Ouverture de la journée par le ministère de
l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Anne-Sophie Barthez, directrice générale
de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle du MESRI
Je remercie grandement l’ensemble
des organisateurs et organisatrices, l’INSA de Rouen, les trois conférences (CDEFI,
CPU et CGE), la CPED (Conférence Permanente des chargé.e.s de mission Egalité
et Diversité), l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) et le
département des stratégies de ressources humaines, de la parité et de la lutte
contre les discriminations du MESRI. Je remercie également l’ensemble des
intervenantes et intervenants issus du terrain, des institutions partenaires,
des services de l’administration centrale, ainsi que les chercheurs et
chercheuses. Un grand merci aussi aux 600 personnes inscrites à l’événement,
parmi lesquelles je relève une grande diversité de profil.
La question des VSS dans
l’ESR a d’abord été soulevée grâce aux lanceurs d’alerte, avant les premières mesures
dans les années 2000, puis en 2012, avant le grand tournant du colloque
international du 4 décembre 2017 à Paris-Diderot, avec l’appel de la Ministre à
créer un dispositif de lutte contre les VSS dans chaque établissement de l’ESR,
et le lancement de quatre groupes de travail (enquêter, former, communiquer et
mettre en place des dispositifs). Puis, le MESRI s’est emparé progressivement de
la lutte contre le racisme et l’antisémitisme puis contre les LGBTIphobies.
La loi
du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, qui marque
une nouvelle étape clé, rend obligatoire la création d’un dispositif de
signalement des VSS et des discriminations dans chaque établissement. Dernièrement,
une réforme du disciplinaire devrait conduire à une meilleure prise en charge
des signalements et à un meilleur accompagnement des victimes.
Cette journée sera donc l’occasion
de faire le point sur les actions menées depuis une vingtaine d’années, alors
que des dispositifs fonctionnent et d’autres moins.
A l’issue de la journée,
nous lancerons une plateforme en ligne qui permettra à chaque établissement,
via un questionnaire, de renseigner les informations relatives à son dispositif
VSS-discrimination. Cette plateforme permettra d’actualiser la cartographie des
dispositifs, d’accompagner les établissements dans ces dispositifs et d’améliorer
la visibilité nationale des initiatives mises en place.
Mot d’accueil des trois conférences d’établissements
Conférence des Grandes Ecoles
Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence
des Grandes Ecoles
La CGE représente 220 grandes
écoles françaises dans tous les domaines. Depuis la signature de la charte
égalité femmes-hommes de 2013 et l’adoption des 17 objectifs des Nations Unies,
beaucoup de chemin a été parcouru. Depuis 2014, la CGE dispose d’un baromètre
avec des indicateurs. Cependant, des progrès restent à réaliser dans les cellules
et les dispositifs de lutte contre les VSS mis en place dans les écoles. En
2019, notre baromètre égalité femmes-hommes indiquait que 60 % des grandes écoles disposaient
d’une cellule avec une personne contact formée aux VSS. En termes de visibilité
des initiatives, nous venons de publier un livre
blanc de l’égalité femmes-hommes qui montre comment les grandes
écoles se sont appropriées la charte de 2013 et comment les établissements
peuvent faire évoluer des schémas et former des étudiantes et étudiants, demain
en responsabilité, aux questions d’égalité femmes-hommes et de lutte contre les
VSS. Par ailleurs, suite aux lancements d’alertes, les écoles de management de
la CGE ont élaboré une charte
sur l’inclusion et la diversité, en cours d’élargissement aux autres
écoles. Cependant, ces démarches ne sont efficaces que si les étudiantes et
étudiants s’engagent dans ces actions. A cet effet, le Bureau national des étudiants
en écoles de management (BNEM) a élaboré une charte
de responsabilité contre les discriminations et les violences, afin d’impliquer
toute la communauté étudiante. Plus largement, des associations se sont créées dans
de nombreuses écoles et travaillent sur ces thématiques.
Conférence des Présidents d’Université
Jean-François Balaudé, président de la commission
des moyens et des personnels de la Conférence des Présidents d’Université
Que de chemin parcouru
depuis la diffusion du vade-mecum
de lutte contre le harcèlement sexuel en 2017 et d’actions engagées
depuis la journée des missions égalité du 4 décembre 2017. Aujourd’hui, des cellules
d’écoute et d’accueil existent dans chaque université et permettent aux établissements
d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis des étudiantes et étudiants.
Plusieurs événements thématiques, nationaux ou locaux, ont eu lieu, des
formations dédiées sont dispensées et la législation continue d’évoluer.
Cependant, malgré un bilan conséquent des actions accomplies en trois ans, il
convient de se projeter et de passer à une nouvelle étape, à laquelle la
plateforme en ligne peut contribuer. Il faut développer la sensibilisation aux
VSS, car la prévention constitue un élément majeur, notamment auprès du public
étudiant, en y incluant la sensibilisation au cyber-harcèlement. Il faut aussi
redimensionner les cellules d’écoute et d’accueil, de plus en plus sollicitées,
et évoluer vers une institutionnalisation, voire une professionnalisation,
notamment dans les grandes universités.
Cette journée offre
l’occasion de demander au ministère d’accompagner financièrement les universités
sur cette question, afin de recruter des personnes à plein temps sur ces missions.
Il convient donc d’évaluer l’existant et de passer à une autre échelle, comme
l’intérêt de développer un réseau européen de prévention des VSS, dans le cadre
de la stratégie de la Commission européenne en faveur de l’égalité femmes-
hommes.
Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises
d’Ingénieurs
Philippe Dépincé, président de la
commission formation et société de la Conférence des Directeurs des Ecoles
Françaises d’Ingénieurs
Les écoles d’ingénieurs
accordent une grande importance au thème sensible de cette journée, car le
comportement de nos étudiantes et étudiants est le reflet de leur futur
comportement professionnel. De nombreuses campagnes, contre les discriminations
ou le bizutage, ont été réalisées. Cependant, nous ne devons pas relâcher nos efforts.
L’étude
Femmes Ingénieures de 2016 montrait la banalisation du sexisme ambiant
en écoles d’ingénieurs. Il en ressortait aussi un tabou sur les agressions
sexuelles. Plus récemment, une enquête
de l’Observatoire étudiant des VSS dans l’enseignement supérieur (octobre
2020) met en évidence une perception de l’inégalité en lien avec le niveau
d’étude, ainsi que les principales causes à l’origine des VSS, à savoir l’effet
de groupe, le sentiment d’impunité, le manque d’éducation et l’alcool.
Au sein de la CDEFI, nous
savons que plus les femmes sont minoritaires, plus elles sont la cible de VSS.
D’où la nécessité d’une meilleure parité chez les élèves et les enseignantes-enseignants.
Nous devons « dégenrer » les matières scientifiques
dès le plus jeune âge afin de permettre, très tôt, une orientation paritaire
vers l’enseignement supérieur. Nous devons aussi lutter contre la banalisation du
sexisme par la sensibilisation et l’information sur les stéréotypes de notre
société. A cet effet, la CDEFI a lancé le concours Ingénieuses
dès 2011 et Cap Ingénieuses, à destination des collèges, en 2020, afin de
lutter contre les stéréotypes de genre, favoriser une orientation mixte et
tisser des liens avec les établissements scolaires, les associations et les
entreprises. Nous avons également contribué à la réalisation de kits de communication
sur les VSS, et participons actuellement aux modifications au sein du R&O[1]
de la CTI (commission des titres d’ingénieurs) pour renforcer les enjeux de
responsabilité sociale dans nos établissements. Nous participons aussi à des actions
pour les jeunes lycéennes avec différentes associations (Bureau National des
Elèves Ingénieurs, Femmes Ingénieures). Plus largement, je souhaite que les initiatives
menées fassent disparaître les VSS et que l’écart entre les textes et la
réalité se réduise.
Béatrice Noël, cheffe du département
des stratégies des ressources humaines, de la parité et de la lutte contre les discriminations
(MESRI)
Une personne demande si la
plateforme sera accessible aux établissements de type EPIC. La réponse est oui,
car l’objectif de cette plateforme vise à valoriser les initiatives au-delà des
EPSCP et EPST.
Une personne demande si les chartes
de la CGE sont accessibles. Ces chartes sont accessibles sur le site internet de la CGE.
Mot
d’accueil de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité de
Normandie :
les coopérations territoriales pour lutter contre les VSS et les
discriminations
Hugues Demoulin, directeur régional
aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE, Normandie)
Nous avions initialement prévu
une soirée théâtre forum avec une compagnie, un mode original de sensibilisation
aux VSS, un sujet complexe à appréhender. A ce titre, la professionnalisation,
afin de qualifier les faits, me semble une étape indispensable.
Dans chaque région, il existe
un réseau aux droits des femmes et à l’égalité, avec une direction régionale et
des délégations départementales. Ce réseau reste à votre écoute afin de
soutenir vos initiatives. A l’échelle régionale, il convient de renforcer le travail
de collaboration et de partenariat. En effet, les VSS reposent sur les mêmes
schémas dans tous les domaines. Nous devons travailler par rapport aux auteurs,
évidemment, mais aussi par rapport au contexte, et pas seulement les comportements
et les victimes. En Normandie, nous établissons le lien entre les différentes
structures concernées, dont les établissements de l’enseignement supérieur,
pour les étudiantes-étudiants comme pour le personnel. Nous travaillons sur le
milieu professionnel, l’enseignement et le sport.
Pour travailler sur le
sujet, il est nécessaire tout d’abord de disposer d’une stratégie et d’indicateurs.
Or ces derniers demeurent insuffisants. Nous devons aussi hiérarchiser les
objectifs (formation de l’encadrement, travail avec les associations
étudiantes, etc.) et les séquencer dans le temps.
Il s’agit aussi d’organiser
des manifestations institutionnelles afin, par exemple, d’inscrire les VSS dans
les plans de santé au travail. Puis, nous devons privilégier un angle d’attaque,
tel que « la santé en Normandie », afin de mobiliser les acteurs et
actrices sur le sujet. Il est également nécessaire de nouer des
partenariats : droits des femmes, médecine, associations, etc.
Enfin, nous devons disposer
de ressources, déjà nombreuses : kits de sensibilisation et
supports de communication. Cependant, nous avons besoin de ressources
territorialisées comportant des informations locales.
Enfin, si vous souhaitez
travailler sur les VSS en tant qu’établissement employeur, le fond d’égalité
professionnelle lance chaque année un appel à projets.
Béatrice Noël, cheffe du département
des stratégies des ressources humaines, de la parité et de la lutte contre les
discriminations (MESRI)
Une personne s’interroge sur
le recours, par les établissements, à un psychologue du travail. Des
établissements ont déjà eu recours à des psychologues du travail pour concevoir
leur dispositif de lutte contre les VSS.
Une personne s’enquiert du
nom de la plateforme. Elle n’en a pas encore. Nous sommes ouverts à vos éventuelles
propositions.
[1]
Le R&0 (références
et orientations) est le texte de référence de base de la CTI pour
l’accréditation des écoles d’ingénieurs à délivrer le diplôme.
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