Session 9 : Des changements de politiques ? Impacts sur les peuples autochtones

Modération : Bruno Baronnet
Leslie Cloud : Quel horizon pluraliste au Chili ? Défis et enjeux de la future constitution chilienne
En 1989, juste après la dictature militaire d’A. Pinochet, l’Accord de Nueva Imperial souscrit entre
P. Aylwin, candidat de la Concertation à la présidence, et les peuples autochtones du Chili, symbolisait
l’engagement du gouvernement de la transition d‘instaurer une nouvelle relation avec les peuples
autochtones. L’accord prévoyait l’adoption d’une loi reconnaissant leurs droits, leur inscription
constitutionnelle ainsi que l’adoption de la C. 169 de l’OIT. Depuis, si la loi dite « indigène » a été
adoptée en 1993 et si la C. 169 de l’OIT a fini par être ratifiée en 2009, les projets de reconnaissance
constitutionnelle des peuples autochtones et de leurs droits soumis au Congrès n’ont jamais abouti,
faisant du Chili une exception dans le paysage constitutionnel à horizon pluraliste d’Amérique centrale
et du sud. Dans ce contexte, le processus mis en place à la suite du plébiscite du 25 octobre 2020 est
historique tant sur la forme que sur le fond. Le modèle d’assemblée constituante choisi est une
convention citoyenne avec parité de genre, intégrée par 17 constituants autochtones et présidée à ses
commencements par une universitaire mapuche, Mme Elisa Loncon. A l’issue de la rédaction du
projet de constitution, avant la fin de l’année 2022, le peuple chilien se prononcera de nouveau par
plébiscite sur sa volonté d’adopter le nouveau texte. Après un retour sur les enjeux de ce processus
historique et les modalités de participation des peuples autochtones dans la rédaction du projet de
constitution, nous présenterons les débats et les avancées des travaux de la convention constituante
notamment ceux liées au caractère plurinational, interculturel et plurilingue de l’Etat chilien ainsi qu’à
la reconnaissance des droits des peuples autochtones et de la nature.
Emmanuelle Ricaud : « Nos enfants ? Vendus à l’État […] ils reviendront dans des boîtes de
thon » : Rumeur et infrapolitique face à l’alimentation scolaire publique en Amazonie
péruvienne, l’exemple des Maijuna
Au Pérou, un programme national d'alimentation scolaire appelé Qaliwarma (« enfant vigoureux » en
quechua) fournit de la nourriture dans les écoles publiques du pays depuis 2012. En Amazonie, les
aliments distribués sont produits de manière industrielle et sont issus essentiellement des régions
côtière et andine. Face à la réception de conserves de poisson, les parents maijuna, en particulier les
mères, alimentent des rumeurs selon lesquelles leurs enfants seraient vendus à l’État, seront un jour
enlevés et reviendront dans des boîtes de thon. À partir de l’analyse de cette rumeur, nous réfléchirons
à l’infrapolitique des mères dans ce mode d’expression face à l’alimentation scolaire publique sur
laquelle elles ont peu de prise.
Susan Onyango : Géothermie sur le Rift
La géothermie, une ressource naturelle souterraine, peut être utilisée pour fournir de l'eau et de
l'énergie. Le développement de cette ressource s'est principalement effectué le long de la vallée du
Rift en Afrique de l'Est, notamment au Kenya, en Éthiopie et à Djibouti.
Malgré le fait que la ressource peut être exploitée grâce à des forages peu coûteux qui peuvent aussi
répondre aux besoins socio-économiques des populations locales, le développement géothermique
consiste jusqu'à présent à mettre en oeuvre des projets industriels coûteux à grande échelle, qui
impliquent des forages profonds et entrainent parfois le déplacement des populations locales vivant
autour de ces sites. Or, une bonne partie de la ressource géothermique se trouve sur les terres
ancestrales des peuples autochtones ; habitant des terres arides et désertiques, ils sont aussi plus
vulnérables à plusieurs égards et très impactés par les effets du changement climatique.
Ma présentation est un résumé de ma recherche sur les possibilités de projets géothermiques
communautaires qui répondent aux besoins des populations locales dans une perspective de genre.
Elle concerne principalement les Ilchamus, les Pokot, les Massaï et les Luo du Kenya, ainsi que les
Afar d'Éthiopie.