Rencontre avec Sjoerd Wartena, Vachères-en-Quint (Drôme)
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Descriptif
Originaire des Pays-Bas, Sjoerd Wartena s’est installé dans les années 1970 avec sa famille et un groupe d’amis dans le village de Vachères en Quint qui ne comptait plus que 6 habitants permanents, alors qu’ils étaient 100 en 1850. C’était « la fin d’une civilisation, d’une culture, d’un art de vivre », avec la crise de lavande concurrencée par le lavandin et des lavandes importées. Plus de 120 années d’exode rural avait vidé le territoire de ces paysans qui vivaient en quasi autarcie. C’est en cherchant à « ne pas rompre cette relation avec le passé » que Sjoerd et ses amis sont allés recueillir les savoirs des derniers paysans du village. Cette « vieille génération » leur a appris comment travailler les terres, faucher les prés et faire des meules dans des champs très en pente, comment faire le fromage : « Les gens d’ici apportaient des savoirs faire agricoles et aussi des compétences des débrouilles, de la bricole ».
Progressivement, ils ont diversifié leurs exploitations et ont commencé la culture des plantes aromatiques et médicinales, et crée une coopérative et une société vouée à la transformation et la commercialisation de ces plantes. Ils ont ouvert de nouveaux marchés dans les pays du Nord, en même temps qu’ils ont contribué à la conversion d’un grand nombre d’exploitations vers l’agriculture biologique, faisant du territoire un précurseur de la Biovallée. A partir de ses réflexions sur la succession en agriculture, Sjoerd a été un des fondateurs du mouvement « Terre de Liens », qui collecte de l’épargne citoyenne pour acheter des terres et faciliter l’installation de jeunes paysans en agriculture biologique. La commune a ainsi accueilli de nouveaux agriculteurs et compte aujourd’hui près de 40 habitants, dont plusieurs engagés dans 6 entreprises de l’économie sociale et solidaire.
A sa retraite, Sjoerd a découvert l’existence de terrasses abandonnées enfouies sous la broussaille. Il a trouvé des murs et a commencé à les découvrir et à dégager les chemins d’accès. Il a trouvé une source et un bassin de rouissage du chanvre, et recommencé à y cultiver des légumes, des pois chiches et des pommes de terre ou y planter de la lavande et du thym. Cette capsule montre comment les terrasses véhiculent des savoir être et savoirs faire porteurs de sens pour l’avenir. « Une telle infrastructure n'a été possible que grâce à un travail en commun, qu'il ne faut certes pas imaginer trop idylliquement. Le soir, assis sur l'une de ces terrasses, je vois le troupeau actuel de moutons errer sur les pentes des collines et je suis de retour chez ces survivants diligents. Ces moutons donnent plus de lait et le fromage de brebis se trouve sur chaque table locale. Cela s'appelle s'adapter aux temps modernes sans jeter la richesse de la tradition dans la poubelle de l'histoire. La dernière lumière et le silence rendent le paysage intemporel ».
Mots-clés : exode rural, néos ruraux, agriculture traditionnelle, transmission de savoirs, économie sociale et solidaire.
Thème
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