Entretien
Notice
Lieu de réalisation
Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Bd Raspail, 75006 Paris, France
Langue :
Français
Crédits
Camille BONNEMAZOU (Réalisation), Nabil EL JABBAR (Réalisation), Elisabeth de PABLO (Réalisation), FMSH-ESCoM (Production), Jocelyne Dakhlia (Intervention)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés.
DOI : 10.60527/zdrv-te60
Citer cette ressource :
Jocelyne Dakhlia. FMSH. (2009, 26 juin). Lingua franca, une langue méditerranéenne , in DAKHLIA Jocelyne. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/zdrv-te60. (Consultée le 19 mai 2024)

Lingua franca, une langue méditerranéenne

Réalisation : 26 juin 2009 - Mise en ligne : 21 février 2011
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Descriptif

Dans cet entretien, Jocelyne DAKHLIA nous parle de ses recherches sur la langue franque, ou la lingua franca, un sujet historique qu’elle a considérablement participé à réhabiliter et à faire connaître. La langue franque, telle qu’elle la définit, renvoie dans l’histoire de la Méditerranée à un mixte de langues ou à un pidgin qui, entre le XVIe et le XIXe siècle, a servi de vecteur de communication entre musulmans et chrétiens, mais aussi entre chrétiens. Sur les domaines d’usage de cette langue franque et l’asymétrie caractérisant sa composition linguistique, l’historienne nous donne d’importantes indications qui témoignent toutes d'une complexité des rapports irréductible à toute approche simpliste ou manichéenne. Jocelyne DAKHLIA regrette que cette langue franque, qui figurait encore au début du XIXe siècle une réalité assez familière dans le pourtour méditerranéen, soit complètement occultée de nos jours. Cette occultation, explique-t-elle, est due, dans le cas du Maghreb, aux rapports suspicieux ayant existé entre cette langue métisse et les violentes politiques d’acculturation coloniales. Cet état de fait a poussé les Etats maghrébins postcoloniaux à suivre une politique de purification linguistique, qui, à son tour, a engendré un puissant processus de réduction identitaire et un appauvrissement des représentations de la langue. Partant de cette analyse, elle appelle à la nécessité de rappeler la richesse des pratiques linguistiques antérieures, faites de mélanges et de métissages, pour mieux combattre les crispations diglossiques actuelles qui, au Maghreb, conduisent à des discours sur la langue fortement conditionnés par les fantasmes de pureté et d’identité. L'intervenante conclut ses propos en affirmant qu’il serait assez légitime dans le contexte actuel, marqué par le retour des discours identitaires restrictifs, de réécrire l’histoire méditerranéenne sous le signe englobant du contact et de la fusion des cultures. La langue franque constitue, de ce fait, une précieuse leçon d’histoire pour impulser une dynamique nouvelle aux rapports euromaghrébins.

Jocelyne DAKHLIA est historienne, directrice d’études au Centre de Recherches Historiques à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris, France. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages dont le plus récent est Lingua franca, Histoire d’une langue métisse en méditerranée, Paris, Actes Sud, 2008.

Intervention

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