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- Date de réalisation : 6 Juin 2019
- Durée du programme : 42 min
- Classification Dewey : Mise en scène et aspects spécifiques du ballet et de la danse moderne
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- Catégorie : Conférences
- Niveau : Tous publics / hors niveau, niveau Licence (LMD), niveau Master (LMD)
- Disciplines : Arts du spectacle (cinéma/audiovisuel, théâtre, danse...)
- Collections : Collection Recherche & Opéra
- ficheLom : Voir la fiche LOM
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- Auteur(s) : GARCIN-MARROU Flore
- producteur : Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
- Réalisateur(s) : MICHAUD Nathalie
- Editeur : SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
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- Langue : Français
- Mots-clés : danse (19e-20e siècles), Vaslav Fomitch Nijinski (1889-1950), Ballets russes, art antique (influence), décors d'opéra
- Conditions d’utilisation / Copyright : Tous droits réservés à l'Université Jean-Jaurès - campus Mirail et aux auteurs.

Chorégraphier avec et selon Nijinski, entre Antiquité et (hyper)-modernité. Perspectives théâtrales et dramaturgiques d’après "Le Spectre de la rose", "Petrouchka" et "L’Après-midi d’un faune" / Flore Garcin-Marrou
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Chorégraphier avec et selon Nijinski, entre Antiquité et (hyper)-modernité. Perspectives théâtrales et dramaturgiques d’après "Le Spectre de la rose", "Petrouchka" et "L’Après-midi d’un faune" / Flore Garcin-Marrou
Chorégraphier avec et selon Nijinski, entre Antiquité et (hyper)-modernité. Perspectives théâtrales et dramaturgiques d’après Le Spectre de la rose, Petrouchka et L’Après-midi d’un faune / Flore Garcin-Marrou, in "Autour de Nijinski clown de Dieu", journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordination
de Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 6 juin 2019.
La place de l’Antiquité dans la vitalité créatrice de l’art occidental
se présente comme une référence, dépassant la fonction de simple modèle à
imiter et provoquant un mouvement de retour, retour non pas du présent vers le
passé, mais du présent vers l’Idéal. Ce mouvement porte l’édifice culturel et
autorise le développement, l’émancipation et la divergence artistiques.
Considérer du point de vue de la chronologie
La Favola d’Orfeo de Monteverdi comme le premier opéra de l’Histoire est
discutable, mais il est pertinent du point de vue de la relation que la
création artistique entretient avec l’Antiquité. Présenté comme un spectacle
inspiré de la tragédie antique (pour ne pas dire une imitation), cet opéra est
un immense mouvement circulaire lancé du 17e siècle vers l’Antiquité
pour revenir au temps présent. Son inscription dans la modernité de son temps
ne tient pas d’un dialogue entre passé et présent, encore moins d’une nostalgie
d’un monde perdu. Cette présence de l’Antiquité est en quelque sorte
intemporelle, permanente, presque génétique. L’ère baroque en était tellement
imprégnée qu’il n’y avait rien de surprenant à ce que les Romantiques tentent
de s’en détourner. Stendhal en particulier s’était évertué à redéfinir la
qualité de « Modernes » sans l’appui de la relation que l’ère baroque
entretenait avec l’Antiquité. Pourtant cette dernière n’a jamais réellement
disparu de la scène romantique (Norma,
Nabucco, Les Troyens, Aida…).
Du côté de l’Allemagne, théoriciens et philosophes dans la
lignée de Kant et de Schlegel redéfinissent un idéal de la civilisation de la
Grèce Antique qui permet de la rendre une nouvelle fois très attractive. Avec La Naissance de la tragédie à partir de
l’esprit de la musique (1872), Nietzsche ouvre de nouvelles perspectives
pour penser la modernité à partir de l’Antiquité. Ce célèbre essai annonce
clairement les forces multiples qui seront en jeu dans la création scénique au
tournant du 20e siècle. Le discours philosophique et esthétique
autour du couple Apollon-Dionysos que l’on peut schématiser par le balancement
entre perfection académique et invention subversive secoue le monde de la
création musicale et chorégraphique. La grande aventure des Ballets Russes avec
les fortes personnalités de Diaghilev, Nijinski, Fokine et Bakst, est marquée
par l’influence d’une Antiquité qui offre un imaginaire de récits (Daphnis
et Chloé, L’après-midi d’un Faune…) et propose un idéal qui ne
contraint en rien l’audace créatrice. L’Antiquité appropriée par les Ballets Russes
est tout le contraire d’un refuge. En tant qu’idéal, elle n’a pas été
reconfigurée en modèle de vertus comme ce fut le cas à l’époque baroque. Le
parrainage d’Apollon et de Dionysos semble bien plus à l’œuvre au sein de
l’effervescence créatrice de cette troupe de chorégraphes, danseurs,
compositeurs et décorateurs. Et pourtant, d’autres mouvements artistiques
contemporains privilégient la valeur refuge de l’Antiquité à partir d’une
posture plus réactionnaire comme en Italie.
Le retour vers l’Antiquité au début du 20e siècle ne réussit
pas à être fédérateur, si tel fut seulement son but… Il ne rassemble pas la
communauté des artistes au sein d’une rhétorique et d’une esthétique acceptées
par tous comme à l’ère baroque. Il se dresse plus comme un miroir où chaque
visage se réfléchit dans un mouvement de projection singulier, comme si chacun
redessinait « son » Antiquité. Elle se met ainsi au service tantôt de
l’innovation, du conservatisme, de l’authenticité archéologique, de la
fantaisie, de la psychanalyse, de l’idéal artistique ou philosophique…
A l’occasion de la 24e journée d’étude en partenariat avec
le Théâtre du Capitole, l’Institut IRPALL réunit des spécialistes de
l’Antiquité, de l’Histoire des spectacles et de la Philosophie pour mieux
cerner les influences de l’Antiquité sur la scène lyrique et chorégraphique du
20e siècle naissant, promettant déjà tant de bouleversements.
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