
Après Gomorrhe, survivre dans les ruines de Hambourg.
-
Après 1870-1871, quels traitements pour les ruines de la ville lumière ?
En 1870-1871, en l’espace de dix mois, la ville de Paris subit deux sièges, chacun marqué par des destructions d’importance.
-
Patrimonialiser des ruines disparues. Le site du massacre de Fort Côte-Lorette (Saint-Genis-Laval) …
Ma communication explore, à partir du cas du lieu du massacre de Fort Côte-Lorette (Saint-Genis-Laval), trois dimensions selon différentes temporalités.
-
Srebrenica entre ruines et négationnisme
Srebrenica, en Bosnie, a été le théâtre le plus terrible de la guerre en ex-Yougoslavie. La ville, devenue une enclave protégée par l’ONU est encerclé et attaqué par les troupes de la Republika
-
Grandir au milieu des destructions. Expériences et usages des ruines de la Seconde Guerre mondiale …
Centrée sur la France, l’Allemagne et l’Italie et s’appuyant sur les sources produites par les enfants, ainsi que sur des fonds photographiques et la presse locale, la communication interroge la