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Regards contemporains sur l’Empire romain : la "piazza Augusto imperatore" et le "Foro Mussolini" dans la Rome fasciste / Philippe Foro
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Descriptif
Regards contemporains sur l’Empire romain : la piazza Augusto imperatore et le Foro Mussolini dans la Rome fasciste / Philippe Foro, in "Appropriations historiques dans l'opéra aux XIXe et XXe siècles" [Autour des opéras "Lucia di Lamermoor" et "Le Prophète"], journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordinationde Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 4 mai 2017.
* Images et prise de son : Service audiovisuel de la Mairie de Toulouse.
Dans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée par les valeurs morales les plus nobles et favorise même une quête de réalité, un fantasme bien trompeur pour une création artistique intrinsèquement fondée sur l’illusion scénique.
La mythologie gréco-romaine s’est penchée la première sur le berceau de l’opéra. La chronique historique l’a ensuite nourri de son lait plus humain, ouvrant dès ses origines l’empan des sujets favoris de ce spectacle lyrique décrit comme favola in musica (fable en musique) dans le cadre du fameux Orfeo (1607) de Monteverdi et présenté comme dramma per musica (représentation en musique) pour Le Couronnement de Poppée (1643) du même compositeur. Au fil des siècles, représenter l’Histoire à l’opéra est -presque– toujours une affaire sérieuse. La démarche n’est pas pour autant systématiquement idéologique. L’ambition d’un discours politique n’étant pas implicitement au coeur d’un projet d’opéra, un tel choix peut être simplement décoratif : ainsi Jules César, Alexandre le Grand et Tamerlan sont interchangeables dans l’opéra baroque, car leur intérêt réside plus dans la figure de l’homme de pouvoir que dans sa propre biographie. Au XIXe siècle, pour un public européen, la sphère historique de l’Antiquité est délaissée au profit d’un Moyen-Âge ou d’une Renaissance plus proches et plus intimes, chronologiquement et géographiquement. Cependant, il n’est pas certain que le plaisir spectaculaire d’un exotisme historique ait été pour autant rejeté au profit d’une leçon d’Histoire à la Michelet, où le passé historique est une clé de lecture du présent de l’actualité. Comment interpréter en digne spectateur d’opéra la représentation du Massacre de la Saint Barthélémy par Scribe et Meyerbeer dans Les Huguenots (1836) ? S’agit-il d’un beau spectacle violent et sanglant pour éblouir les sens ou d’un exutoire cathartique des horreurs de la Révolution Française encore présentes dans les mémoires ? Dans Dialogues des Carmélites (1957) de Poulenc, cette même Révolution est-elle destinée à être représentée scrupuleusement, alors qu’elle permet d’abord d’extérioriser les démons intérieurs entravant le chemin d’âmes frêles et fragiles vers une spiritualité pleine et entière ? L’opéra de Prokofiev, Guerre et Paix (1942), ne trahit-il pas une réelle difficulté propre au genre lyrique, lorsque qu’il se divise en deux parties, la première englobant l’essentiel de l’intrigue amoureuse entre Natacha, Andreï, Pierre et Anatole, la seconde basculant dans un autre type de spectacle, celui des fresques et tableaux historiques de la Campagne de Russie ? Faut-il accorder du crédit à ces critiques récurrentes à l’égard de Mathis le peintre (1935) de Paul Hindemith, qui rejettent la faute d’une absence de séduction musicale sur le dos de la reconstitution trop idéologique de la Guerre des paysans allemands de 1524, comme si l’Histoire avait trop d’atomes incompatibles avec la dimension musicale de l’opéra ? Et pour couronner le tout, sommes-nous encore dans la veine historique lorsque Moussorgski accepte de remanier son Boris Godounov (1869) en y ajoutant une intrigue amoureuse, sous prétexte qu’un opéra ne pourrait s’en passer ?
À l’occasion des représentations de Lucia di Lammermoor de Donizetti et du Prophète de Meyerbeer, l’Institut IRPALL en partenariat avec le Théâtre du Capitole réunit des spécialistes en musicologie et en histoire. Les chercheurs tentent d’éclairer la vaste question de la représentation de l’Histoire dans le champ particulier de l’opéra.
Mots clés : Italie (20e siècle) ; Art antique (influence), Fascisme (Italie) ; National-socialisme et antiquité
Thème
Documentation
Références documentaires
FORO, Philippe (dir.) (2020). L’Italie et l’Antiquité du Siècle des lumières à la chute du fascisme. Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 304 p.
CHAPOUTOT, Johann (2008). Le nazisme et l’antiquité. Paris, Presses Universitaires de France, 654 p. [Rééd. 2012].
FORO, Philippe (2007) L'autorité de l'Antiquité romaine dans le discours mussolinien, in Didier Foucault, Pascal Payen (dirs), Les Autorités. Dynamiques et mutations d'une figure de référence à l'Antiquité, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 75-83.
FORO, Philippe (2007). Les Italiens sont-ils des Romains ? Le discours du fascisme sur l'Antiquité et la Nation, in "Le caractère national. Mythe ou réalité ? Sources, problématiques, enjeux", Cahiers de la Maison de la Recherche en Sciences humaines de l'université de Caen, 48, mai 2007, 195-203.
FORO, Philippe (2005). Romaniser la Nation et nationaliser la romanité : l'exemple de l'Italie, Anabases. Traditions et réceptions de l'Antiquité, 1, printemps 2005, 105-117. [En ligne : https://journals.openedition.org/anabases/1325].
FORO, Philippe (2001). Archéologie et romanité fasciste. De la Rome des Césars à la Rome de Mussolini, in Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Pascal Payen (dirs), Retrouver, imaginer, utiliser l’Antiquité, Toulouse, Éditions Privat, 203-217.
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