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Langue :
Français
Crédits
CREA Université Rennes2 (Réalisation), Vigdis Finnbogadóttir (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/bh7v-h244
Citer cette ressource :
Vigdis Finnbogadóttir. Université Rennes 2 - CREA. (2002, 26 mars). VIGDIS 1 - Histoire et mémoire. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/bh7v-h244. (Consultée le 12 juin 2024)

VIGDIS 1 - Histoire et mémoire

Réalisation : 26 mars 2002 - Mise en ligne : 9 octobre 2007
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Descriptif

Vers 1880, pas moins de cinq mille marins français étaient les hôtes saisonniers des Fjords de l'est et des fjords de l'ouest où ils venaient s'approvisionner en eau et autres nécessités. Partout ou les marins français sont allés, il existe des traces de leur passage, notamment des tombes à l'est, au sud et à l'ouest. De longues et étonnantes histoires survivent encore dans la mémoire des gens d'ici.

Je n'ai jamais entendu une parole déplacée dans une bouche islandaise à l'égard de ces hommes. Ils surprenaient parfois les Islandais lorsqu'ils se précipitaient vers les montagnes pour cueillir les pissenlits ou le serpolet. Comme les animaux du désert, ces hommes savaient d'instinct où trouver les plantes nécessaires pour compenser le manque de vitamines responsable du scorbut. Ils étaient souvent joyeux et aimaient faire plaisir, alors que soumis aux faibles lueurs boréales, ils avaient pendant des semaines et des mois enduré le mouvement incertain des vagues sous leurs pieds. Tout le monde s'accorde à dire qu'ils étaient particulièrement gentils envers les enfants et qu'ils se sont souvent détournés de leur chemin pour pouvoir leur offrir le "pompôlabraud" (biscuit de Paimpol) qu'ils sortaient encore tiède de sous leur gilet. Des hommes qui ont goûté plus tard des mets délicieux, reconnaissent n'avoir jamais rien mangé de si doux.

Il est acquis que ceux qui revenaient d'année en année tissaient des liens de profonde amitié avec la population. De nombreux Islandais apprenaient un français un peu approximatif en vue de cet échange. Dans les Fjords, on se préparait à la venue des Français en essayant de répondre à leurs besoins. On tricotait des "vorali", gants islandais à deux pouces, et on conservait une partie des vivres. Les gens se réjouissaient lorsqu'ils apercevaient, à la date prévue, plusieurs goélettes ensemble, faisant leur entrée dans le Ford. À Nordfjordur, on m'a relaté l'histoire de ce capitaine qui était venu si souvent qu'il savait se débrouiller en islandais. Il gardait, dans ses cales, tout un ras de bonnes choses pour pouvoir donner une fête à bord, dès l'ancre posée au fond du ford. Les Islandais n'ont jamais connu d'autres mots que "koniak" et "sùkkula" pour désigner le cognac et le chocolat.

Du côté des "Islandais" de Bretagne, les témoignages se recoupent. Ils louent la vaiillance et la solidarité de tous les instants des autochtones, même si parfois certains les qualifient de distants, mais il est dans la nature des Islandais de rester réservés lorsqu'ils ne connaissent pas la langue de l'autre pays. Ce qui est sur, c'est que les vieux pécheurs français se souviennent tous de la beauté des Filles d'ici, de leur correction et de leur modestie.

Voir l'ensemble des programmes liés :

  1. Histoire et mémoire
  2. Pierre Loti et Pêcheur d'Islande
  3. Entre terre et mer
  4. La rencontre
Intervention

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