La notion de contrat ludique

Cette communication a été enregistrée lors du colloque Violence et jeux de l'Antiquité à nos jours organisé par Typhaine Haziza (Université de Caen / HisTeMé ; EA 7455), et Véronique Dasen (Université de Fribourg / AnHiMA, UMR 8210 / ERC AdG Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity, 741520) en association avec le Musée archéologique de Vieux-la-Romaine.

Les recherches de Thierry Wendling se déploient essentiellement dans deux directions : d’une part l’anthropologie du jeu et l’ethnographie des pratiques ludiques, d’autre part l’histoire et l’épistémologie de l’ethnologie. Il observe ainsi aussi bien les tournois d’échecs que les concours de gros mangeurs et a ouvert différents terrains (les matchs au loto en Suisse, la borlette en Haïti, les courses de traîneaux en Alaska). Parallèlement, il s’interroge sur ce qu’est un rituel, un auteur "classique", la monnaie… Thierry Wendling  a notamment enseigné l’anthropologie à l’Université Paris-Ouest Nanterre, à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et à l’Université de Lausanne. Il anime depuis plusieurs années le séminaire d’ «anthropologie du jeu» à l’EHESS qui portait, en 2015-2016, sur les courses animales. Il participe également, toujours à l’EHESS, au séminaire « L’anthropologie au miroir de ses controverses ».

Résumé

Pour les joueurs, prendre part à un jeu de pions, de ballon ou de mains implique d'inscrire leurs actions dans un système de règles. Ces règles sont —selon les cas— strictement respectées, exploitées dans certaines de leurs failles ou encore font l'objet de tricheries éhontées. Il n'en reste pas moins qu'un jeu à règles suppose que les joueurs s'engagent en amont dans un « contrat ludique » : les joueurs acceptent le principe qu'il y aura des règles à suivre, un objectif à atteindre et un enjeu final. Ces trois éléments peuvent donner lieu à contestations ou négociations, jusque et y compris lors de la partie elle-même, mais le principe du contrat (souvent tacite) constitue le socle qui rend possible le jeu. Il existe cependant à côté des jeux à contrat ludique d'autres jeux que je qualifie d'«impairs» car ils mobilisent contre leur gré des participants involontaires. L'analyse considérera plusieurs situations ludiques concrètes, avec ou sans contrat ludique, en lien avec la question de la violence.