Notice
Le temple antique de Saint-Jean de Todon (Laudun L'Ardoise, Gard)
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
Une fouille programmée, menée de 2002 à 2012 sur l’église et le cimetière du prieuré rural clunisien de Saint-Jean de Todon (IXe s. à la fin du XIIIe s.), a découvert sous l’occupation médiévale, des vestiges d’un édifice cultuel antique presque totalement spolié. L’ensemble est situé sur l’éperon nord d’un plateau calcaire occupé par l’agglomération d’époque protohistorique et romaine connue sous le nom de « Camp de César ».
L’un des objectifs de la fouille était, dès l’origine du projet, de rechercher les liens possibles de l’édifice médiéval avec l’occupation antérieure. Aussi progressivement, la fouille a-t-elle tenté de mettre en évidence des restes de constructions qui précédaient le prieuré.
Ainsi à 8 m au sud de l’église, l’existence d’un petit édifice a été révélée par la présence de larges tranchées qui entament le rocher sur une surface rectangulaire de 53 m2. Le creusement dessine deux rectangles de largeurs inégales et de même longueur, unis par un long côté. L’ensemble orienté, avec la partie la plus étroite vers l’est, mesure 5,89 m sur 8,93 m. Ce plan renvoie à une forme connue dans le monde gréco-romain pour la fondation de temple sur podium. Sur l’emprise du bâtiment, la fouille a livré de nombreux déchets de taille dans le comblement des tranchées de fondation. Le remplissage des tranchées de récupération recèle lui des petits fragments de blocs taillés en calcaire gréseux, et notamment deux fragments moulurés. Les fragments de dalles de toiture en grès jaune sont aussi très abondants et encore en cours d’étude. En dehors de ce secteur, dès le début de la fouille des tas de pierres qui enserraient l’église et recouvraient son cimetière mais aussi lors de l’étude de l’architecture des murs et des tombes, un membre de l’équipe ayant participé, dans les années 1990, à l’étude du secteur « forum-basilique » situé à 380 m plus au sud, a identifié de multiples éléments en réemploi pouvant se rapporter à un édifice public. Il s’agissait de nombreux fragments de tuiles sciées en grès jaune, de grandes dalles semblables à celles mises au jour sur le forum et aussi de moellons à parement convexe bien dressé. Ces derniers ont dû être utilisés pour édifier des colonnes en maçonnerie d’un diamètre de 0,30 m, trois moellons pouvant suffire pour chaque assise d’une d’épaisseur variable.
L’ensemble des observations permet de restituer à Laudun, par comparaison avec d’autres édifices, un petit sanctuaire sur podium de type distyle in antis ou tétrastyle avec un escalier en façade indépendant des fondations.
Dans les tas qui résultent de l’effondrement des murs et des déblais des fouilles du XIXe s. de l’intérieur de l’église, deux fragments de statue en grès jaune ont été recueillis. Le premier assez grand est un haut-relief très altéré par l’érosion : une tête et des épaules se distinguent. Le second, en deux morceaux non jointifs, est une tête en ronde-bosse d’un sujet portant un capuchon. La pupille et le conduit auditif de l’oreille sont marqués par un trou de trépan et le départ du cou par un possible torque. Ces deux éléments peuvent se rattacher au sanctuaire antique ou à son environnement cultuel immédiat.
La datation du temple repose sur la présence des dalles de toiture en pierre sciée et des moellons en calcaire gréseux qui sont caractéristiques de l’époque tardo-républicaine. Une date obtenue par le radiocarbone sur un dépôt particulier, comprenant des restes humains, installé dans la tranchée de récupération orientale, montre que cette partie est entièrement spoliée avant le IIIe- IVe s. de notre ère.
À cette même période, à l’emplacement d’un angle du temple, une grande tombe isolée en coffrage d’un sujet adulte (statut privilégié ?) est mise en place à quelques mètres du dépôt précédent. Elle exerce une attraction funéraire notable puisqu’elle est entourée peu de temps après par quatre sépultures de très jeunes sujets immatures, alors qu’aucune autre tombe contemporaine n’est présente.
Le prieuré de Saint-Jean de Todon est démembré à partir du XIVe s. mais le vocable reste dans la toponymie assez longtemps avant d’être remplacé au XIXe s. par celui de Rousigues. Au XVIIIe s., un cippe antique inscrit, se trouvant dans l’église prieurale en ruine, était l’objet d’une pratique féminine de piété populaire à but curatif pour les enfants malades mais aussi pour guérir l’infertilité.
Communicants
- Y. Ardagna (AMU)
- A. Barbe (VIA)
- D. Blanchard (VIA)
- Th. Canillos (Mosaïques)
- Th. Chazel (VIA)
- V. Forest (INRAP)
- D. Lallemand (VIA)
- Y. Manniez (INRAP)
- E. Pélaquier (UPV)
- R. Pellé (INRAP)
- H. Petitot (INRAP)
- M. Seguin (MCC)
- L. Vidal (INRAP)
Comité d'organisation
- Sandrine Agusta-Boularot (UPVM et ASM)
- Maryline Bovagne (Inrap Midi Méditerranée)
- Stéphanie Raux (Inrap Midi Méditerranée)
- Grégory Vacassy (Inrap)
- Ghislain Vincent (Inrap)
Réalisation - Lambert Capron
Thème
Dans la même collection
-
Préambule méthodologique à l’étude des mobiliers cultuels en usage dans les sanctuaires et premiers…
En dépit du nombre limité de sites de sanctuaires ayant livré des artefacts supports de croyance finement exploitables, la communication s’attachera, après une définition stricte du cadre et des
-
Posters
Posters Les figurines en terre cuite en Narbonnaise centrale durant le Haut-Empire – actualisation des données (P) Marilyne Bovagne (Inrap, ASM), Stéphanie Raux (Inrap, ASM) Le sanctuaire de
-
Stips et sanctuaires dans les Alpes du Sud.
Mons seleucus/La Bâtie-Montsaléon est une cité antique fouillée dès 1799 par les deux premiers préfets des Hautes-Alpes, Bonnaire puis Ladoucette. Elle recèle encore bien des surprises archéologiques,
-
Colloque international : Lieux de culte en Gaule du Sud et dans les provinces limitrophes (IIe s. a…
Mot de bienvenue de Dominique Garcia, président de l’Inrap, de Frédéric Servajean, directeur du LabEx Archimede et de Réjane Roure, directrice d’ASM-UMR5140. Comité d'organisation
-
Regards sur les cultes et les rituels en dehors de la sphère domestique dans le Midi de la France …
Le but de cette communication est de présenter un rapide panorama de ce qui peut entrer dans la sphère du cultuel et du rituel en Gaule méditerranéenne, en dehors de la sphère domestique, dans les
-
Les inscriptions de l'esclave Niger au sanctuaire aux Mères d'Allan : réexamen d'un dossier excepti…
Fouillé en 1880, le sanctuaire de domaine d'Allan a livré une collection d'inscriptions à bien des égards, unique, en même temps qu'un enregistrement du contexte de découverte, remarquable pour l
-
Évolutions et transformations architecturales du temple central du lieu de culte ouest de la ville …
Située en Gaule Belgique, à proximité de la frontière occidentale avec la Lyonnaise, Briga (Eu, « Bois-l’Abbé », 76) offre un cas d’étude privilégié pour percevoir l’évolution d’un lieu de culte d’une
-
Le sanctuaire de la colline de l’Yeuse à Murviel-lès-Montpellier (34).
Le sanctuaire de la Colline de l’Yeuse est situé sur la commune de Murviel-lès-Montpellier, en périphérie de l’agglomération antique du Castellas, identifiée comme le chef-lieu des Samnagenses. Cette
-
Que deviennent les monnaies offertes aux divinités en Gaule romaine ?
La communication propose une évolution des pratiques d’offrande monétaire tout au long de la période romaine en Gaule. Cette évolution chronologique ne s’observe pas forcément dans tous les lieux de
-
Différents témoignages de cultes domestiques et pratiques cultuelles à Nîmes durant le Haut-Empire.
En 2006-2007, la fouille préventive du Parking Jean Jaurès à Nîmes, conduite par l’Inrap, a mis au jour tout un quartier de la cité antique. Située au sud du sanctuaire de la Fontaine et de la Tour
-
L’aire de l’ex Hôtel Couronne : structures et rituels d’un lieu de culte à Augusta Praetoria (Aosta…
La fondation en 25 av. J.-C. de la colonie d’Augusta Praetoria, implantée au croisement des voies qui, franchissant les cols Alpis Graia et Alpis Poenina, mènent aux provinces Transalpines, s’intègre
-
La mise en place des panthéons civiques au lendemain des conquêtes dans les Trois Gaules.
La mission qui m’a été confiée s’est révélée particulièrement ardue à remplir. Les faiblesses de la documentation épigraphique, l’ampleur de la zone concernée, le caractère épars et souvent disparate
Sur le même thème
-
Les États et l’islam radical face au culte des saints au XXe et XXIe siècle : tolérer, réguler ou é…
ZarconeThierryHistorien et Anthropologue, Thierry Zarcone est Directeur de recherches au CNRS, rattaché au GSRL (Groupe Sociétés Religions Laïcité) et chargé de cours à l’Institut d’études politiques d’Aix en
-
Colloque international : Lieux de culte en Gaule du Sud et dans les provinces limitrophes (IIe s. a…
Mot de bienvenue de Dominique Garcia, président de l’Inrap, de Frédéric Servajean, directeur du LabEx Archimede et de Réjane Roure, directrice d’ASM-UMR5140. Comité d'organisation
-
Stips et sanctuaires dans les Alpes du Sud.
Mons seleucus/La Bâtie-Montsaléon est une cité antique fouillée dès 1799 par les deux premiers préfets des Hautes-Alpes, Bonnaire puis Ladoucette. Elle recèle encore bien des surprises archéologiques,
-
Différents témoignages de cultes domestiques et pratiques cultuelles à Nîmes durant le Haut-Empire.
En 2006-2007, la fouille préventive du Parking Jean Jaurès à Nîmes, conduite par l’Inrap, a mis au jour tout un quartier de la cité antique. Située au sud du sanctuaire de la Fontaine et de la Tour
-
De la Transalpine à la Cisalpine : étude comparée des dépôts monétaires en contextes cultuels (IIe …
La monnaie apparaît dans le sud de la Gaule au VIe s. av. n. è., avec les productions de la colonie de Marseille, puis celles d'Emporion. Les monnayages de ces deux cités se diffusent à l'ensemble de
-
Colloque international : Lieux de culte en Gaule du Sud et dans les provinces limitrophes (IIe s. a…
Conclusions et clôture du colloque. Comité d'organisation Sandrine Agusta-Boularot (UPVM et ASM) Maryline Bovagne (Inrap Midi Méditerranée) Stéphanie Raux (Inrap Midi
-
Le sanctuaire des Terrasses de Montfo à Magalas (Hérault).
Le site archéologique identifié en 2012 était inédit avant qu’un diagnostic motivé par un projet de lotissement n’en révèle l’existence, au pied d’une agglomération perchée, l’oppidum éponyme de
-
Posters
Posters Les figurines en terre cuite en Narbonnaise centrale durant le Haut-Empire – actualisation des données (P) Marilyne Bovagne (Inrap, ASM), Stéphanie Raux (Inrap, ASM) Le sanctuaire de
-
« Aedes Cereris in praediis » : temples et pratiques rituelles dans les villae de Gaule Lyonnaise.
Les instructions que Pline le Jeune donne à l’architecte Mustius, au sujet de la reconstruction et de l’embellissement du temple de Cérès qu’il a fait bâtir sur l’un de ses domaines ruraux (Lettres IX
-
Regards sur les cultes et les rituels en dehors de la sphère domestique dans le Midi de la France …
Le but de cette communication est de présenter un rapide panorama de ce qui peut entrer dans la sphère du cultuel et du rituel en Gaule méditerranéenne, en dehors de la sphère domestique, dans les
-
Permanences et innovations dans les pratiques rituelles du pays de Martigues (IIe s. av. J.-C. - II…
De la Côte Bleue à l’embouchure du Rhône, la région de Martigues est le siège de nombreux sites protohistoriques et antiques dont les fouilles ont révélé à la fois l’importance et la diversité. Après
-
Urbanisation, gestes et dépôts rituels aux premiers temps d’Vcetia : le site de l’ancienne gendarme…
Une fouille préventive menée de 2016 à 2017 par l’Inrap, environ 300 mètres au nord du centre- ville d’Uzès, a mis au jour sur 4000 m2 tout un pan de quartiers intra-muros de la ville antique, du Ier