Conférence
Notice
Langue :
Français
Crédits
Université du Maine (Le Mans - Laval) (Production), Frédéric LABRE (Réalisation), Sylvain Olivier (Intervention), Eric Fabre (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/pdk1-hx14
Citer cette ressource :
Sylvain Olivier, Eric Fabre. PRN. (2013, 5 juin). Une revalorisation du rôle des acteurs modestes de l'agronomie à travers deux exemples de la France méridionale : le genêt et le ver à soie (XVIIIe–XIXe siècles) , in Histoire des sciences "par en bas" (2013). [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/pdk1-hx14. (Consultée le 19 mars 2024)

Une revalorisation du rôle des acteurs modestes de l'agronomie à travers deux exemples de la France méridionale : le genêt et le ver à soie (XVIIIe–XIXe siècles)

Réalisation : 5 juin 2013 - Mise en ligne : 9 avril 2014
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Descriptif

De nos jours, la science agronomique émane des chercheurs et est relayée vers les producteurs par des conseillers agricoles sous la forme d'un savoir technique spécialisé.

Ce triomphe des élites, entraînant la circulation de l'information scientifique de haut en bas, semble généralisé depuis le siècle des Lumières, époque à laquelle cette dissymétrie du savoir a été accentuée par la création des académies et sociétés savantes. 

Pourtant certaines situations historiques indiquent aussi une diffusion du progrès de bas en haut, les savants ayant bien plus joué le rôle de diffuseurs de l'information acquise par des praticiens de l'agriculture que de découvreurs, leur parole bénéficiant de la caisse de résonance que leur donne leur position haute dans la hiérarchie des savoirs.

 Nous proposons d'aborder de manière croisée deux de ces cas dans lesquels le rôle des hommes du terrain n'a pas été perçu pour ce qu'il a été. 

Le premier est celui de la diffusion de la culture du genêt comme plante textile dans le Midi de la France. À en croire la littérature agronomique, l'utilisation de la fibre de genêt serait connue en Lodévois et en Italie depuis très longtemps mais dans des zones très localisées, avant que sa notoriété ne se diffuse à la fin du XVIIIe puis au XIXe siècle. L'innovation n'est pas ici dans la technique artisanale mais dans sa diffusion spatiale, qui semble à première vue devoir beaucoup à la littérature savante, en particulier au célèbre Auguste Broussonnet. Si ce dernier n'a rien inventé mais simplement diffusé un savoir-faire, il s'avère même en réalité que les paysans ne l'ont pas attendu pour que cette pratique se répande. 

La seconde situation analysée est celle de la lutte contre une ensemble de maladies dégénératives des vers à soie qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, réduisent à presque rien la production méridionale, dans un contexte de forte tension économique, la vigne étant elle-même victime de maladies. La tradition accorde un rôle primordial à Pasteur dans cette remédiation alors que l'appui de quelques producteurs éclairés a été fondamental dans la résolution de la question. 

Or, la confrontation de la réalité livrée par les textes des élites avec de nombreux indices glanés dans les archives issues d'en bas, du monde paysan, révèle que si elle ne peut être niée, l'impulsion donnée par les savants doit être relativisée. Partir des sources « par en bas » et adopter une méthode critique afin de les confronter aux textes « savants » révèle que la diffusion des assolements incluant le genêt et de l'artisanat de cette plante, tout comme la diffusion des remèdes contre la transmission des maladies du ver à soie et les techniques de sélection d'animaux sains n'interviennent qu'après des initiatives locales des acteurs quotidiens de ces pratiques. 

Dans les deux cas les acteurs locaux de l'agriculture et de la sériciculture ont eu leurs propres initiatives. Ce sont les meilleurs pratiques locales qui sont diffusées par la voix du savant, et non l'invention du savant qui est appliquée localement : le savant parle de haut, depuis sa position de savant, et il parle haut par les réseaux dont il dispose et l'écoute dont il bénéficie, en oubliant trop souvent de dire ce qui émane du bas.

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