Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Campus Condorcet
Langue :
Français
Détenteur des droits
CNRS - EHESS
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
Citer cette ressource :
EHESS. (2022, 20 mai). Session 13 : Approches ethnographiques de la cartographie autochtone , in JUSTIP- Justice et Droits des Peuples Autochtones . [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/137756. (Consultée le 25 avril 2025)

Session 13 : Approches ethnographiques de la cartographie autochtone

Réalisation : 20 mai 2022 - Mise en ligne : 15 février 2023
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Descriptif

Modération : Jean Leclair

Brian Thom : Mapping Indigenous Pasts and Futures : the Indigenization of Municipal Land Use

Planning.

L'utilisation de méthodes ethnographiques pour informer les projets cartographiques autochtones peut

fournir un cadre puissant pour soutenir la justice spatiale autochtone. Je décrirai en détail nos

collaborations avec plusieurs communautés salishs de la côte ouest du Canada pour intégrer des cartes

autochtones dans les processus publics. Je préciserai un cas, dans lequel le fait d'intégrer les présences,

les récits et les histoires autochtones dans une carte Google Earth a modifié l'aménagement du territoire

dans une banlieue non-autochtone qui s'était développée au-dessus d'un paysage culturel autochtone.

Dans ce travail, les peuples autochtones ont exploité leurs connaissances par le biais de cartes et

d'histoires, injectant leur vision de l'avenir dans la manière dont le gouvernement municipal renouvelle

ses plans d'aménagement du territoire à long terme.

Justine Gagnon, avec Caroline Desbiens : Cartographier les paysages ennoyés : le devoir de

mémoire comme impératif de justice

S’appuyant sur les recherches menées en collaboration avec les Innus de Pessamit, cette présentation

mettra en évidence le rôle et la portée des outils cartographiques pour appuyer la reconstitution des

terres ennoyées par le développement hydroélectrique sur d’importantes rivières du Nitassinan

(territoire ancestral innu) durant les années 1950, 60 et 70. Perçue comme un désastre tant par les

ainé.e.s que par les descendant.e.s de ceux et celles qui ont connu ces bouleversements, l’époque des

grands projets hydroélectriques dans la région nord côtière a toutefois laissé comme héritage une forme

d’abus d’oubli ((Ricoeur, 2003). Les effets pérennes de l’obstruction de ces routes ancestrales et des

délocalisations subséquentes sont en effet demeurés en marge du « grand récit québécois », si bien que

les voix innues peinent encore à résonner. Dans ce contexte, la carte et sa capacité à rendre visible

l’invisible peut agir comme un support mémoriel, mais également comme une preuve que ce qui en

l’apparence n’est plus, persiste pourtant. Car s’il est une chose que l’État et l’industrie ne sont pas

parvenus à effacer, ce sont les souvenirs que les gens ont conservé de leurs territoires, de même que la

mémoire, individuelle et collective, relative à leur ennoiement.

Fabrice Dubertret : « Enjeux et perspectives d’une cartographie mondiale des territoires

autochtones »

Depuis quelques décennies, un nombre croissant de peuples autochtones cartographient leurs

territoires. Ces cartes visent très souvent à alimenter une stratégie carto-légale de sécurisation de droits

fonciers revendiqués : elles sont mobilisées auprès des cours de justice où elles attestent des

territorialités autochtones. En parallèle, la démocratisation des technologies de l’information et de la

communication, du GPS à Internet, permet aujourd’hui à ces cartes d’être également mobilisées dans

une stratégie carto-politique : en explicitant leurs revendications spatiales aux yeux de tous, notamment

au sein de plateformes web dédiées, les peuples autochtones contestent le monopole historique de la

cartographie d’État qui a longtemps réduit au silence jusqu’à leur existence même. Ces initiatives se

fondent sur l’espoir qu’une transparence d’information géographique conduit à une bonne

gouvernance foncière par la responsabilisation. Elles ont déjà réussi à engager certains leviers

politiques vers la sécurisation effective des droits territoriaux autochtones, notamment en jouant la

carte environnementale. Mais cette stratégie carto-politique de mise en visibilité globale présente certains

écueils, que nous présenterons à travers une analyse des enjeux et des perspectives associées à la

cartographie globale des territoires autochtones.

Suzannah Henty, avec Dana Abbas : Contre-cartographies - La carte absente : Une étude de la

pédagogie, de la pratique et de la collaboration

The Absent Map est un projet de recherche expérimental à long terme et continu qui a été développé

par Riwaq - Centre pour la restauration architecturale dans les villages ruraux de Jérusalem - Kafr

Aqab, Qalandiya, et Al Jib. The Absent Map facilite les expériences cartographiques et les rencontres

créatives qui prennent en compte les compréhensions communautaires du lieu. En avril, un

programme-frère s'est déroulé à Naarm, en Australie. Accueilli par l'Institute of Postcolonial Studies,

Counter-Cartographies était une collaboration entre l'architecte et conservateur palestinien Dana

Abbas et la chercheuse en début de carrière Suzannah Henty. La discussion portera sur les pratiques

cartographiques contre-coloniales et trans-locales.

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