Conférence
Notice
Langue :
Français
Conditions d'utilisation
(c) CNRS 2016
DOI : 10.60527/dh37-a557
Citer cette ressource :
CNRS – Service audiovisuel d'ARDIS (UAR2259). (2016, 30 avril). Joël Hascoët (docteur en ethnologie et en sciences religieuses, Université de Bretagne Ouest – FORel) "Troménies et tours de reliques, de la Bretagne à la Belgique" , in Colloque "Ostensions limousines, dévotions aux reliques et fait religieux". [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/dh37-a557. (Consultée le 19 mai 2024)

Joël Hascoët (docteur en ethnologie et en sciences religieuses, Université de Bretagne Ouest – FORel) "Troménies et tours de reliques, de la Bretagne à la Belgique"

Réalisation : 30 avril 2016 - Mise en ligne : 13 juillet 2016
  • document 1 document 2 document 3
  • niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif

Ostensions limousines, dévotions aux reliques et fait religieux(Moyen-Age – Epoque contemporaine)

Colloque internationalLE DORAT Salle du cinéma / Vendredi 29 et Samedi 30 avril 2016

CONTACT : lesrdvdelachapelle@laposte.net 

"Troménies et tours de reliques, de la Bretagne à la Belgique"

Joël Hascoët (docteur en ethnologie et en sciences religieuses, Université de Bretagne Ouest– FORel)

Si le pèlerinage se différencie de la procession par son éloignement, lescircumambulations (processions circulaires) religieuses, troménies, tour de reliques, tour deville, se caractérisent généralement par le port des reliques du saint patron autour dusanctuaire. Ces rituels existent dans le monde entier – de l’Irlande à l’Inde et au Moyen-Orient, de l’Asie à l’Afrique – et sont attestés et décrits depuis l’Antiquité védique et gréco-romaine jusqu’à nos jours. Nous limiterons cependant notre zone d’investigations aux rituelscontemporains dans une zone géographique des troménies bretonnes aux tours de ville belges.

La séquence « légende + rituel + territoire » a été notre hypothèse de travail pourappréhender les troménies bretonnes, nous permettant d’en comparer le fonctionnement auxautres processions giratoires françaises et belges.

En Bretagne, les vita médiévales des saints fondateurs sont généralement notre plusancienne source sur l’histoire et le folklore entourant la Vie du saint et parfois sur le rituel lui-même. Landeleau et Locronan offrent des légendes de fondation complexes révélantd’anciennes structures légendaires et cultuelles. La troménie de Gouesnou présente un desrécits de fondation les plus complets, cependant elle s’est développée différemment des autrestroménies tant dans l’évolution du tracé géographique du parcours que dans la modernisationde la liturgie. La troménie de Plouzané s’est éteinte il y a plus de trente ans suite àl’urbanisation alors que, dans des conditions similaires, celle de Gouesnou s’est étoffée etadaptée. Locquénolé et Plabennec ont relancé leur troménie suite à une période d’arrêt deplusieurs années, mais la société rurale porteuse de la tradition orale et des aspects coutumiersayant disparu, il faut plutôt évoquer une recréation du rituel plus qu’un redémarrage. Latroménie y est devenue le lien plus symbolique que vivant de la mémoire rituelle de lacommunauté.

À l’inverse, les processions giratoires observées en Belgique restent très vivantes, tant démographiquement que par la mise en scène théâtrale de la Vie du saint fondateur. Elles prennent la forme d’une importante procession, rassemblant plusieurs milliers de personnes, tout autour de la cité, quittant parfois les rues pour les parcelles cultivées, les cavalierspouvant également y participer. Ces tours de ville se concluent généralement par une« procession historique », regroupant de nombreux groupes costumés présentant l’histoire dela cité, la Vie du saint patron, ainsi que les institutions locales. Les tours belges peuventprendre l’apparence, dans la région de l’Entre-Sambre et Meuse, de marches militairesfolkloriques qui seraient, selon la tradition locale, une évolution des cortèges armésmédiévaux protégeant la châsse-reliquaire. L’usage immodéré de la poudre noire, pour tirerdes salves ou décharges, en l’honneur du saint patron, associé à la consommation non moinsexcessive de chopes de bière et d’alcool de grains, crée plus d’accidents au sein desmarcheurs qu’auprès d’éventuels agresseurs extérieurs qu’ils sont censés repousser. Malgrécette profusion de folklore autour du rituel religieux, les tours belges se révèlent pour certainsdes aspects comparables à ceux observés en Bretagne, témoignant de logiques anciennescomme à Nivelles et à Soignies pour la protection de terres franches, ou pour une géométriespatiale complexe comme on peut l’observer à Nivelles et à Renaix.

Le territoire français, pour ce que nous avons pu en appréhender dans sa partie Nord,reste plus pauvre en grandes processions giratoires coutumières ; nous avons étudié trois cas,le tour de la Châsse de Larchant, aujourd’hui disparu, la procession de Neuf Lieues deMagnac-Laval dans le Limousin et la marche priante de Saint-Ernier à Ceaucé, dernièreréduction d’un ancien tour de près de quarante kilomètres. La procession de Neuf Lieues,malgré un parcours de près de cinquante kilomètres, attire chaque lundi de Pentecôte plusieurscentaines de pèlerins, dévots romains et occasionnels ; cette procession rurale à la géométrieen limaçon de Pascal, rassemble les différentes catégories sociales de la paroisse, suivant lerythme du chant grégorien de l’office monastique de la Pentecôte pour les uns, ou à la simpleinvocation « Sancte Maximine, Ora pro nobis » criée pour les autres.

Au-delà des aspects formels observés, ces rituels multiséculaires portent unehistoire locale et globale. La communauté pérambule, sous la direction d’un prêtre, autour duterritoire du sanctuaire religieux de la cité, hier comme aujourd’hui, selon les lois du canonreligieux et du Code civil. La perception territoriale communautaire doit être mise en regarddes idéologies et des récits liés à l’occupation et à la possession territoriale qui parcourentl’humanité dans son processus de sédentarisation. Ainsi, l’ancrage identitaire est souventillustré par des mythologies mettant en scène la migration du fondateur suivi de l’autochtonie de ses successeurs ; le récit étiologique légitime la communauté dans son espace, lui forgeantson identité. Les légendes de fondation, ou plutôt d’acquisition territoriale au profit d’un saintsur un seigneur local, mettent en scène la ruse et la force supérieure du héros, légitimant parlà les forces divines dont il se revendique. Au-delà du processus de territorialisation, le rituelprocessionnaire s’inscrit également dans une logique calendaire, se concentrant sur la périodeAscension-Pentecôte voire à d’autres dates de la saison claire, cependant le plus souventextérieures à la fête du saint. 

Partenaires scientifiques :

Laboratoire d’Etudes sur les Monothéismes (LEM-CNRS)

Centre de Recherches Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art etMusicologie (CRIHAM, UNIVERSITE DE LIMOGES)

Institut Supérieur d’Etudes des Religions et de la Laïcité (ISERL, UNIVERSITEDE LYON)

Partenaires financiers

LEM, CRIHAM, ISERLAssociation « Les rendez-vous de la chapelle »Conseil régional ALPC

Organisation : association « Les rendez-vous de la chapelle » 

Dans la même collection

Sur le même thème