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Histoire et « Romanitas » dans l’opera seria : le cas des livrets mis en musique par Handel à Londres (1711-1741) / Xavier Cervantès
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Descriptif
Histoire et « Romanitas » dans l’opera seria : le cas des livrets mis en musique par Handel à Londres (1711-1741) / Xavier Cervantès, in "Appropriations historiques dans l'opéra aux XIXe et XXe siècles" [autour des opéras "Lucia di Lamermoor" et "Le Prophète"], journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordinationde Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 4 mai 2017.
* Images et prise de son : Service audiovisuel de la Mairie de Toulouse.
Dans l’immense vivier des sujets d’opéras, l’Histoire est une alternative au mythologique et au légendaire. Sa représentation sur scène s’éloigne du merveilleux, valorise la destinée humaine guidée par les valeurs morales les plus nobles et favorise même une quête de réalité, un fantasme bien trompeur pour une création artistique intrinsèquement fondée sur l’illusion scénique.
La mythologie gréco-romaine s’est penchée la première sur le berceau de l’opéra. La chronique historique l’a ensuite nourri de son lait plus humain, ouvrant dès ses origines l’empan des sujets favoris de ce spectacle lyrique décrit comme favola in musica (fable en musique) dans le cadre du fameux Orfeo (1607) de Monteverdi et présenté comme dramma per musica (représentation en musique) pour Le Couronnement de Poppée (1643) du même compositeur. Au fil des siècles, représenter l’Histoire à l’opéra est -presque– toujours une affaire sérieuse. La démarche n’est pas pour autant systématiquement idéologique. L’ambition d’un discours politique n’étant pas implicitement au coeur d’un projet d’opéra, un tel choix peut être simplement décoratif : ainsi Jules César, Alexandre le Grand et Tamerlan sont interchangeables dans l’opéra baroque, car leur intérêt réside plus dans la figure de l’homme de pouvoir que dans sa propre biographie. Au XIXe siècle, pour un public européen, la sphère historique de l’Antiquité est délaissée au profit d’un Moyen-Âge ou d’une Renaissance plus proches et plus intimes, chronologiquement et géographiquement. Cependant, il n’est pas certain que le plaisir spectaculaire d’un exotisme historique ait été pour autant rejeté au profit d’une leçon d’Histoire à la Michelet, où le passé historique est une clé de lecture du présent de l’actualité. Comment interpréter en digne spectateur d’opéra la représentation du Massacre de la Saint Barthélémy par Scribe et Meyerbeer dans Les Huguenots (1836) ? S’agit-il d’un beau spectacle violent et sanglant pour éblouir les sens ou d’un exutoire cathartique des horreurs de la Révolution Française encore présentes dans les mémoires ? Dans Dialogues des Carmélites(1957) de Poulenc, cette même Révolution est-elle destinée à être représentée scrupuleusement, alors qu’elle permet d’abord d’extérioriser les démons intérieurs entravant le chemin d’âmes frêles et fragiles vers une spiritualité pleine et entière ? L’opéra de Prokofiev, Guerre et Paix (1942), ne trahit-il pas une réelle difficulté propre au genre lyrique, lorsque qu’il se divise en deux parties, la première englobant l’essentiel de l’intrigue amoureuse entre Natacha, Andreï, Pierre et Anatole, la seconde basculant dans un autre type de spectacle, celui des fresques et tableaux historiques de la Campagne de Russie ? Faut-il accorder du crédit à ces critiques récurrentes à l’égard de Mathis le peintre (1935) de Paul Hindemith, qui rejettent la faute d’une absence de séduction musicale sur le dos de la reconstitution trop idéologique de la Guerre des paysans allemands de 1524, comme si l’Histoire avait trop d’atomes incompatibles avec la dimension musicale de l’opéra ? Et pour couronner le tout, sommes-nous encore dans la veine historique lorsque Moussorgski accepte de remanier son Boris Godounov (1869) en y ajoutant une intrigue amoureuse, sous prétexte qu’un opéra ne pourrait s’en passer ?
À l’occasion des représentations de Lucia di Lammermoor de Donizetti et du Prophète de Meyerbeer, l’Institut IRPALL en partenariat avec le Théâtre du Capitole réunit des spécialistes en musicologie et en histoire. Les chercheurs tentent d’éclairer la vaste question de la représentation de l’Histoire dans le champ particulier de l’opéra.
Mots clés : Art antique (influence) ; Livrets d'opéra (sources) ; Georg Friedrich Händel (1685-1759) ; Opéras seria ; Opéras (18e siècle)
Thème
Documentation
Références documentaires
BROWN, Peter (2017). Ombra mai fu: Shades of Greece and Rome in the Librettosfor Handel’s London Operas, in Colin TIMMS, Bruce WOOD, Music in the London Theatre from Purcell to Handel, Cambridge University Press, 83-98.
CERVANTÈS, Xavier (2013). "Thou once great seat of Arms, thou Nurse of Heroes" : History and Romanitas in Early-18th-Century London Opera Librettos, in Alison Yarrington, Stefano Villanin, Julia Kelly (eds), Travels and Translations : Anglo-Italian Cultural Transactions, Amsterdam, Rodopi publisher, 165-180.
CERVANTÈS, Xavier (2011). Du mécène aristocratique à l'entrepreneur professionnel : l'opéra italien comme enjeu social et culturel à Londres 1705-1745, Dix-huitième siècle, 1, vol. 43, 77-99. [En ligne : https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2011-1-page-77.htm].
HERMANN, Claude (2010). L’opéra à Londres de 1711 à 1724, in Giulio Cesare. Haendel, Avant-Scène Opéra, 97, 120 p.
EOUZAN, Fanny (2009). L’Arioste réécrit pour l’opéra: un voyage en Europe et dans les genres, Cahiers d’études romanes, 20, 321-345. [En ligne : https://journals.openedition.org/etudesromanes/1865].
FORMENT, Bruno (2006). La Terra, il cielo e l'inferno. The Representation and reception of greco-roman mythology in opera seria. Thèse de doctorat en Arts. Université de Gand, Faculté des Arts et de la Philosophie, 471 p. [En ligne : https://biblio.ugent.be/publication/470855/file/1880109].
HARRIS, Ellen T. (1989). The Librettos of Handel's Operas: a collection of seventy-one librettos documenting Handel's operatic career. [Volume 4: Giulio Cesare, Tamerlano, Rodelinda, Scipione]. New York, Garland Publishing, 375 p. [En ligne : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015013625275].
NOIRAY, Michel (1997). L’opéra seria de Haendel à Mozart : réflexions préalables à une analyse du répertoire, Musurgia, 4, 29-39.
CERVANTÈS, Xavier (1994). De la découverte à la redécouverte : l'aristocratie anglaise et l'importation de l'opéra italien à Londres au début du XVIIIe siècle, XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles, 38, 45-60. [En ligne : https://www.persee.fr/doc/xvii_0291-3798_1994_num_38_1_1283].
JOLY, Jacques (1978). Les fêtes théâtrales de Métastase à la Cour de Vienne (1731-1767). Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines, Université de Clermont-Ferrand II, 526 p.
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