Chapitres
- Introduction02'07"
- L'Histoire dans le roman de Bernanos05'41"
- Poulenc, les "Dialogues" et l'Histoire03'09"
- Révolution, terreur et vie spirituelle06'00"
- Le choeur comme représentation de la puissance collective03'26"
- Final des "Huguenots" de Meyerbeer vs final des "Dialogues"06'13"
- Deux mises en scène du final des "Dialogues" à l'opéra12'59"
- Conclusion01'53"
Notice
L’irruption de l’Histoire dans la maison de Dieu : prière et terreur dans "Dialogues des Carmélites" de Francis Poulenc / Hervé Lacombe
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Descriptif
L’irruption de l’Histoire dans la maison de Dieu : prière et terreur dans Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc / Hervé Lacombe, in "Appropriations historiques dans l'opéra aux XIXe et XXe siècles" [Autour des opéras "Lucia di Lammermoor" et "Le Prophète"], journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordinationde Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 4 mai 2017. * Images et prise de son : Service audiovisuel de la Mairie de Toulouse.
Dans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée par les valeurs morales les plus nobles et favorise même une quête de réalité, un fantasme bien trompeur pour une création artistique intrinsèquement fondée sur l’illusion scénique. La mythologie gréco-romaine s’est penchée la première sur le berceau de l’opéra. La chronique historique l’a ensuite nourri de son lait plus humain, ouvrant dès ses origines l’empan des sujets favoris de ce spectacle lyrique décrit comme favola in musica (fable en musique) dans le cadre du fameux Orfeo (1607) de Monteverdi et présenté comme dramma per musica (représentation en musique) pour Le Couronnement de Poppée (1643) du même compositeur. Au fil des siècles, représenter l’Histoire à l’opéra est -presque- toujours une affaire sérieuse. La démarche n’est pas pour autant systématiquement idéologique. L’ambition d’un discours politique n’étant pas implicitement au coeur d’un projet d’opéra, un tel choix peut être simplement décoratif : ainsi Jules César, Alexandre le Grand et Tamerlan sont interchangeables dans l’opéra baroque, car leur intérêt réside plus dans la figure de l’homme de pouvoir que dans sa propre biographie. Au XIXe siècle, pour un public européen, la sphère historique de l’Antiquité est délaissée au profit d’un Moyen-Âge ou d’une Renaissance plus proches et plus intimes, chronologiquement et géographiquement. Cependant, il n’est pas certain que le plaisir spectaculaire d’un exotisme historique ait été pour autant rejeté au profit d’une leçon d’Histoire à la Michelet, où le passé historique est une clé de lecture du présent de l’actualité. Comment interpréter en digne spectateur d’opéra la représentation du Massacre de la Saint Barthélémy par Scribe et Meyerbeer dans Les Huguenots (1836) ? S’agit-il d’un beau spectacle violent et sanglant pour éblouir les sens ou d’un exutoire cathartique des horreurs de la Révolution Française encore présentes dans les mémoires ? Dans Dialogues des Carmélites (1957) de Poulenc, cette même Révolution est-elle destinée à être représentée scrupuleusement, alors qu’elle permet d’abord d’extérioriser les démons intérieurs entravant le chemin d’âmes frêles et fragiles vers une spiritualité pleine et entière ? L’opéra de Prokofiev, Guerre et Paix (1942), ne trahit-il pas une réelle difficulté propre au genre lyrique, lorsque qu’il se divise en deux parties, la première englobant l’essentiel de l’intrigue amoureuse entre Natacha, Andreï, Pierre et Anatole, la seconde basculant dans un autre type de spectacle, celui des fresques et tableaux historiques de la Campagne de Russie ? Faut-il accorder du crédit à ces critiques récurrentes à l’égard de Mathis le peintre (1935) de Paul Hindemith, qui rejettent la faute d’une absence de séduction musicale sur le dos de la reconstitution trop idéologique de la Guerre des paysans allemands de 1524, comme si l’Histoire avait trop d’atomes incompatibles avec la dimension musicale de l’opéra ? Et pour couronner le tout, sommes-nous encore dans la veine historique lorsque Moussorgski accepte de remanier son Boris Godounov (1869) en y ajoutant une intrigue amoureuse, sous prétexte qu’un opéra ne pourrait s’en passer ? À l’occasion des représentations de Lucia di Lammermoor de Donizetti et du Prophète de Meyerbeer, l’Institut IRPALL en partenariat avec le Théâtre du Capitole réunit des spécialistes en musicologie et en histoire. Les chercheurs tentent d’éclairer la vaste question de la représentation de l’Histoire dans le champ particulier de l’opéra.
Mots clés : Opéra et histoire , Histoire (dans l'opéra) ; Poulenc, Francis (1899-1963). Dialogues des carmélites. FP 159 ; Meyerbeer, Giacomo (1791-1864). Les Huguenots ;
Thème
Documentation
Références documentaires
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GUILLOUX, Fabien (2019). Les maîtres du grand opéra : Auber, Meyerbeer, Halévy, in Romain Feist, Marion Mirande, Le grand opéra, 1828-1867. Le spectacle de l’Histoire[catalogue d'exposition], Paris, Editions Réunion des Musées Nationaux, 24-31 p.
LACOMBE, Hervé, SOUTHON, Nicolas (dirs) (2016). Autour des Dialogues des Carmélite [chapitre 3], in Fortune de Francis Poulenc : diffusion, interprétation, réception. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 119-179.
LACOMBE, Hervé, KAYAS, Lucie (dirs) (2016). Du langage au style. Singularités de Francis Poulenc. Paris, Éditions de la Société Francaise de Musicologie, 394 p.
POURADIER, Maud (2016). Opéra : le miracle et sa reprise, in Marianne Massin (dir.), Célébrer / profaner : dynamiques de l'écoute et de la création musicale, Ambronay, Éditions du Centre Culturel d'Ambronay, 109-122. [En ligne : https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-01780695/document].
RICHARD, Philippe (2015). L'écriture de l'abandon. Esthétique carmélitaine de l'oeuvre romanesque de Georges Bernanos. Paris, Honoré Champion éditeur, 631 p.
VERREY, Arnaud (2015). Les Huguenots : un opéra huguenot ?, Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, 4, tome 161, 539-566.
CHIMÈNES, Myriam (2010). Les "Dialogues des Carmélites" dans la correspondance de Francis Poulenc, Avant-Scène Opéra, 257, 84-91.
LACOMBE, Hervé (dir.) (2003). Histoire et opéra, in "L'opéra, à la croisée de l'histoire et de la musicologie", Histoire, économie et société, 2, 22ᵉ année, 147-151. [En ligne : https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_2003_num_22_2_2314].
GENDRE, Claude (2001). Genèse de l’opéra de Francis Poulenc "Dialogues des carmélites", Études bernanosiennes, 22, 227-242.
BONNEL, Roland G. (1991). Révolution et sainteté dans les "Dialogues des Carmélites", The French Review, 5, vol. 64, 784-793.
BRÈQUE, Jean-Michel (1990). Loin de Mérimée et du grand opéra historique, "Les Huguenots", L'Avant-Scène Opéra, 134, [Rééd. 2020, n°305].
BLAZE, Henri (1836). Poètes et Musiciens de l’Allemagne. II. M. Meyerbeer, Revue des Deux Mondes, tome 5, 678-711. [En ligne : https://archive.org/details/revuedesdeuxmond011836pari/page/678/mode/2up].
Liens
Le site internet du théâtre du Capitole de Toulouse
Le site web de l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL)
Les Huguenots [opéra] : Acte V, scène 2, Giacomo Meyerbeer, 10mn. (sur YouTube)
Dialogues de Carmélites de Francis Poulenc [partition] (1957)
Nocturne n° 1 en do majeur, Francis Poulenc, par Erik Parkin, 1990, 3'16" (sur YouTube)
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