Chapitres
Notice
La représentation de l’Histoire au XIXe siècle, entre distanciation et identification / Emmanuel Reibel
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
La représentation de l’Histoire au XIXe siècle, entre distanciation et identification / Emmanuel Reibel, in "Appropriations historiques dans l'opéra aux XIXe et XXe siècles" [Autour des opéras "Lucia di Lammermoor" et "Le Prophète"], journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordinationde Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 4 mai 2017. * Images et prise de son : Service audiovisuel de la Mairie de Toulouse.
Dans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée par les valeurs morales les plus nobles et favorise même une quête de réalité, un fantasme bien trompeur pour une création artistique intrinsèquement fondée sur l’illusion scénique. La mythologie gréco-romaine s’est penchée la première sur le berceau de l’opéra. La chronique historique l’a ensuite nourri de son lait plus humain, ouvrant dès ses origines l’empan des sujets favoris de ce spectacle lyrique décrit comme favola in musica (fable en musique) dans le cadre du fameux Orfeo (1607) de Monteverdi et présenté comme dramma per musica (représentation en musique) pour Le Couronnement de Poppée (1643) du même compositeur. Au fil des siècles, représenter l’Histoire à l’opéra est -presque- toujours une affaire sérieuse. La démarche n’est pas pour autant systématiquement idéologique. L’ambition d’un discours politique n’étant pas implicitement au coeur d’un projet d’opéra, un tel choix peut être simplement décoratif : ainsi Jules César, Alexandre le Grand et Tamerlan sont interchangeables dans l’opéra baroque, car leur intérêt réside plus dans la figure de l’homme de pouvoir que dans sa propre biographie. Au XIXe siècle, pour un public européen, la sphère historique de l’Antiquité est délaissée au profit d’un Moyen-Âge ou d’une Renaissance plus proches et plus intimes, chronologiquement et géographiquement. Cependant, il n’est pas certain que le plaisir spectaculaire d’un exotisme historique ait été pour autant rejeté au profit d’une leçon d’Histoire à la Michelet, où le passé historique est une clé de lecture du présent de l’actualité. Comment interpréter en digne spectateur d’opéra la représentation du Massacre de la Saint Barthélémy par Scribe et Meyerbeer dans Les Huguenots (1836) ? S’agit-il d’un beau spectacle violent et sanglant pour éblouir les sens ou d’un exutoire cathartique des horreurs de la Révolution Française encore présentes dans les mémoires ? Dans Dialogues des Carmélites (1957) de Poulenc, cette même Révolution est-elle destinée à être représentée scrupuleusement, alors qu’elle permet d’abord d’extérioriser les démons intérieurs entravant le chemin d’âmes frêles et fragiles vers une spiritualité pleine et entière ? L’opéra de Prokofiev, Guerre et Paix (1942), ne trahit-il pas une réelle difficulté propre au genre lyrique, lorsque qu’il se divise en deux parties, la première englobant l’essentiel de l’intrigue amoureuse entre Natacha, Andreï, Pierre et Anatole, la seconde basculant dans un autre type de spectacle, celui des fresques et tableaux historiques de la Campagne de Russie ? Faut-il accorder du crédit à ces critiques récurrentes à l’égard de Mathis le peintre (1935) de Paul Hindemith, qui rejettent la faute d’une absence de séduction musicale sur le dos de la reconstitution trop idéologique de la Guerre des paysans allemands de 1524, comme si l’Histoire avait trop d’atomes incompatibles avec la dimension musicale de l’opéra ? Et pour couronner le tout, sommes-nous encore dans la veine historique lorsque Moussorgski accepte de remanier son Boris Godounov (1869) en y ajoutant une intrigue amoureuse, sous prétexte qu’un opéra ne pourrait s’en passer ? À l’occasion des représentations de Lucia di Lammermoor de Donizetti et du Prophète de Meyerbeer, l’Institut IRPALL en partenariat avec le Théâtre du Capitole réunit des spécialistes en musicologie et en histoire. Les chercheurs tentent d’éclairer la vaste question de la représentation de l’Histoire dans le champ particulier de l’opéra.
Mots clés : Opéras (19e siècle) ; Opéra et histoire ; Histoire (dans l'opéra) ; Opéra (France) ; Fromental Halévy (1799-1862) ; Giacomo Meyerbeer (1791-1864)
Thème
Documentation
Références documentaires
REIBEL, Emmanuel (2017). Entre histoire anecdotique et littérature : le genre des « petits mystères » de l’Opéra, in Séverine Féron et Patrick Taïeb (dirs), "Écrire l’histoire du théâtre. L’historiographie des institutions lyriques françaises (1780-1914)", Territoires contemporains, 8, [En ligne : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/publications/historiographie_institutions_lyriques_francaises/Emmanuel_Reibel.html].
Le Prophète. Meyerbeer (2017), L'Avant-Scène Opéra, 298, mai 2017, 104 p.
LACOMBE, Hervé (2003). Histoire et opéra, in "L'opéra à la croisée de l'histoire et de la musicologie", Histoire, Économie et Société, 2, vol. 22, 147-151. [En ligne : https://www.persee.fr/issue/hes_0752-5702_2003_num_22_2].
GROSSIR, Claudine (1998). Scribe : l’histoire en scène, in Olivier BARA, Jean-Claude YON (dirs), Eugène Scribe: un maître de la scène théâtrale et lyrique au XIXe siècle. Presses Universitaire de Rennes, 131-143.
MICHELET, Jules (1876). Œuvres complètes. Histoire de France : Moyen Âge. Tome premier, Préface de 1869. Paris, Éditions A. Lacroix et Cie. [En ligne : http://www.gutenberg.org/files/47969/47969-h/47969-h.htm].
BLAZE DE BURY, Henri (1865). Meyerbeer, sa vie et ses œuvres. VIII, Le Ménestrel, 11, 32e année, 12 février 1865, 81-83. [En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57827176/].
MÉRIMÉE, Prosper [1829] (1890). Chronique du règne de Charles IX. Paris, Éditions Calmann Lévy, 373 p. [En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2024005].
Dans la même collection
-
L’irruption de l’Histoire dans la maison de Dieu : prière et terreur dans "Dialogues des Carmélites…
LacombeHervéDans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée
-
Regards contemporains sur l’Empire romain : la "piazza Augusto imperatore" et le "Foro Mussolini" d…
ForoPhilippeDans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée
-
Histoire et « Romanitas » dans l’opera seria : le cas des livrets mis en musique par Handel à Londr…
CervantesXavierDans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée
-
"Mathis der Maler" de Paul Hindemith : le discours lyrique appliqué à une narration historique fact…
Dans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée
Avec les mêmes intervenants
-
Quelques idées reçues à propos du "Faust" de Gounod / Emmanuel Reibel
ReibelEmmanuelL’extraordinaire développement de la légende de Faust au XIXe siècle a touché toutes les formes artistiques et littéraires. Mais plus encore, l’histoire de Faust constitue un cas d’appropriation
Sur le même thème
-
Les défis artistiques et musicaux du 2e acte de "La Bohème" depuis la fosse d'orchestre / Michel Le…
LehmannMichelTableau réaliste d’une vie de quartier parisien, d’une vie de bohème, l’œuvre de Puccini offre l’occasion d’interroger ce qui fait réalisme sur la scène et dans quelles conditions. Tableau pittoresque
-
Le Barbier de Séville. Les versions de Paisiello et de Rossini : les fondements crédibles d’un duel…
ChassotJean-FabriceSabyPierreLehmannMichelPilier du répertoire lyrique depuis sa création en 1816, Il Barbiere di Siviglia de Rossini est une énième adaptation de la pièce de Beaumarchais donnée pour la première fois en 1775. Si la version de
-
Peut-on rire en musique sous les Lumières ? / Julien Garde
GardeJulienDonné en 1745 à la cour du roi louis XV, "Platée" offre l’occasion de dresser un contexte historique, culturel et artistique riche en événements et en polémiques. Le siècle des Lumières pose en lui
-
Platée buffo : miroir de l’italianité dans la comédie lyrique de Le Valois d’Orville et Rameau / Je…
LattaricoJean-FrançoisLehmannMichelDonné en 1745 à la cour du roi louis XV, 'Platée' offre l’occasion de dresser un contexte historique, culturel et artistique riche en événements et en polémiques. Le siècle des Lumières pose en lui
-
Une Antiquité rêvée entre parodie et satire : les exemples de 'Platée' et 'Arlequin Thésée' (1745) …
François-GarelliMarie-HélèneDonné en 1745 à la cour du roi louis XV, 'Platée' offre l’occasion de dresser un contexte historique, culturel et artistique riche en événements et en polémiques. Le siècle des Lumières pose en lui
-
L'ombre du Grand Opéra meyerbeerien et l'héritage du drame romantique français dans la "Forza del d…
LehmannMichelDans cette communication, Michel Lehmann analyse comment Verdi dans La Forza del destino, s’affranchit des contraintes du classicisme formel de l’opéra des années 1840-1860, à la fois par un travail
-
Opéras symbolistes et ramifications wagnériennes : enquête de styles chez Debussy, Dukas et Korngol…
Les premiers écrivains symbolistes français avaient pourtant ouvertement proclamé leur déférence à l’égard de la théorie de l’Art Total de Wagner, une façon de se ranger en bon ordre sous une unique
-
« È morta ! » : formules spectaculaires de chute de rideau dans l’opéra italien de Verdi à Puccini …
De la comédie à la tragédie, le rideau tombe sur des scènes finales très différentes, où la mort s’invite fréquemment. Les romantiques apprécient la mort de l’héroïne, victime comme Tosca, rédemptrice
-
Le tragique au Grand Siècle depuis les tragédies en musique de Lully / Yann Mahé
MahéYannDe la comédie à la tragédie, le rideau tombe sur des scènes finales très différentes, où la mort s’invite fréquemment. Les romantiques apprécient la mort de l’héroïne, victime comme Tosca, rédemptrice
-
L’irruption de l’Histoire dans la maison de Dieu : prière et terreur dans "Dialogues des Carmélites…
LacombeHervéDans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée
-
La mode de l’Autre en musique au tournant du XXe siècle en France : le cas Debussy / Mylène Dubiau
Dubiau-FeuilleracMylèneEn ce début de XXe siècle, l’histoire de la princesse Turandot, située en Chine mais puisant dans un vivier de contes persans, modelée à travers les rouages de la commedia dell’arte par la plume de
-
Les émotions des personnages au coeur de la tourmente révolutionnaire. De nouveaux enjeux pour l'op…
GrosperrinJean-PhilippeRodriguezChristineVerdi et Wagner ont toujours affiché l’intention d’engager un processus de révolution au sein de l’opéra, révolution aussi bien idéologique qu’esthétique. 'Tannhäuser' (1845) et 'Il trovatore' (1853)