Séminaire MSH 2024-2026 : La musique dans la cité

Description

Pour la période 2024-2026, la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand propose  un séminaire interdisciplinaire consacré à « La musique dans la cité ». En effet, qu’elle soit apollinienne, caractérisée par des harmonies qui peuvent disposer l’âme au bien, ou dionysiaque et potentiellement vectrice de chaos et de destruction, la musique est selon Platon dans La République régie par des lois qui influent sur celles de la cité. « Il est à redouter que le passage à un nouveau genre musical ne mette tout en danger. Jamais en effet on ne porte atteinte aux formes de la musique sans ébranler les plus grandes lois de la cité », fait-il ainsi dire à Socrate au livre IV, soulignant la dimension politique qui peut s’attacher à un art qui par son immatérialité est pourtant, peut-être plus que tout autre, associé à une forme d’idéal détaché de toute contingence. Après Platon, des philosophes comme Nietzsche ou Adorno ont réfléchi aux liens qui existent entre la musique et la cité, et plus généralement sociologues ou psychanalystes se sont intéressés à la manière dont la musique peut se révéler un « champ de conflits institutionnels, idéologiques et politiques souvent violents », comme l’expliquent Jean-Marie Brohm et Laetitia Petit.

L’inscription de la musique dans la cité au sens littéral du terme mène aussi à des réflexions qui peuvent être fécondes, qu’elle soit abordée comme lien social œuvrant au renforcement de la cohésion communautaire (on pensera par exemple à la Fête de la musique et autres événements musicaux en plein air) ou à la création d’une identité musicale urbaine (on parle de jazz Nouvelle-Orléans ou d’école de Canterbury), comme lieu de la cristallisation d’une diversité culturelle en présence dans la cité (citons, par exemple, le grime et le dubstep issus du mélange des cultures africaines, européennes et caribéennes à Londres) ou de l’expression des minorités (les musiques urbaines s’en sont fait la quintessence). Par ailleurs, elle représente une source significative de revenus et de création d’emplois dans les villes en lien à la fois avec l’industrie musicale (salles de concert, studios d’enregistrement, festivals...), et le secteur touristique (des villes comme Nashville, connue comme « Music City », ou encore Barcelone avec son festival Primavera Sound, en sont des exemples emblématiques).

L’objectif de ce séminaire résolument pluridisciplinaire est d’explorer ces liens complexes qui se tissent entre la musique et la cité. Sur le plan social, le type de musique écoutée, d’instruments pratiqués, peut en dire beaucoup sur l’appartenance à un groupe particulier et se révéler constitutif, au moins en partie, de son identité ; politiquement, la musique peut se faire expression d’une idéologie, soit au service du pouvoir en place en incarnant par exemple des idéaux collectifs (on pense au rôle joué par les hymnes nationaux), soit au contraire porteuse de contestations radicales comme celles articulées par le mouvement punk. Ces liens méritent d’être examinés dans bien d’autres domaines, philosophique bien sûr, mais aussi juridique (que disent les lois sur le droit d’auteur du rapport qu’une société entretient avec ses productions musicales ?), médical (on pense à l’emploi thérapeutique de la musique), littéraire, historique, psychanalytique… la liste est loin d’être exhaustive.

Sous la responsabilité scientifique de Benjamin Lassauzet (CHEC) et d’Anne Rouhette (CELIS), ce séminaire entend rassembler aussi bien des universitaires que des acteurs de la société civile impliqués dans le domaine musical. Il débouchera en 2026 sur un colloque international sur le même thème qui se déroulera à la MSH de Clermont.

Conférence

Intervenants