Saison 2 (2022-2023) - Guerres

L’humanité s’est construite sur les ruines des multiples guerres qui l’ont détruite autant que façonnée, et que les penseurs, écrivains et philosophes n’ont eu de cesse de mettre en mots à travers les âges. Mais qu’entend-on exactement par ce terme ? Derrière ce vocable, se cache en effet une diversité de modalités, d’actions, et de réalités qu’il est urgent de penser à l’aune des lettres, sciences humaines et sociales, à une époque où la guerre semble être un concept si répandu qu’il menace de se muer en cliché, malgré une actualité tragique prompte à nous rappeler son sens premier, celui de lutte armée. On pense ainsi aux guerres d’influence, aux guerres cybernétiques, aux guerres économiques, à celle de l’information, ou encore, à celles des images et des mots. Signe d’un risque de banalisation du concept même de guerre et de la violence qui lui est afférente, dès lors qu’un rapport conflictuel entre deux entités se fait jour, sans même qu’une lutte armée n’advienne, ce rapport se retrouve très vite décrit en termes guerriers.

La deuxième saison des podcasts de la MSH de Clermont-Ferrand se propose de redéfinir ces guerres, de leur redonner sens, et de les mettre en perspective sur une longue durée. L’art de la guerre peut, selon Sun Tzu (Ve siècle avant J.-C.), s’étendre à de nombreux domaines de l’activité humaine. Il est, pour Machiavel, le principal objet du politique qui doit se penser en chef militaire s’il veut conserver son pouvoir. Et, de fait, les guerres qui ont de tout temps ravagé nos sociétés ont eu pour toile de fond des manoeuvres tactiques, stratégiques et organisationnelles. Elles ont ainsi laissé des traces au sens propre comme au figuré : aux blessures du corps s’adjoignent celles de l’âme, sans compter celles des paysages, longtemps négligées. Les guerres du XXème siècle ont par exemple profondément impacté certains paysages européens. Plusieurs décennies après les conflits, les polémopaysages sont devenus des objets d’études pour les géographes, les historiens, les archéologues : la (re)découverte de ces stigmates abondants, palimpsestes paysagers et véritables instantanés de guerre, permettent à des chercheurs issus de disciplines diverses de questionner tant les conflits eux-mêmes que les enjeux patrimoniaux et environnementaux de ces héritages. Dans le domaine des arts ou de la littérature, les guerres fascinent autant qu’elles effraient, donnent lieu à des représentations tantôt tragiques, tantôt burlesques, et sont inséparables des premières manifestations même de la littérature, l’épopée ou la chanson de geste.

Aujourd’hui, les guerres, ainsi que toutes les nouvelles formes de conflictualités qu’elles impliquent, sont racontées, enseignées, analysées pour que leur mémoire perdure et que des leçons soient tirées. Elles font aussi l’objet d’un traitement juridique : alors même que circule encore l’idée tenace selon laquelle la guerre demeure une science des ténèbres, sans règle ni principe, elle a pourtant ses lois et ses usages qui, lorsqu’ils sont violés, conduisent à des crimes de guerre susceptibles d’être jugés.

La MSH de Clermont-Ferrand se propose de revenir sur toutes les facettes des guerres que nous avons traversées et qui continuent, plus que jamais, à jalonner nos vies. Il s’agira plus largement, dans cette nouvelle saison des podcasts, de comprendre et d’analyser les multiples représentations de la guerre au prisme de la sociologie, de la psychologie, de la géographie, du droit, des sciences de gestion, des sciences de l’éducation, de l’économie, de l’histoire, de la littérature, de la linguistique, ou de la philosophie. Comment la guerre a-t-elle façonné notre histoire et notre patrimoine artistique et culturel au sens large ? De quoi parle-t-on lorsque que l’on parle de la guerre aujourd’hui ? Et surtout, sommes-nous encore capables d’apprendre du passé pour gérer les conflits présents et anticiper les luttes à venir ?

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