De ”déporté du travail” à ”victime du travail forcé en Allemagne nazie” : histoire d’une controverse autour d’un titre au prisme de l’exemple normand

Résumé : Dès leur retour en France au printemps 1945, les travailleurs requis se réunissent en association pour défendre leurs intérêts et obtenir la reconnaissance d’un statut et d’un titre, celui de de « déporté du travail » comme fondement de leur identité. Cette lutte devient le principal fer de lance de la Fédération nationale des déportés du travail (FNDT) fondée en octobre 1945. L’octroi du titre de « déporté du travail » est rapidement contesté par les associations de déportés concentrationnaires. Une longue bataille s’engage alors entre STO et déportés dans la seconde moitié du XXème siècle. Elle se jouera au Parlement, dans les tribunaux mais aussi devant l’opinion publique et se soldera par la défaite des anciens requis jusqu’à l’attribution en 2008 du titre de « Victime du Travail Forcé en Allemagne nazie ». L’approche micro historique privilégiée ici analyse les formes de la bataille pour le titre et les fondements du discours de légitimation qui l’accompagne.

Biographie de l'auteur : 

Sébastien BEUCHET est professeur agrégé et enseigne au Lycée Mézeray-Gabriel à Argentan. Il est correspondant de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP) pour le département de l’Orne depuis 2013. Il est membre du comité de pilotage du dictionnaire numérique des victimes du nazisme en Normandie https://mrsh.unicaen.fr/dictionnaire-victimes-nazisme-normandie/ . Sébastien BEUCHET a soutenu une thèse d’histoire contemporaine en 2023 sous la direction de François ROUQUET : « Le STO à hauteur d’homme. Des Ornais en Allemagne (1942-1945) ». Il est désormais chercheur associé au laboratoire HisTeMé à l’Université de Caen-Normandie et poursuit ses recherches sur le travail forcé, la construction des mémoires du STO et sur la répression des Français requis en Allemagne.