Entretien
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Langue :
Allemand
Crédits
Jean JIMENEZ (Réalisation), Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Université Toulouse II-Le Mirail (Production), L'Université Numérique des Humanités (Production), Roberto Di Bella (Intervention), Jeffrey M Peck (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/bf3q-cx38
Citer cette ressource :
Roberto Di Bella, Jeffrey M Peck. UT2J. (2007, 15 janvier). Être juif dans l’Allemagne d’aujourd’hui, interview avec Jeffrey Peck , in Allemand. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/bf3q-cx38. (Consultée le 30 mai 2024)

Être juif dans l’Allemagne d’aujourd’hui, interview avec Jeffrey Peck

Réalisation : 15 janvier 2007 - Mise en ligne : 5 novembre 2007
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Descriptif

Jeffrey Peck est professeur de communication, culture et technologie à la Georgetown-University à Washington/DC et actuellement professeur invité à la Humboldt-Universität de Berlin. Monsieur Peck est juif et il a écrit sur la vie juive en Allemagne après 1989. Being jewish in the new Germany, tel est le titre du livre. Sorti aux États-Unis en 2006, il est le résultat d'une longue recherche et propose des thèses tout à fait provocantes.

Intervention
Thème
Documentation

Introduction
Roberto Di Bella : J'ai aujourd'hui le plaisir de vous présenter le professeur Jeffrey Peck. Jeffrey Peck est professeur de communication, culture et technologie à la Georgetown-University à Washington/DC et actuellement professeur invité à la Humboldt-Universität de Berlin. Monsieur Peck est juif et il a écrit sur la vie juive en Allemagne après 1989. Being jewish in the new Germany, tel est le titre du livre. Sorti aux Etats-Unis en 2006, il est le résultat d'une longue recherche et propose des thèses tout à fait provocantes.
Il existe donc à nouveau une culture juive en Allemagne, une culture qui est actuellement particulièrement vivante et dynamique. Mais la culture juive et l'identité juive se trouvent confrontées aussi à des défis particuliers. Pas seulement en Allemagne, mais en général dans un monde de plus en plus globalisé. C’est à ce sujet et à propos de ses expériences personnelles en Allemagne et avec des Allemands que je souhaiterais parler (m’entretenir) avec lui.

Berlin – ancien et nouveau centre de la vie juive en Allemagne
Roberto Di Bella: Vous vivez actuellement à Berlin et connaissez donc très bien la ville. Berlin a été par le passé le centre de vie juive en Allemagne, voire en Europe, et il l’est redevenu. Le souvenir de la Shoah et les signes d'une nouvelle vie juive coexistent un peu partout dans la ville. Comment vivez-vous ce contraste au quotidien ?
Jeffrey Peck: Berlin est une ville qui est naturellement pleine de tels souvenirs. On voit cela partout. On voit aussi les caractéristiques du passé, du fait de certains monuments ou d'autres éléments qui doivent rappeler le passé allemand. Mais d'autre part Berlin est très intéressante, parce qu'on y trouve naturellement aussi les caractéristiques d'une nouvelle vie juive, par exemple la synagogue dans la Oranienburger Straße avec sa grande coupole dorée. C'est naturellement un emblème de Berlin par excellence. C’est dans cette mesure que l’on trouve désormais les deux aspects à Berlin : à la fois une sensibilité pour le passé et sa mémoire (la mémoire du passé), mais également une reconnaissance de ce qui se passe aujourd'hui au niveau de la vie juive en Allemagne.
RDB : Comment la population juive en Allemagne s'est-elle développée après la Seconde Guerre mondiale?
JP : C'est une histoire intéressante, parce qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale il y avait naturellement peu de Juifs en Allemagne et les Juifs qui arrivèrent ensuite en Allemagne, étaient ceux qui avaient été libérés des différents camps de concentration en Europe de l'Est et qui étaient assez orthodoxes. Cela a marqué très longtemps les communautés juives après la Seconde Guerre mondiale. Cela a changé un peu au cours des années qui suivirent quand par ex. dans les années 1970 il y eut des personnes arrivant d’Union soviétique. Mais le grand tournant a été 1989/90, lorsque la nouvelle émigration en provenance de l’ex-Union soviétique a commencé.
RDB : Votre livre porte le titre Being jewish in the new Germany, c'est à dire l’Allemagne après la chute du Mur, après la réunification. Quelle est donc la spécificité de cette situation ?
JP : La spécificité c’est, comme je viens de le mentionner, le fait qu’il y avait plus de 200.000 personnes (un grand nombre de Juifs alors, comme on dit, même si en réalité ce ne sont pas tous des Juifs) qui arrivaient de l’ex-Union soviétique en Allemagne et cela a bien entendu complètement modifié le paysage et le profil des communautés juives. D’un côté, ce fut très positif, parce que d’une certaine manière cela a sauvé l’avenir des Juifs en Allemagne, mais cela a créé d'autre part beaucoup de problèmes.

Le défi de la nouvelle migration juive en Allemagne après 1989
RDB : Vous l’avez déjà mentionné: beaucoup des nouveaux membres des communautés juives viennent de Russie ou également de l’Ukraine. Comment s'insèrent-ils dans les structures communautaires traditionnelles ?
JP : C'est l’un des problèmes majeurs. D'abord on doit dire que beaucoup parmi les nouveaux arrivés en Allemagne ne sont pas de « vrais » Juifs, selon la loi juive officielle. C'est comme en Israël. C’est-à-dire qu’ils n'ont pas de mère juive, mais peut-être un père juif. En Union soviétique cela avait été reconnu, mais pas en Allemagne. Ils arrivent ainsi en Allemagne et ne peuvent pas devenir membres de la communauté. Ils se retrouvent alors ainsi un peu assis entre deux chaises, pour ainsi dire. Mais je pense que cela dépend des cas, beaucoup d’entre eux se débrouillent bien dans la communauté, mais d’autres ne se sentent pas les bienvenus. D’autres encore veulent en savoir plus sur leurs origines et traditions juives, d’autres vivent plutôt avec leur identité russe. C’est alors un panorama assez mixte.
RDB : Est-ce que pour ces nouveaux venus l’Allemagne représente alors l’espérance d’une nouvelle patrie ou bien est-ce qu’elle est seulement une escale sur le chemin vers d'autres pays ?
JP : Là aussi, la situation se présente de façon différenciée. Certains sont venus en Allemagne, parce qu'ils avaient l’intention de continuer vers le Canada et les États-Unis et qu’ils sont restés ici malgré tout. Mais je ne crois pas que l’Allemagne soit une nouvelle patrie pour beaucoup d’entre eux. Cela serait un terme trop fort, je crois. Probablement qu’ils vivent volontiers en Allemagne et s’y sentent bien. Ils ont naturellement beaucoup d'avantages puisqu’on leur offre la protection sociale et d'autres choses encore, mais ils ne diraient probablement pas que c'est leur patrie.
RDB : La notion allemande de "patrie" ("Heimat") est très complexe. Ces personnes peuvent-elles trouver une patrie en Allemagne ?
JP : C'est une très bonne question et je crois qu’elle concerne les Juifs en Allemagne en général, et aussi ceux qui vivent déjà depuis plus longtemps ici. La notion allemande de "Heimat" est beaucoup chargée d’histoire et de sentiments et elle a aussi des connotations désagréables. En général, on trouve effectivement rarement une nouvelle patrie, plutôt un nouveau chez-soi. Pour les Allemands la notion de "Heimat" est beaucoup associée à l’enfance et aux souvenirs que l’on en a. Je pense qu’elle est également très liée à un lieu, celui peut-être où l’on est né, où l’on a grandi. C’est peut-être aussi une conception romantique, attachée à la forêt et la nature. Je pense alors qu’elle est bien plus qu’un lieu neutre. Le concept est beaucoup lié à des émotions et des associations d’appartenance.
RDB : Les personnes nouvellement arrivées en Allemagne en tant que Juifs n'ont-elles pas aussi peur ? Pour certaines d’entre elles cela doit être étrange, eu égard à l’histoire de leur famille par exemple ou à leur propre biographie, de venir s’installer au pays de "l'ancien ennemi ‘'. Quel genre de sentiments cela provoque-t-il ?
JP : Je pense que c’est plutôt un problème pour ceux qui ne vivent pas en Allemagne, car beaucoup des nouveaux arrivés en provenance de l’ancienne Union soviétique n’ont pas ce rapport à la Shoah, comme nous l’avons à l’Ouest peut-être. Certains ont leur propre compte à régler avec Staline, d’autres n’en savent pas beaucoup au sujet de la Shoah. Bien sûr, au moment où ils arrivent en Allemagne, ils en prennent connaissance ou en savent déjà quelque chose. Mais je ne crois pas qu'ils sont influencés par ces faits de la même façon que d'autres Juifs en Europe occidentale ou aux Etats-Unis.

« Juifs allemands » ou « juifs en Allemagne » ?
RDB : Selon l’une des affirmations les plus importantes de votre livre, il ne s’agit plus de dire et d’expliquer d’abord pourquoi l’on vit en Allemagne en tant que Juif, mais comment. Pourquoi cette thèse est-elle une provocation pour beaucoup de Juifs qui vivent à l’étranger ?
JP : Il en était ainsi il y a déjà dix-quinze ans, comme je l’ai plutôt remarqué aux États-Unis. Il est impossible de croire que des Juifs vivraient en Allemagne. On m’a même demandé : « Pourquoi vivez-vous en Allemagne? Comment pouvez-vous apprendre l'allemand ? ». Mais je crois que cette attitude est lentement en train de changer. Je remarque, aux discussions sur mon livre que les gens, des Juifs aussi, sont devenus plus ouverts quant à la possibilité que des Juifs vivent désormais à nouveau en Allemagne. Bien qu'il y ait toujours des personnes qui ne peuvent l’accepter. Je l’ai une nouvelle fois vécu récemment à l’occasion de mon dernier séjour en Israël. Par conséquent, c’est la question du "comment ?" que j’ai ciblée d’abord dans mon livre. Les Juifs vivent en Allemagne et il faut bien voir qu’ils s'y intègrent.
RDB: Les Juifs allemands se considèrent-ils alors aujourd'hui en premier lieu plutôt comme des Juifs ou des Allemands ?
JP: Je pense qu’il faut d'abord problématiser cette catégorie de « Juifs allemands ». Déjà depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale il n'y avait plus de Juifs allemands, mais seulement des Juifs en Allemagne. Cela est lié au fait que les Juifs allemands, qui étaient si intégrés dans la société allemande d’avant-guerre, ont ensuite été persécutés et assassinés. On utilise alors plutôt le terme de « Juifs en Allemagne » car les « Juifs allemands » sont ceux qui viennent de cette longue tradition et qui désormais ne représentent plus qu’une très petite minorité. La grande question pour l'avenir sera de savoir si ces Juifs qui viennent de l’ancienne Union soviétique, arriveront à développer au cours de quelques générations une nouvelle identité qui pourrait alors éventuellement être de nouveau qualifiée de judéité allemande. Cette identité serait de toute autre nature et en aucun cas comparable à la tradition d’avant-guerre.
RDB : Pourriez-vous décrire cette tradition en quelques mots ?
JP : En 1933 il y avait environ 530.000 Juifs en Allemagne. La plupart d’entre eux étaient très bien intégrés, très séculiers et se considéraient comme des Allemands. Quand Hitler est venu au pouvoir, ce fut très difficile pour eux de croire qu’allait se produire ce qui s’est effectivement produit. Et c’est pourquoi beaucoup ne voulurent pas quitter le pays. Ils faisaient partie d’une tradition qui était très liée à l'histoire et à la tradition allemande, une tradition de nature très culturelle, très séculière. Probablement que ces Juifs-là se sont davantage considérés comme des Allemands que comme des
Juifs et ils ont fortement marqué la vie culturelle, surtout dans les grands centres, comme par exemple Berlin. Et dans une certaine mesure ce n’est plus le cas en Allemagne. Il y a un grand intérêt pour cette tradition. Mais la judéité qui existe maintenant en Allemagne, est autre et prendra d’autres voies.
RDB: En 1995 déjà vous avez, avec un collègue, l’anthropologue John Bornemann, tourné un documentaire ainsi que publié un livre à la suite, au sujet des Juifs qui, après la Seconde Guerre mondiale sont rentrés d’exil pour retourner en Allemagne de l'Est, l'ex-RDA. Comment était la situation pour des Juifs en RDA?
JP : Il est important pour moi que dans mon livre je traite aussi la situation des Juifs en RDA. Jusqu’à la réunification, il n’en restait que mille peut-être environ, organisés eux aussi en communautés. A cause de la politique officielle de la RDA vis-à-vis d’Israël, la situation était très compliquée, mais il y avait des Juifs en RDA. Il s’agissait de ceux qui étaient revenus après la Seconde Guerre mondiale, revenus principalement parce qu'ils étaient communistes. Et ils sont rentrés de leur exil en Union soviétique, aux États-Unis ou en Angleterre, parce que leur réflexion était la suivante : nous pouvons construire une nouvelle Allemagne et nous pouvons en faire partie. Ils étaient contre l'Allemagne fasciste et ils voulaient fonder quelque chose de nouveau. Ils sont revenus avec vraiment beaucoup d'idéalisme et peut-être aussi des idées utopiques et ont travaillé dur pour réaliser cette nouvelle Allemagne. Mais pourtant, pour beaucoup d’entre eux cela n’a pas marché. John Bornemann et moi, nous avons essayé de démontrer cela, avec les différentes réactions et identités qu’avaient ces Juifs en ex-RDA. Cela aussi c’est un chapitre important de l'histoire.

Relations Israël-Allemagne et entre les minorités juives et musulmanes en Allemagne
RDB : Qu’elle est l’importance d’Israël pour les Juifs vivant en Allemagne ?
JP : Je crois que pour tous les Juifs dans le monde Israël revêt une grande importance. Cela dépend naturellement des motifs, s’ils sont religieux, politiques ou idéologiques. Mais pour la majorité des Juifs c’est important qu’Israël soit là. C’est une autre question de savoir si l’on souhaite partir en Israël, si l’on voudrait vivre en Israël. Il y aussi des Juifs qui regardent d'un œil critique la politique en Israël. Mais Israël reste un point de référence important pour les Juifs. C'est aussi le cas pour les Juifs allemands. Il n'y a peut-être qu’un point de différence : c’est qu'il y a des gens en Israël qui ne comprennent pas pourquoi, en somme, il y a une communauté juive en Allemagne.
D'autre part, il faut dire qu’officiellement, les relations entre Israël et l'Allemagne ont un statut particulier au moins depuis les années soixante. L’Allemagne se veut aux côtés d’Israël. Peu importe le chancelier allemand au pouvoir, il y a toujours un soutien très fort pour Israël. Et l’on sait
aussi en Israël, je crois pouvoir le dire, que l'Allemagne est le meilleur ami d’Israël en Europe. À cet égard, beaucoup des Juifs russes qui arrivent maintenant en Allemagne s'identifient fortement avec Israël. Quelques-uns parmi eux ont peut-être aussi de la famille en Israël. Pour eux, cela ne pose aucun problème, je pense.
RDB : Plusieurs millions de musulmans vivent également en Allemagne. Comment voyez-vous les relations de cette minorité vis-à-vis de la minorité juive en Allemagne?
JP : C'est un point important et j’ai dans mon livre, je crois, examiné pour la première fois les relations entre Turcs et Juifs d’Allemagne. Je vois la situation peut-être plutôt d’un point de vue américain, parce que là-bas on a déjà l’habitude de voir que les minorités se solidarisent entre elles. Mais je pense qu’il est important de ne pas croire que l’on puisse les comparer ainsi, parce que l’histoire relative à chacune de ces minorités est très différente. L’histoire de leur arrivée en Allemagne. Mais je pense que ce qui est particulièrement intéressant de nos jours, c’est le fait qu’il existe en Allemagne des associations turques non religieuses, qui maintenant essaient de plus en plus d’établir des contacts avec les organisations juives. Elles observent ce que font les Juifs en Allemagne, parce qu'elles voient comment ceux-ci ont réussi à obtenir des aides publiques par ex. Les organisations judéo-américaines elles aussi essaient également d’établir des contacts entre Juifs et Musulmans. Mais je pense que pour la plupart des Juifs en Allemagne c’est comme pour la plupart des non-Juifs en Allemagne : ils ont peu de contact avec des Turcs, avec des Musulmans. Mais je crois que de la même façon qu'en France, le problème en Allemagne et la grande question pour l'avenir sont les suivants : comment les Musulmans sont-ils intégrés dans la société européenne ?
RDB : Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont-ils modifié ces relations ?
JP : Je crois que ce qui s'est passé le 11 septembre, d'une manière ou d'une autre, a tout modifié. En ce qui concerne l’Allemagne je mentionnerais plutôt qu'après l'affaire des caricatures (de Mahomet) en provenance du Danemark, affaire qui en Europe et d’autres régions du monde a suscité beaucoup de violence, rien ne s'est passé en Allemagne. Et je crois que cela montre que la minorité turque en Allemagne maintient une toute autre relation vis-à-vis de son identité aussi bien que vis-à-vis de la population allemande et que cela n’est peut-être le cas dans d'autres pays. Cela ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas y avoir de problèmes à l'avenir, mais je pense toutefois que le fait que les musulmans allemands soient principalement d’origine turque, n’est pas négligeable.

Quel public ciblé pour ce livre ?
RDB : Vous êtes Américain et votre livre a d’abord été écrit pour un public américain. C’est aux Etats-Unis aussi que vit la plus grande communauté juive en dehors d'Israël. Comment s’imagine-t-on là-bas la vie juive en Allemagne?
JP : J'ai tout d’abord écrit le livre pour le public américain et judéo-américain, parce que j'ai trouvé que les Américains et aussi les Juifs américains se servent toujours de stéréotypes et d’idées reçues par rapport à l’Allemagne. Et pour moi en tant que scientifique, mais aussi quelqu'un qui s’intéresse à l'Allemagne, il est important de leur transmettre une image plus différenciée de l'Allemagne pour mieux comprendre ce pays. C’est pour cela que j'ai écrit ce livre. Par conséquent, je dirais que beaucoup de Juifs américains pensent toujours à l'Allemagne en fonction de ces vieilles images de nazis. On note aussi souvent dans les journaux que, si quelque chose se passe en Allemagne qui est en rapport avec des néo-nazis ou une forme d’antisémitisme, cela devient tout de suite objet de discussions publiques. Lentement, l’Allemagne donne lieu dans les journaux à des articles concernant la politique et d'autres choses aussi. Mais je pense que le que public américain a besoin de beaucoup d'informations et de connaissances sur l'Allemagne.
C'est pourquoi j'ai écrit ce livre.
RDB : Votre livre est paru en anglais. Souhaitez-vous éventuellement le faire publier en français ou en allemand?
JP: Chaque auteur souhaite naturellement que ses travaux soient traduits dans le plus de langues possible. Mais il est possible que mon livre ne passe bien que dans une perspective américaine, ou que les termes en anglais que j´utilise paraissent étranges s´ils sont traduits directement en allemand. Il y a en effet beaucoup d´expressions et de mots en allemand qui sont associés étroitement avec la Shoah, et quand on les entend en allemand, ils sonnent autrement et provoquent d´autres associations d´idées.
Donc je ne sais pas. Je pense qu´au niveau du contenu cela pourrait bien être intéressant, mais la question qui se pose est: faut-il le réécrire?

Fascination pour la culture allemande
RDB : Qu’est-ce qui vous fascine dans l’Allemagne ?
JP : Tout le monde me demande cela. Je crois que c’est sûrement lié au fait que ma famillie est originaire d’Europe centrale -pas d’Allemagne certes, mais de Hongrie- et peut-être que j’ai noué un rapport émotionnel à cette façon de vivre d’Europe centrale. D’autre part, j’ai été toujours fasciné par l’histoire, l’histoire de la Shoah aussi naturellement. J’ai donc commencé à apprendre l’allemand à l’école. Je me suis toujours senti très à l’aise en Allemagne. J’y ai séjourné longtemps et souvent et pour moi personnellement j’ai peut-être retrouvé quelque chose de ma propre famille en Allemagne, en tant qu’Américain. En ce qui concerne la littérature, j’ai aussi étudié la littérature judéo-allemande et j’ai publié à ce sujet. Je trouve que l’actuelle littérature judéo-allemande fait aussi partie de la littérature allemande. Elle n’est pas très connue, mais toutefois très intéressante.
RDB : Y a-t-il une jeune littérature judéo-allemande? Pourriez-vous nous citer quelques noms ?
JP : Un auteur qui est peut-être particulièrement intéressante pour le public français, c’est Barbara Honigmann (*1949), qui vit à Strasbourg. C’est une Juive qui a grandi en ex-RDA. Sa famille est restée en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a grandi en RDA et c’est là qu’elle a découvert son identité juive. Plus tard elle s’est installé a déménager à Strasbourg et est maintenant une Juive orthodoxe. Je trouve qu’elle écrit de très beaux petits romans qui traitent aussi bien le sujet de l’identité juive que celui de l’identité allemande.1

Comment dire qu’on est juif en Allemagne
RDB : Est-ce qu’il vous faut en fait réfléchir longtemps avant de déclarer que vous êtes Juif et rapport à qui ?
JP : Je crois que chaque Juif vivant en Allemagne se pose cette question. Quand j’ai commencé à venir régulièrement en Allemagne, au début des années 80, ou même avant déjà, à la fin des années 60, j’y réfléchissais davantage. Par exemple quand je marchais dans la rue j’observais particulièrement les personnes âgées en me demandant: « Ont-ils peut-être fait quelque chose ? » ou bien : « Qu’éprouveraient-ils s’il savaient qu’ils sont juifs ? ». Je crois ainsi qu’au cours des dernières années j’ai fait des progrès à ce propos. Et cela aussi parce que dans mon travail je m’occupe tellement de ce sujet que je n’ai plus besoin de me déclarer que je suis Juif, parce que c’est évident.
Je trouve que j’y gagne beaucoup, parce que je remarque alors que vraiment beaucoup d’Allemands respectivement de non-Juifs éprouvent le besoin de parler avec un Juif. Ils veulent parler de leur passé, de leurs pensées, ils veulent s’exprimer. C’est pourquoi des organisations comme le Goethe-Institut (www.goethe.de/france) ou le DAAD (Office allemand d’échanges universitaires, http://paris.daad.de) sont importantes, parce qu’il faut qu’il ait des contacts entre non-Juifs et Juifs en Allemagne. Je pense qu’il est très important, aussi pour l’avenir, d’avoir des contacts personnels.
RDB : Monsieur Peck, supposons que vous êtes invité à trois soirées différentes : à New York, à Berlin, à Jérusalem. Vous faites la connaissance de quelqu’un qui ne sait pas que vous êtes juif. Le comportement change-t-il dès lors que la personne l’apprend?
JP: Peut-être seulement à Berlin. New York est une ville juive, Jérusalem est naturellement une ville juive. Mais à Berlin on remarque souvent que beaucoup d’Allemands n’ont pas eu beaucoup de contacts avec des Juifs ou se sentent un peu embarrassé à cause du passé. Ils ne savent pas trop quoi dire et se sentent un peu incertains. Cela dépend aussi du nombre d’expériences que cette personne a déjà eues avec des Juifs et aussi si elle a voyagée aux Etats-Unis ou en Israël. Pour ceux qui ont déjà fait ce genre d’expériences, le contact est alors beaucoup plus détendu. Mais pour un Allemand ou une Allemande qui n’ont jamais eu de sa vie des contacts avec des Juifs, cela représente encore souvent quelque chose de très exotique.
RDB : Et qu’est-ce que vous faites alors, pour éventuellement aider ces gens?
JP : Ce que je fais ? Normalement j’essaie d’être un peu ironique, pas forcément de faire une plaisanterie, mais toutefois de montrer que je ne veux pas tomber dans cette discussion qui embarrasse, mais qu’on peut parler de ce sujet comme de tout autre. C’est ce que j’essaie de faire toujours. Je crois que la raison pour laquelle beaucoup d’Allemands parlent volontiers avec moi, c’est parce que j’ai cette attitude. C'est à dire que je prends cela très au sérieux, mais mon attitude est souvent plus détendue que ce que l’on connaît peut-être par ailleurs.
RDB : Il y a eu ces dernières années aussi des films qui ont traité le sujet du judaïsme et également de la Shoah de manière ironique ou avec humour, ainsi par ex. des réalisateurs tel que Dany Lévy dans "Monsieur Zucker joue son va-tout" (Alles auf Zucker) ou encore Roberto Benigni avec "La vie est belle" (La vita è bella). En tant que non-Juif, peut-on se permettre de rire à propos des Juifs ?JP : C’est une très bonne question et moi personnellement je crois que oui, on peut. Et je crois qu’on peut rire vraiment de beaucoup de choses, parce que je crois que cela crée une relation plus détendue et plus ouverte par rapport au sujet en question. Je crois qu’il existe un rire respectueux et un rire non-respectueux. Et tant qu’on rit avec les autres et qu’on ne se moque pas d’eux, c’est autre chose. Je crois qu’on a fait ces films-là pour faire rire les gens.
Par cette perspective ironique, par ce rire, on prend conscience aussi d’autres éléments de cette situation. Une perspective exclusivement sérieuse entraîne la perte d’autres perspectives.
Pour être clair : il y avait de la vie dans les camps de concentration aussi, il y avait du rire, de la sexualité et d’autres formes de tension. Je pense qu’il est important de démontrer toutes ces facettes et leur richesse et à cet égard j’approuve tout à fait ce que Benigni ou Dany Lévy font. Et je cite même Lévy à la fin de mon livre, car lui-même, en tant que Juif, tente aussi de le faire dans ses films.

Faut-il être croyant pour avoir une identité juive
RDB : Comment vivait-on l’identité juive et les traditions dans votre enfance ? Etait-ce une éducation religieuse ?
JP : Mes grands-parents venaient tous d’Europe. Mais mes parents étaient très peu croyants et ne s’intéressaient pas à la religion. Mais ils ont respecté certains rites. Par ex. j’ai fait ma Bar Mitsva et parce que nous habitions dans une petite ville, où il n’y avait qu’une synagogue qui était orthodoxe, j’ai fait une Bar Mitsva orthodoxe.
RDB : Qu’est-ce qu’une Bar Mitsva?
JP : Une Bar Mitsva, c’est quand un garçon a 13 ans. On fait cela maintenant aussi pour les filles (la Bat Mitsva, RDB). C’est pour ainsi dire l’entrée dans la vie juive et on devient alors membre de la communauté. Et c’est un des moments les plus importants dans la tradition juive. J’ai fait cela, j’ai appris à prier en hébreu et j’ai appris les prières. Mais maintenant je ne suis très peu religieux et je me considère de plus en plus comme « une personne de culture juive ».2 Mon identité est beaucoup liée à la culture et l’histoire juives, aux traditions juives, mais pour moi il n’est pas essentiel d’aller à la synagogue.
RDB : C’est-à-dire, vous diriez que de nos jours et à l’avenir il ne faut pas forcément être croyant pour avoir une identité juive ?
JP : C’est ce que moi, personnellement, je dirais. J’espère quand même que quelques Juifs resteront croyants, car je crois que sans croyance il n’y aura pas d’identité juive à l’avenir. Mais tous les Juifs ne doivent pas être croyants. Nous le savons, beaucoup de Juifs ne vont à la synagogue qu’à l’occasion des grandes fêtes religieuses. Je crois que ce qui est important, et là je suis très américain, c’est que par ex. aux Etats-Unis le judaïsme progressiste, c’est-à-dire le judaïsme réformé et libéral, est proportionnellement le plus répandu et qu’il permet d’être moderne et juif à la fois. C’est aussi le message que j’essaie de transmettre dans mon livre à l’Allemagne et la communauté judéo-allemande.
RDB : Qu’est-ce que le « judaïsme progressiste » ?
JP : Le judaïsme progressiste a différentes caractéristiques, par ex. on utilise d’avantage l’anglais que l’hébreu à la synagogue. Dans le judaïsme réformé on peut aussi n’être que de père juif, sans avoir de mère juive, et pourtant être reconnu en tant que Juif. La grande ironie pour l’Allemagne c’est que le judaïsme réformé s’y est développé au 19ème siècle et qu’après il a disparu à cause de la Seconde Guerre mondiale. Maintenant le judaïsme réformé et de retour en Allemagne et je trouve cela très important. Car il doit être possible qu’on définit son identité juive de différentes manières.

La question identitaire
RDB : Pour les nouvelles générations, le fait d’être d’origine juive, représente-t-il quelque chose de particulier ou est-ce que c’est le sentiment d’être « une partie tout à fait normale de la société allemande » qui prédomine chez elles? (3)
JP : Je pense que les jeunes Juifs -et la plupart des plus jeunes parmi les Juifs viennent de l’ex-Union soviétique, c’est-à-dire qu’il sont nés en Allemagne ou ont émigré plus tard- développent peut-être lentement une identité allemande et peut-être européenne. Leur judaïsme en fait partie intégrale aussi. Je peux bien m’imaginer que beaucoup parmi ces jeunes admettraient qu’il est important pour eux d’être juifs
et d’avoir cette identité. Mais ils ont d’autres identités aussi. C’est valable partout avec les jeunes: ils s’occupent aussi d’autres choses. Il est important pour l’avenir du judaïsme en Allemagne que ces jeunes Juifs restent en Allemagne. Et ils resteront, s’ils ont le sentiment qu’ils se sentent à l’aise et qu’ils pourront vivre et exprimer leurs identités de différentes manière. Par conséquent, il est important pour moi que cette diversité qui est justement en train de se développer en Allemagne, soit encouragée.
RDB : Dans votre livre vous écrivez également que l’identité juive peut revêtir un caractère exemplaire pour les identités dans le monde global, dans l’ère mondialisée ou bien qu’elle doit même obtenir ce statut. Pour quelles raisons?
JP : Je crois qu’en tant que Juif on a toujours plusieurs identités à la fois, même si l’on vit en Israël. Pour beaucoup d’Israéliens, leurs identité israélienne est beaucoup plus forte que leur identité juive. Je pense qu’en tant que Juif on vit dans plusieurs identités et parce que le judaïsme en Allemagne se développe dans une direction tout à fait différente à cause de la nouvelle immigration, les Juifs qui y vivent développent eux aussi tout une autre identité. Elle deviendra peut-être plus européenne, cosmopolite, russe... on verra. Mais je pense qu’on peut aussi apprendre vraiment beaucoup de ce caractère exemplaire. C’est certes dit de façon un peu générale, mais je crois que tous les hommes dans ce monde globalisé ont plusieurs identités. Peut-être qu’ils ne s'en rendent pas encore compte. Mais à cause de toutes ces évolutions... Internet, les nouvelles technologies, les migrations, la confrontation de différentes cultures, l’on devient toujours différent. Je crois qu’un des objectifs de mon livre était de montrer que
l’identité juive en Allemagne est en train de changer et de d’évoluer, mais aussi l’identité allemande non-juive. Ainsi les Allemands, par le contact avec des Juifs, des Musulmans et d’autres personnes encore, changent eux aussi.
RDB : Dans votre livre vous utilisez aussi la notion de ‘virtualité’. Vous parlez de « Juifs virtuels ». Qu’est- ce que vous entendez par là?
JP : Je m’intéresse beaucoup à Internet et j’enseigne aussi dans un domaine spécialisé où il en est question. Je pense, et on le voit de plus en plus, que certains réseaux et certaines identités se développent et évoluent également sur Internet. On peut alors se poser la question : "Y a-t-il un Juif
virtuel?" Il y a vraiment beaucoup de sites sur internet où l’on peut échanger des idées avec des Juifs, où des jeunes peuvent se rencontrer, où on trouve des informations sur les rituels juifs etc. Je crois qu’à l’avenir Internet jouera un rôle de plus en plus important, aussi pour les personnes qui vivent à la campagne ou dans des endroits où il n’y a pas de Juifs. Ils auront ainsi la possibilité d’entrer en contact avec des communautés et institutions juives. Pour moi ce judaïsme virtuel fait partie de cette nouvelle identité possible que l’on peut créer sur Internet. Quel futur pour les communautés juives en Allemagne ?
RDB : Comment voyez-vous l’avenir des communautés juives en Allemagne, en Europe ?
JP : En Allemagne plusieurs choses sont importantes: il faut rendre possible que la variété des identités soit perçue également chez les Juifs qui y vivent et que les institutions juives en tiennent compte. C’est pourquoi je pense que les institutions et les communautés doivent s’ouvrir. Il est également très important que les jeunes, ceux dont j’ai parlé tout à l’heure, restent en Allemagne. Mais je pense que les deux choses sont liés. Si les jeunes ont le sentiment qu’ils sont pris en compte et qu’ils disposent d’institutions qui les acceptent, alors il est aussi davantage probable qu’ils restent définitivement et qu’ils restent Juifs. Ce qu’il adviendra reste toujours une question ouverte.
Ce qui est intéressant ce qu’il existe maintenant tellement d’institutions en Allemagne, pour la vie juive, particulièrement à Berlin, qu’il serait vraiment
dommage que ces institutions restent vides, sans Juifs. D’autre part il existe aussi vraiment beaucoup de choses en Allemagne et en Europe faites par des non-Juifs mais qui ont aussi trait à la vie juive. Cela aussi devrait être pris en compte et accueilli favorablement. Je pense qu’il est aussi très important que des non-Juifs participent à cette identité juive.
(1) http://www.cisonline.org/index.php?option=com_content&task=view&id=160&Itemid=39 (2) En Allemand, Jeffrey Peck utilise le néologisme „kultureller Jude“, „Juif culturel“. Voire aussi plus loin le terme „Juif virtuel“, RDB. (3) Voir les dossiers sur la « jeunesse juive en Allemagne » sur http://juedischejugend2005.ag.fh-konstanz.de/ et www.goethe.de/ges/rel/dos/jul/jug/deindex.htm.

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Einleitung
Roberto Di Bella: Ich habe heute das Vergnügen, Ihnen Prof. Jeffrey Peck vorstellen zu dürfen. Jeffrey
Peck ist Professor für Kommunikation, Kultur und Technologie an der Georgetown University in
Washington/DC und zur Zeit Gastprofessor an der Humboldt-Universität Berlin. Herr Peck ist Jude und er
hat ein Buch geschrieben über jüdisches Leben in Deutschland nach 1989. Being jewish in the new
Germany, so der Titel des Buches. Es ist 2006 auf Englisch in den USA erschienen und das Ergebnis
einer langjährigen Recherche mit einigen durchaus provokanten Thesen.
Es gibt also wieder eine jüdische Kultur in Deutschland und eine, die zur Zeit besonders lebendig und
dynamisch ist. Die jüdische Kultur und die jüdische Identität stehen aber auch vor besonderen
Herausforderungen. Nicht nur in Deutschland, sondern insgesamt in einer zunehmend globalisierten Welt.
Darüber und über seine persönlichen Erlebnisse und Erfahrungen in Deutschland und mit Deutschen
möchte ich im Folgenden mit ihm sprechen.

Berlin – altes und neues Zentrum des jüdischen Lebens in Deutschland
RDB: Sie leben zur Zeit in Berlin, dem alten und neuen Zentrum jüdischen Lebens in Deutschland, ja in
Europa und kennen die Stadt sehr gut. Die Erinnerung an die Shoah und die Zeichen eines neuen
jüdischen Lebens sind überall präsent in Berlin. Wie erleben Sie diesen Kontrast im Alltag?
JP: Berlin ist eine Stadt, die natürlich voll von solchen Erinnerungen ist. Man sieht das überall. Man sieht
auch Merkmale der Vergangenheit, indem man bestimmte Monumente oder andere Sachen hat, die an
deutsche Vergangenheit erinnern soll. Aber auf der anderen Seite ist Berlin sehr interessant, weil es
natürlich Merkmale eines neuen jüdischen Lebens gibt, z.B. die Synagoge in der Oranienburger Straße
mit ihrer großen goldenen Kuppel. Das ist natürlich ein Wahrzeichen für Berlin schlechthin. Insofern sieht
man jetzt beides in Berlin: ein Gefühl für und die Erinnerung an die Vergangenheit, aber auch eine
Anerkennung dessen, was heute an jüdischem Leben in Deutschland passiert.
RDB: Wie hat sich denn die jüdische Bevölkerung in Deutschland nach dem zweiten Weltkrieg entwickelt?
JP: Das ist eine interessante Geschichte, weil am Ende des II. Weltkrieges gab es natürlich wenig Juden
in Deutschland und die Juden, die dann nach Deutschland kamen, waren aus Osteuropa, waren aus den
verschiedenen Konzentrationslagern befreit worden und ziemlich orthodox. Das hat die jüdischen
Gemeinden sehr lange nach dem zweiten Weltkrieg geprägt. Das hat sich im Laufe der Jahre ein
bisschen geändert. In den 1970er Jahren kamen z.B. einige Leute aus der Sowjetunion. Aber die große
Wende kam im Jahr 1989/90, als die neue Emigration aus der ehemaligen Sowjetunion anfing.
RDB: Ihr Buch trägt ja auch den Titel: Being jewish in the new Germany, das heißt also Deutschland nach
dem Fall der Mauer, nach der Wiedervereinigung. Was ist denn das Besondere an dieser Situation?
JP: Das Besondere ist, wie ich gerade erwähnt habe, die Tatsache, dass es über 200.000 Leute gab
(eine große Anzahl von Juden, wie man sagt, auch wenn in Wirklichkeit nicht alle Juden sind), die aus der
ehemaligen Sowjetunion nach Deutschland gekommen sind. Das hat natürlich die Landschaft und das
Profil der jüdischen Gemeinden völlig verändert. Das war auf der einen Seite sehr positiv, weil es auf eine
bestimmte Weise die Zukunft der Juden in Deutschland gerettet hat. Aber auf der anderen Seite hat es
sehr viele Probleme geschaffen.

Die Herausforderungen durch die neue jüdische Einwanderung nach 1989
RDB: Sie sagen es schon: Viele der neuen Mitglieder der jüdischen Gemeinden stammen aus Russland
oder auch der Ukraine. Wie fügen sie sich in die traditionellen Gemeindestrukturen ein?
JP: Das ist eines der größten Probleme. Erstens muss man sagen, dass viele, die nach Deutschland
gekommen sind, nach offiziellem jüdischem Gesetz keine ‚richtigen’ Juden sind. Das ist so wie in Israel.
Das heißt, sie haben keine jüdische Mutter, sondern vielleicht einen jüdischen Vater. In der Sowjetunion
wurde das anerkannt, aber in Deutschland nicht. Sie kommen also nach Deutschland und können nicht
Mitglied der Gemeinde werden. Sie hängen also ein bisschen zwischen den Stühlen in Deutschland. Aber
ich denke, das ist immer sehr unterschiedlich. Ich denke, sie haben sich in der Gemeinde zu Recht
gefunden, einige fühlen sich nicht sehr willkommen, einige wollen mehr über ihre jüdische Herkunft und
Tradition lernen, andere wiederum leben eher mit ihrer russischen Identität. Die Situation ist also sehr
gemischt.
RDB: Ist denn für diese Neuankömmlinge Deutschland die Hoffnung auf eine neue Heimat oder nur eine
Zwischenstation auf dem Weg in andere Länder?
JP: Also, das ist auch unterschiedlich. Es gibt welche, die nach Deutschland gekommen sind, weil sie
weiter nach Kanada und in die USA wollten und doch hier geblieben sind. Aber ich glaube nicht, dass es
für viele von ihnen eine neue Heimat ist. Das wäre glaube ich zu stark. Sie leben vielleicht gerne in
Deutschland und fühlen sich wohl hier. Sie haben natürlich viele Vorteile, was die soziale Absicherung
und andere Dinge betrifft, aber sie würden wahrscheinlich nicht sagen, dass es ihre Heimat ist.
RDB: Der deutsche Begriff Heimat ist ein sehr komplexer. Können diese Menschen in Deutschland eine
Heimat finden?
JP: Das ist eine sehr gute Frage und ich glaube, das gilt allgemein für Juden in Deutschland, auch für
jene, die bereits länger hier leben. Der Begriff Heimat ist sehr mit Geschichte und Gefühlen und sogar
auch mit unangenehmen Assoziationen beladen. Im Allgemeinen findet man selten eine neue Heimat,
eher ein neues Zuhause.
Für Deutsche ist der Begriff mit vielen Assoziationen und Erinnerungen an die Kindheit verbunden. Ich
denke, Heimat hängt auch sehr mit einem Ort zusammen, dem Ort vielleicht, an dem man geboren ist, wo
man aufgewachsen ist. Für viele ist es vielleicht auch eine romantische Vorstellung, von Wald und Natur.
Aber ich denke, Heimat ist mehr als einfach nur ein neutraler Ort. Der Begriff hängt viel mit Emotionen
und Assoziationen von Zugehörigkeit zusammen.
RDB: Haben die Menschen, die neu als Juden nach Deutschland kommen, nicht auch manchmal Angst
hier? Es muss doch seltsam sein für manche, mit Blick auf die Geschichte der eigenen Familie z.B., oder
auch der eigenen Biographie, im Land des ‚ehemaligen Feindes’ zu leben. Was gibt es da für Gefühle?
JP: Ich denke, das ist vielleicht eher ein Problem für diejenigen, die außerhalb von Deutschland leben,
denn viele der Neuankömmlinge aus der ehemaligen Sowjetunion haben nicht diese Beziehung zur
Shoah, wie wir im Westen sie vielleicht haben. Einige haben ihre eigene Geschichte mit Stalin, andere
wissen nicht so viel über die Shoah. Wenn sie dann nach Deutschland kommen, lernen sie natürlich
etwas darüber oder wissen auch schon etwas. Aber ich glaube nicht, dass sie davon so beeinflusst sind
wie andere Juden im westlichen Europa oder in den USA.

« Deutsche Juden » oder « Juden in Deutschland » ?
RDB: Eine der wichtigsten Aussagen ihres Buches ist ja, es gehe nicht mehr darum, in erster Hinsicht zu
sagen und zu erklären, worum man als Jude in Deutschland lebt, sondern wie. Warum ist diese These für
viele Juden im Ausland eine Provokation?
JP: Es war eine Provokation bereits vor zehn-fünfzehn Jahren, wie ich eher in den USA bemerkt habe.
Das war unmöglich zu glauben, dass Juden in Deutschland leben. Und man hat mich sogar gefragt:
„Wieso leben Sie in Deutschland? Wie können Sie Deutsch lernen?“ Aber ich glaube, langsam ändert sich
diese Einstellung. Ich merke an den Diskussionen über mein Buch, dass die Leute, auch Juden, offener
gegenüber der Möglichkeit sind, dass jetzt wieder Juden in Deutschland leben. Obwohl es immer noch
Leute gibt, die das nicht akzeptieren können. Ich habe das jetzt gerade wieder in Israel erlebt. Deshalb
wollte ich eher auf das Wie? zielen. Es leben Juden in Deutschland und man muss sehen, wie sie sich
dort zurechtfinden.
RDB: Fühlen sich denn deutsche Juden heute in erster Linie als Juden oder als Deutsche?
JP: Also ich denke, zunächst muss man diese Kategorie ‚deutsche Juden’ problematisieren. Schon seit
Ende des II. Weltkrieges gab es keine deutschen Juden mehr, sondern nur noch Juden in Deutschland.
Das hängt damit zusammen, dass die deutschen Juden, die vor dem Krieg so sehr integriert waren und
dann verfolgt und ermordet wurden. Man bleibt also noch sehr bei diesem Ausdruck ‚Juden in
Deutschland’ und ‚deutsche Juden’ sind diejenigen, die aus dieser langen Tradition kommen und die nur
noch eine sehr kleine Minderheit darstellen.
Die große Frage für die Zukunft wird sein, ob diese Juden, die aus der ehemaligen Sowjetunion kommen,
innerhalb einiger Generationen vielleicht eine neue Identität entwickeln, die man vielleicht wiederum als
deutsches Judentum beschreiben würde. Es wäre jedoch ein ganz anderes und nicht vergleichbar mit der
Tradition vor dem Krieg.
RDB: Könnten Sie diese Tradition kurz skizzieren?
JP: 1933 lebten ca. 530.000 Juden in Deutschland. Die Mehrheit von ihnen war sehr integriert, sehr
säkulär und sie haben sich als Deutsche gefühlt. Als dann Hitler an die Macht kam, war es für sie sehr
unwahrscheinlich zu glauben, dass das passieren würde, was passierte. Und deshalb wollten viele nicht
weggehen. Es war eine Tradition, die sehr mit der deutschen Geschichte und Tradition verbunden war,
sehr kulturell, sehr säkulär.
Diese Juden fühlten sich wahrscheinlich eher als Deutsche denn als Juden. Diese Juden prägten gerade
in den Großstädten, wie z.B. Berlin, stark das kulturelle Leben. Und das ist mehr oder weniger nicht mehr
der Fall in Deutschland. Es gibt ein großes Interesse an dieser Tradition. Aber das Judentum, das jetzt in
Deutschland existiert, ist ein ganz anderes und wird sich auch anders weiterentwickeln.
RDB: Sie haben bereits 1995 mit einem Kollegen, dem Anthropologen John Bornemann, einen
Dokumentarfilm gedreht sowie auch ein Buch mit ihm verfasst. Im Film wie im Buch geht es um jene
Juden, die nach dem II. Weltkrieg aus dem Exil z.B. nach Ostdeutschland, in die ehemalige DDR,
zurückgekehrt sind. Wie war die Situation für Juden in der DDR?
JP: Es ist für mich wichtig, dass ich in meinem Buch auch die Situation der Juden in der DDR behandle.
Es gab auch Juden in der DDR. Bis vor der Wiedervereinigung waren es vielleicht nur noch 1000, die
ebenfalls in Gemeinden organisiert waren. Ihre Situation war jedoch sehr kompliziert wegen der offiziellen
Haltung der DDR gegenüber Israel, aber es gab Juden in der DDR. Diejenigen, die nach dem II. Weltkrieg
zurückgekommen sind, sind hauptsächlich zurückgekommen, weil sie Kommunisten waren. Und sie
kamen aus dem Exil zurück, aus der Sowjetunion oder aus Amerika oder aus England, weil sie dachten:
Wir können ein neues Deutschland aufbauen und wir können ein Teil davon sein. Sie waren gegen das
faschistische Deutschland, sie wollten etwas Neues begründen. Sie kamen mit sehr viel Idealismus,
vielleicht auch utopischen Vorstellungen zurück und haben sehr hart an diesem neuen Deutschland
gearbeitet. Für viele ist es natürlich schief gegangen. Die verschiedenen Reaktionen dieser Menschen
und die verschiedenen Identitäten, die diese Juden aus der ehemaligen DDR hatten, haben ich und John
Bornemann versucht aufzuzeigen. Das ist auch ein wichtiger Teil der Geschichte.

Deutsch-israelische Beziehungen / Beziehungen zwischen der jüdischen und

muslimischen Minderheit in Deutschland
RDB: Was ist die Bedeutung Israels für die in Deutschland lebenden Juden?
JP: Ich glaube, für alle Juden in der Welt hat Israel eine sehr große Bedeutung. Es ist natürlich jeweils
unterschiedlich, ob aus religiösen oder politischen oder ideologischen Gründen. Aber für die Mehrheit der
Juden ist es wichtig, dass Israel da ist. Es ist eine andere Frage, ob man nach Israel gehen möchte, ob
man in Israel leben möchte. Es gibt auch Juden, die der Politik in Israel kritisch gegenüber stehen. Aber
Israel bleibt ein wichtiger Bezugspunkt für Juden.
Das ist auch für die deutschen Juden so. Es gibt vielleicht nur den Punkt, dass es Leute in Israel gibt, die
nicht verstehen, warum es überhaupt eine jüdische Gemeinde in Deutschland gibt. Andererseits muss
man sagen, dass es auf offizieller Ebene mindestens seit den 1960er Jahren ein besonderes Verhältnis
zwischen Israel und Deutschland gibt. Deutschland steht zu Israel.
Es immer eine sehr starke Unterstützung für Israel, gleich wer gerade Kanzler ist. Und man weiß, glaube
ich, auch in Israel, dass Deutschland Israels bester Freund in Europa ist. Insofern identifizieren sich von
den russischen Juden, die jetzt kommen, auch sehr viele stark mit Israel. Einige von ihnen haben
vielleicht auch Verwandte in Israel. Für die ist das, glaube ich, kein Problem.
RDB: In Deutschland leben auch mehrere Millionen Muslime. Wie sehen Sie das Verhältnis dieser
Minderheit zur jüdischen Minderheit in Deutschland?
JP: Das ist ein wichtiger Punkt. Ich habe in meinem Buch, ich glaube, zum ersten Mal, die Beziehung
zwischen Türken und Juden in Deutschland diskutiert. Ich sehe das vielleicht eher aus amerikanischer
Sicht, weil man dort bereits gewohnt ist, zu sehen, dass sich zwischen Minderheiten Solidaritäten
entwickeln. Viele denken vielleicht, dass man diese Gruppen nicht so miteinander vergleichen kann, weil
die Geschichte ihrer Einwanderung nach Deutschland so unterschiedlich ist. Aber was heutzutage
besonders interessant ist, ist die Tatsache, dass es in Deutschland nicht-religiöse türkische Vereine gibt,
die versuchen, mit den jüdischen Organisationen verstärkt Kontakt aufzunehmen. Sie möchten wissen,
was die Juden in Deutschland machen, weil sie sehen, wie erfolgreich die Juden in Deutschland waren in
Bezug auf z.B. staatliche Unterstützung. Auch jüdisch-amerikanische Organisationen versuchen Kontakte
zwischen Juden und Muslimen herzustellen. Aber ich denke, für die meisten Juden in Deutschland ist es
genau so wie für die meisten Nicht-Juden in Deutschland: sie haben wenig Kontakt mit Türken, mit
Muslimen. Aber ich glaube, dass genauso wie in Frankreich, das Problem in Deutschland und die große
Frage für die Zukunft sein wird: Wie werden die Muslime in die europäische Gesellschaft integriert?
RDB: Haben die Terroranschläge vom 11. September 2001 diese Beziehungen verändert?
JP: Ich glaube, was am 11. September passiert ist, hat alles irgendwie verändert. In Bezug auf
Deutschland sollte man eher erwähnen, dass wo es nach dem Karikaturenstreit in Dänemark in Europa
und anderen Ländern zu Gewaltausschreitungen kam, in Deutschland hingegen nichts in dieser Hinsicht
passiert ist. Das zeigt, so glaube ich, dass die türkische Minderheit, das die türkischen Muslime, ein ganz
anderes Verhältnis zur ihrer Identität wie auch zur deutschen Bevölkerung haben als dies vielleicht in
anderen Ländern der Fall ist. Das heißt nicht, dass so etwas wie in Dänemark in der Zukunft nicht auch in
Deutschland passieren könnte, aber ich denke, dass die Tatsache, dass die Muslime in Deutschland
hauptsächlich aus der Türkei kommen, schon etwas ausmacht.

Welches Zielpublikum für dieses Buch?
RDB: Sie sind Amerikaner und ihr Buch ist zunächst auch für ein amerikanisches Publikum geschrieben.
In Amerika lebt ja auch die größte jüdische Gemeinde außerhalb Israels. Wie stellt man sich dort
jüdisches Leben in Deutschland vor?
JP: Ich habe das Buch eigentlich für das amerikanische Publikum und das amerikanisch-jüdische
Publikum, weil ich fand, dass Amerikaner und auch amerikanische Juden immer noch mit Stereotypen
und Klischees über Deutschland umgehen. Und es ist mir wichtig als Wissenschaftler, aber auch
als jemand, der sich für Deutschland interessiert, dass man ein differenzierteres Bild von Deutschland hat
und dieses Land besser versteht. Deshalb habe ich dieses Buch geschrieben. Deshalb würde ich sagen,
dass viele amerikanische Juden an Deutschland immer noch in diesen alten Bildern von Nazis denken.
Das merkt man auch oft an der Berichterstattung: wenn irgendetwas in Deutschland passiert, das mit
Neonazis oder Antisemitismus zusammenhängt, wird dies sofort diskutiert. Langsam kommt Deutschland
auch in Bezug auf politische und andere Aspekte in die Zeitungen. Aber ich denke, dass auch das
amerikanische Publikum mehr Informationen und Wissen über Deutschland braucht. Daher habe ich
dieses Buch geschrieben.
RDB: Ihr Buch ist auf Englisch erschienen. Möchten Sie es evtl. auch einmal auf Französisch oder
Deutsch veröffentlichen?
JP: Jeder Autor möchte natürlich, dass seine Arbeiten in möglichst viele andere Sprachen übersetzt
werden. Es könnte nur sein, dass mein Buch zu sehr aus einer amerikanischen Perspektive kommt oder
dass die englischen Begriffe, die ich verwende, direkt ins Deutsche übersetzt, auf Deutsche seltsam
wirken. Es gibt nämlich viele Ausdrücke und Wörter im Deutschen, die sehr mit der Shoah assoziiert sind
und wenn man sie auf Deutsch hört, klingen sie ganz anders und lösen andere Assoziationen aus. Ich
weiß also nicht. Ich denke, inhaltlich könnte es schon interessant sein, aber die Frage wäre: muss man es
umschreiben?

Faszination für die deutsche Kultur
RDB: Was fasziniert Sie an Deutschland?
JP: Jeder fragt mich das. Ich glaube, das hängt sicher damit zusammen, dass meine Familie aus
Mitteleuropa kam, nicht aus Deutschland zwar, aber aus Ungarn. Vielleicht habe ich einen emotionalen
Bezug zu dieser Art von mitteleuropäischem Leben gehabt. Auf der anderen Seite war ich immer sehr
fasziniert von der Geschichte, natürlich auch interessiert an der Geschichte der Shoah. Also habe ich in
der Schule angefangen, Deutsch zu lernen. Ich habe mich immer sehr wohl in Deutschland gefühlt. Ich
war sehr lange und sehr oft in Deutschland und für mich persönlich habe ich vielleicht etwas von meiner
eigenen Familie dort wieder gefunden, als Amerikaner. In Bezug auf die Literatur habe ich auch deutsch-
jüdische Literatur studiert und darüber geschrieben. Ich finde, diese ist auch ein Teil der deutschen
Literatur, also ich meine der gegenwärtigen deutsch-jüdischen Literatur, die man nicht sehr gut kennt, die
aber sehr interessant ist. Und das führte dann weiter zu einem allgemeinen Interesse an deutsch-
jüdischer Identität.
RDB: Gibt es eine junge deutsch-jüdische Literatur? Können Sie einmal einige Namen nennen?
JP: Also eine Autorin, die vielleicht für das französische Publikum besonders interessant ist, ist Barbara
Honigmann(*1949), die in Straßburg lebt. Sie ist eine Jüdin, die in der DDR groß geworden ist. Ihre
Familie war in England während des II. Weltkrieges, sie ist in der DDR aufgewachsen und hat dort ihre
jüdische Identität entdeckt. Sie ist dann später mit ihrem Mann nach Straßburg gezogen und ist jetzt eine
orthodoxe Jüdin. Ich finde, sie schreibt sehr schöne kleine Romane, die auch das Thema der jüdischen
Identität wie der deutschen Identität behandeln Ich finde, sie ist so ein besonderes Beispiel für deutsch-
jüdische Literatur.(1)

Wie ‘outet’ man sich als Jude in Deutschland?
RDB: Überlegen Sie sich eigentlich in Deutschland genau, ob und wem gegenüber Sie sich als Jude
‚outen’, also sagen: „Ich bin Jude“?
JP: Also ich glaube, dass das für jeden Juden, der in Deutschland lebt, eine Frage ist. Als ich anfing,
regelmäßig nach Deutschland zu kommen, zu Beginn der 1980 Jahre, oder sogar bereits vorher, Ende
der 1960er Jahre, überlegt ich mir das viel mehr. Es war auch so, dass ich auf die Straße ging und
besonders die älteren Menschen anschaute und mich fragte: „Haben sie vielleicht etwas gemacht?“ Oder:
„Wie würden sich fühlen, wenn sie wüssten, dass sie Juden wären?“ Also ich glaube, dass ich hier in den
letzten Jahren weiter gekommen bin. Auch weil meine Arbeit sich so sehr mit diesem Thema beschäftigt,
brauche ich es nicht mehr besonders zu erwähnen, weil es klar ist.
Ich finde, dass ich viel dadurch gewinne, weil ich dann merke, dass sehr viele deutsche Nicht-Juden das
Bedürfnis haben, mit einem Juden zu sprechen. Sie wollen über ihre Vergangenheit sprechen, sie wollen
über ihre Gedanken sprechen, sie wollen sich äußern. Daher sind auch solche Organisationen wie das
Goethe-Institut (www.goethe.de) und der DAAD (www.daad.de) so wichtig, weil es Kontakte zwischen
Nicht-Juden und Juden in Deutschland geben muss. Ich denke, dass ist sehr wichtig, auch für die Zukunft,
dass man persönliche Kontakte hat.
RDB: Herr Peck, nehmen wir einmal an, Sie sind Gast auf drei verschiedenen Partys: in New York, in
Berlin, in Jerusalem. Sie lernen jemanden kennen, der nicht weiß, dass Sie Jude sind. Ändert sich das
Verhalten, wenn die Person es dann erfährt?
JP: Vielleicht nur in Berlin. New York ist eine jüdische Stadt, Jerusalem ist natürlich eine jüdische Stadt,
aber in Berlin merkt man oft, dass viele Deutsche nicht sehr viel Kontakt mit Juden gehabt haben und
wegen der Vergangenheit sind sie schon ein etwas befangen. Sie wissen nicht, was sie sagen sollen oder
sie sind vielleicht ein wenig unsicher. Es kommt auch darauf an, wie viele Erfahrungen diese Person mit
Juden gehabt hat oder ob sie in den USA war oder in Israel. Für diejenigen, die diese Erfahrungen gehabt
haben, ist der Kontakt dann viel lockerer. Aber für den Deutschen oder die Deutsche, der oder die keinen
Kontakt mit Juden gehabt hat, ist es oft immer noch sehr exotisch.
RDB: Und was machen Sie dann, um den Leuten vielleicht zu helfen?
JP: Was ich mache? Ich versuche dann normalerweise ein bisschen ironisch zu sein, nicht unbedingt
einen Witz zu machen, aber zu zeigen, dass ich nicht in so eine Betroffenheitsdiskussion fallen möchte,
sondern dass man darüber wie über jedes andere Thema sprechen kann. Das ist das, was ich immer
versuche. Ich glaube, dass das ist auch der Grund ist, warum viele Deutsche gerne mit mir reden, weil ich
diese Haltung dazu habe. Das heißt, ich nehme das sehr ernst, aber meine Haltung ist oft lockerer, als
man es vielleicht sonst kennt.
RDB: Es gab ja in den vergangenen Jahren auch einige Filme, die das Thema Judentum und auch Shoah
ironisch oder mit Humor behandelt haben, so z.B. Regisseure wie Dany Lévy mit Alles auf Zucker oder
Roberto Benigni mit Das Leben ist schön. Darf man als Nicht-Jude über Juden lachen?
JP: Ich glaube, es gibt ein Lachen, das respektvoll ist und ein Lachen, das nicht respektvoll ist. Und
solange man mit den Leuten lacht und nicht über sie, ist das etwas anders. Ich glaube, dass man diese
Filme gemacht hat, um die Leute zum Lachen zu bringen. Durch diese ironische Perspektive, durch
dieses Lachen sieht man auch andere Sachen an dieser Situation. Durch eine nur ernsthafte Perspektive
gehen andere Perspektiven verloren.
Es ist klar: auch im Konzentrationslager gab es Leben, gab es Lachen, gab es Sexualität, gab es andere
Arten von Spannungen. Ich denke, dass es wichtig ist, dass man diesen Facettenreichtum zeigt. Insofern
bin ich sehr dafür, was Benigni oder Dany Lévy machen. Und ich zitiere Lévy sogar am Ende meines
Buches, weil er selbst als Jude in seinen Filmen dies ebenfalls umzusetzen versucht.

Gibt es eine jüdische Identität ohne Glauben?
RDB: Wie wurden in Ihrer Kindheit jüdische Identität und Traditionen gelebt? War es eine religiöse
Erziehung?
JP: Meine Großeltern kamen alle aus Europa. Meine Eltern waren sehr unreligiös und hatten kein großes
Interesse an Religion, aber sie haben bestimmte Traditionen respektiert. Z. B. habe ich meine Bar Mizwa
gehabt und weil wir in einer Kleinstadt lebten, wo es nur eine Synagoge gab, die orthodox war, habe ich
eine orthodoxe Bar Mizwa gemacht.
RDB: Was ist eine Bar Mizwa?
JP: Eine Bar Mizwa ist, wenn ein Junge 13 wird. Das macht man jetzt auch für Mädchen (die sog. Bat
Mizwa, Anm. RDB). Das ist sozusagen der Eintritt in das jüdische Leben und man wird dann Mitglied der
Gemeinde. Und das ist eines der wichtigsten Momente in der jüdischen Tradition. Das habe ich gemacht,
ich habe auf Hebräisch zu beten gelernt. Aber jetzt bin ich sehr unreligiös und ich verstehe mich immer
mehr als ein „kultureller Jude“. Meine Identität hängt sehr mit der jüdischen Kultur und Geschichte
zusammen, den jüdischen Traditionen insgesamt, aber für mich ist es nicht unbedingt wichtig, dass ich in
die Synagoge gehe.
RDB: Das heißt also, Sie würden sagen, man muss heute, in Zukunft, nicht unbedingt gläubig sein, um
eine jüdische Identität zu haben?
JP: Das würde ich persönlich sagen. Ich würde hoffen, dass einige Juden noch gläubig bleiben, weil auch
ich glaube, dass, wie viele sagen, es ohne Glauben keine jüdische Identität für die Zukunft gibt. Aber nicht
alle Juden müssen gläubig sein. Wie wir wissen, gehen viele Juden nicht in die Synagoge, nur an den
großen Feiertagen. Ich glaube, was wichtig ist, und da bin ich sehr amerikanisch, und das ist auch, was
ich in meinem Buch gegenüber Deutschland bzw. der deutsch-jüdischen Gemeinde zu sagen versuche,
ist, dass in Amerika z.B. das progressive Judentum, also das Reformjudentum, den größten Anteil hat und
es erlaubt Menschen, modern und jüdisch zugleich zu sein.
RDB: Was heißt „progressives Judentum“?
JP: Das progressive Judentum hat verschiedene Merkmale, dass man z.B. in der Synagoge mehr
Englisch als Hebräisch verwendet. Im Reformjudentum genügt auch allein ein jüdischer Vater, ohne
jüdische Mutter, um trotzdem noch als Jude anerkannt zu werden. Die große Ironie für Deutschland ist,
dass das Reformjudentum im 19. Jahrhundert in Deutschland seinen Anfang genommen hat und dann
durch den II. Weltkrieg verschwunden ist. Jetzt kommt das Reformjudentum wieder zurück nach
Deutschland und ich finde das sehr wichtig. Denn es muss möglich sein, dass man seine jüdische
Identität auf unterschiedliche Weise definiert.
Die Identitätsfrage (im globalen Zeitalter)
RDB: Ist die jüdische Herkunft für die neuen Generationen etwas Besonderes oder überwiegt mittlerweile
für die die jungen Menschen das Gefühl, „ein völlig normaler Teil der deutschen Gesellschaft zu sein“.(2)
JP: Ich denke, die jungen Juden, und die meisten jüngeren Juden sind auch aus der ehemaligen
Sowjetunion, also in Deutschland geboren oder später emigriert, werden vielleicht langsam deutscher und
vielleicht auch europäischer. Ihr Judentum ist auch ein Teil davon. Ich glaube, sie gehen viel lockerer
damit um als wir. Und ich kann mir gut vorstellen, dass viele von diesen jungen Leuten zugeben, dass es
wichtig für sie ist, jüdisch zu sein und diese Identität zu haben. Aber sie haben auch andere Identitäten.
Das ist wie mit jungen Leuten überall: sie beschäftigen sich auch mit anderen Sachen. Für die Zukunft
des Judentums in Deutschland ist es wichtig, dass diese jungen Juden in Deutschland bleiben. Und sie
bleiben, wenn sie das Gefühl haben, dass sie sich wohl fühlen, wenn sie das Gefühl haben, dass sie ihre
Identitäten auf verschiedene Weise leben und ausüben können. Deshalb ist es für mich wichtig, dass
diese Vielfalt, die sich gerade in Deutschland entwickelt, unterstützt wird.
RDB: Sie schreiben in Ihrem Buch auch, dass die jüdische Identität Modellcharakter für Identitäten in der
globalen Welt, im globalisierten Zeitalter bekommen könne oder vielleicht sogar bekommen müsse.
Warum?
JP: Ich glaube, als Jude hat man immer mehrere Identitäten zugleich, selbst wenn man in Israel lebt. Für
viele Israelis ist ihre israelische Identität viel stärker als ihre jüdische Identität. Ich denke, dass man als
Jude in mehreren Identitäten lebt und weil sich das Judentum in Deutschland durch die neue Immigration
in eine ganz andere Richtung entwickelt, entwickeln auch die Juden dort eine ganz andere Identität. Sie
wird vielleicht europäischer, kosmopolitischer, russischer… das wird sehen. Aber ich denke, dass man
auch sehr viel von diesem Modellcharakter lernen kann. Das ist zwar etwas pauschal, aber ich glaube alle
Menschen in der globalen Welt haben mehrere Identitäten. Vielleicht merken sie das nur noch nicht. Aber
durch diese ganzen Entwicklungen… durch das Internet, durch neue Technologien, durch Migrationen,
durch die Konfrontation verschiedener Kulturen, wird man immer anders. Ich glaube, ein Ziel meines
Buches war zu zeigen, dass sich die jüdische Identität in Deutschland weiterentwickelt, ebenso wie die
deutsche nicht-jüdische Identität dies tut. Durch den Kontakt mit Juden, mit Muslimen, mit anderen
Menschen verändern sich auch die Deutschen.
RDB: Sie verwenden in Ihrem Buch auch den Begriff der Virtualität. Sie sprechen von ‚virtuellen Juden’.
Was meinen Sie damit?
JP: Ich interessiere mich sehr für das Internet und ich unterrichte auch in einem Fachbereich, wo wir so
etwas thematisieren. Ich denke, und das sieht man immer mehr, dass bestimmte Netzwerke, bestimmte
Identitäten sich auch über das Internet entwickeln. Man kann sich doch die Frage stellen: „Gibt es einen
virtuellen Juden?“ Es gibt sehr viele verschiedene Seiten im Internet, auf denen man sich mit Juden
austauschen kann, wo sich junge Leute treffen können, wo man Informationen über jüdische Rituale findet
usw. Ich glaube, dass das Internet in Zukunft eine zunehmend wichtigere Rolle spielen wird, auch für
Menschen, die auf dem Lande leben oder an Orten, wo es keine Juden gibt und die so die Möglichkeit
haben, in Kontakt zu jüdischen Gemeinden und jüdischen Institutionen zu treten. Für mich ist das virtuelle
Judentum ein Teil dieser möglichen neuen Identität, die man schaffen kann.

Zukunft der jüdischen Gemeinden in Deutschland
RDB: Wie sehen Sie die Zukunft der jüdischen Gemeinden in Deutschland, in Europa?
JP: In Deutschland sind mehrere Dinge wichtig: Es muss möglich sein, dass die Vielfalt der jüdischen
Identitäten auch von den dort lebenden Juden selbst wahrgenommen wird, das die jüdischen Institutionen
das wahrnehmen. Insofern denke ich, dass sich die Institutionen und Gemeinden öffnen müssen. Es ist
auch sehr wichtig, dass die jungen Leute, von denen ich vorhin sprach, in Deutschland bleiben. Aber ich
denke, beides hängt zusammen. Wenn die jungen Leute das Gefühl haben, dass sie wahrgenommen
werden und Institutionen haben, die sie akzeptieren, dann ist es auch wahrscheinlicher, dass sie bleiben
und Juden bleiben. Was die Zukunft bringt, bleibt eine offene Frage. Das Interessante ist: es gibt jetzt so
viele Institutionen in Deutschland, für das jüdische Leben, besonders in Berlin. Es wäre wirklich, wenn
diese Institutionen leer stünden, ohne Juden. Auf der anderen Seite gibt es sehr viele Sachen in
Deutschland, in Europa, die von Nicht-Juden gemacht werden, die ebenfalls mit dem jüdischen Leben zu
tun haben. Auch dies sollte man auch wahrnehmen und willkommen heißen. Ich denke, es ist auch sehr
wichtig, dass Nicht-Juden an dieser jüdischen Identität teilnehmen.
(1) http://de.wikipedia.org/wiki/Barbara_Honigmann. (2) Vgl. http://juedischejugend2005.ag.fh-konstanz.de/ und
http://www.goethe.de/ges/rel/dos/jul/jug/deindex.htm.

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