Notice
Rois et reines dans le dramma per musica italien, des origines à l’orée du XVIIIe siècle
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
Un simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d’autre part, couvrant un champ partant de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’à la Renaissance chevaleresque, de la Guerre de Troie à la Jérusalem délivrée. La place occupée par le type du roi ou de la reine, du prince ou de la princesse, qu’il soit légendaire comme Thésée ou réel comme Cléopâtre, est si importante qu’elle marque d’une signature forte les spectacles baroques et classiques en Europe. Qu’il soit tragique en France ou seria en Italie, l’opéra des XVIIe et XVIIIe siècles semble répéter à l’envi un panel délimité de personnages, d’une intrigue à l’autre, sans le moindre signe de lassitude. Jules César, Alexandre le Grand, Titus et Néron, tout comme Agrippine, Poppée ou Cléopâtre, réapparaissent au fil des ouvrages et des décennies, dans cette exaltation si baroque du modèle perpétuel, vecteur d’une dynamique de création jouant sur les nuances du même-différent. Le voisinage entre divinités et princes de ce monde, parfois au sein d’un même spectacle, soulève plusieurs interrogations sur le statut du personnage du monarque, représentant humain et terrestre d’une déité, serviteur ou rebelle à son ombre tutélaire. Souvent placé en situation de jugement à la Salomon, le monarque peut autant mettre en valeur les vertus de clémence éclairée (Titus) que les piétiner pour son seul plaisir (Néron).
L’allégorie joue ici un rôle plus important que la leçon d’histoire, un exercice de toute manière difficile à réaliser quand le panel des sources englobe de l’imaginaire (Homère, Le Tasse…) et des biographies incertaines (Suétone, Hérodote…). Soeur de l’illusion symbolique, l’approche allégorique du monarque autorise la souplesse par rapport aux faits authentiques et libère les perspectives fictionnelles et les potentiels imaginaires, riches en qualités esthétique et dramaturgique. L’allégorie garantit la beauté du spectacle, comme elle illumine déjà par ailleurs l’art pictural. Cette sorte de liberté historique accordée à la création artistique permet aussi de placer en sous-jacence des discours critiques ou laudateurs sur le pouvoir du monarque, dont l’actualité persiste aisément au fil des époques. Moins grave car plus divertissant, ce principe dramatique allégorique fait également de ces rois et reines, des personnages supports d’intrigues amoureuses : opérations de charme et de séduction, éventuellement nécessaires dans le jeu des luttes d’influence au sein du pouvoir, épreuves morales mettant au défi la force de la fidélité amoureuse… Cléopâtre ou Alceste, la première reine de deniers, la seconde reine de coupes, Jules César, roi de carreau ou Alexandre le Grand, roi de trèfle, personnages réels ou fictifs, ils font partie de la longue cohorte des figures de monarques montés sur scène, cohorte qui sera abordée sous l’angle de la diversité des nations (France, Italie, Angleterre) par les chercheurs réunis à l’occasion de cette journée d’étude.
Journée d’étude organisée par l’Institut IRPALL de l’Université de Toulouse Jean Jaurès (Responsabilité scientifique, Michel Lehmann) et l’Opéra national du Capitole de Toulouse (Direction artistique, Christophe Ghristi).
Dans la même collection
-
Dédoublement de la représentation et représentation du dédoublement : les vertiges de l’illusion da…
CervantesXavierUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
La Cléopâtre de Shakespeare, simple « morceau refroidi / Dans l’écuelle du défunt César » ?
Boyer-LafontAgnèsUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
Mythe et pouvoir dans le spectacle de cour au Grand Siècle
MahéYannUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
Du « lieutenant de Dieu en terre » au souverain « dans son particulier » : la représentation du mon…
LabruneCarolineUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
Sur le même thème
-
La Cléopâtre de Shakespeare, simple « morceau refroidi / Dans l’écuelle du défunt César » ?
Boyer-LafontAgnèsUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
Mythe et pouvoir dans le spectacle de cour au Grand Siècle
MahéYannUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
Du « lieutenant de Dieu en terre » au souverain « dans son particulier » : la représentation du mon…
LabruneCarolineUn simple survol du répertoire des personnages tirés des tragédies et des opéras baroques révèle la présence de divinités et de héros mythologiques d’une part, et de grandes figures historiques d
-
La musique du « Va pensiero » : pastiche biblique, imaginaire patriotique, apax de choeur d’opéra
LehmannMichelLe thème de la 40e journée d’étude renoue avec l’un de ses classiques, celui des héritages. Nabucco offre ainsi l’occasion de se pencher spécifiquement sur les héritages bibliques. La période
-
Nul n’est prophète en son pays : Rossini, du Mosè napolitain (1818) au Moïse parisien (1827)
AstorDorianLe thème de la 40e journée d’étude renoue avec l’un de ses classiques, celui des héritages. Nabucco offre ainsi l’occasion de se pencher spécifiquement sur les héritages bibliques. La période
-
La Bible dans la peinture italienne du XIXe siècle
NardoneJean-LucLe thème de la 40e journée d’étude renoue avec l’un de ses classiques, celui des héritages. Nabucco offre ainsi l’occasion de se pencher spécifiquement sur les héritages bibliques. La période
-
Nabucco et la Bible : entre source d’inspiration et écarts
CourtrayRégisLe thème de la 40e journée d’étude renoue avec l’un de ses classiques, celui des héritages. Nabucco offre ainsi l’occasion de se pencher spécifiquement sur les héritages bibliques. La période
-
Le Nabucco de Verdi, actualisation miraculeuse de clichés bibliques
GaudardFrançois-CharlesLe thème de la 40e journée d’étude renoue avec l’un de ses classiques, celui des héritages. Nabucco offre ainsi l’occasion de se pencher spécifiquement sur les héritages bibliques. La période
-
« Si seulement il m’aimait » : contrariétés et âmes torturées dans les opéras de Verdi
LehmannMichelDe tous les thèmes qui inspirent la création de fictions, l’amour occupe probablement le premier rang. S’il est impossible de le mesurer avec exactitude, cette prédominance est le fruit d’une
-
Défenses d’aimer. Les obstacles à l’amour dans le drame wagnérien
ImperialiChristopheDe tous les thèmes qui inspirent la création de fictions, l’amour occupe probablement le premier rang. S’il est impossible de le mesurer avec exactitude, cette prédominance est le fruit d’une
-
Le malheur de s’appeler Eugène. Du roman en vers de Pouchkine (1833) à l’opéra de Tchaïkovski (1879…
ZidaričWalterDe tous les thèmes qui inspirent la création de fictions, l’amour occupe probablement le premier rang. S’il est impossible de le mesurer avec exactitude, cette prédominance est le fruit d’une
-
Des Souffrances du jeune Werther (1774) aux souffrances de Charlotte dans l’opéra Werther (1892) : …
MalkaniFabriceDe tous les thèmes qui inspirent la création de fictions, l’amour occupe probablement le premier rang. S’il est impossible de le mesurer avec exactitude, cette prédominance est le fruit d’une