Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Pôle universitaire de Vichy (Allier)
Langue :
Français
Crédits
Raphaël Angevin (Intervention)
Détenteur des droits
DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/Maison des Sciences Humaines de Clermont-Ferrand
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/9h4m-tz53
Citer cette ressource :
Raphaël Angevin. ClermontMsh. (2024, 12 décembre). Une autre Préhistoire ? Celtomanie et ésotérisme chrétien en Montagne bourbonnaise une génération avant Glozel , in Colloque Glozel / Session 2 – Glozel et la Préhistoire : construction(s) intellectuelle(s) et institutionnelle(s). [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/9h4m-tz53. (Consultée le 13 novembre 2025)

Une autre Préhistoire ? Celtomanie et ésotérisme chrétien en Montagne bourbonnaise une génération avant Glozel

Réalisation : 12 décembre 2024 - Mise en ligne : 13 novembre 2025
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Descriptif

Le retentissement donné à la découverte de Glozel à partir de 1925 a souvent conduit les historiens à considérer que l’événement avait marqué la formation de l’archéologie préhistorique en Montagne bourbonnaise, accusant en cela un retard d’un demi-siècle sur d’autres territoires du département de l’Allier et du centre de la France. Sur ce point, il est surprenant que les chercheurs se soient si peu intéressés aux « précédents » de l’affaire, en d’autres termes aux débats et aux événements précurseurs qui ont rendu théoriquement possible son développement dans les années 1920. Si les thèses de Morlet s’inscrivent dans la cohérence d’écrits généraux comme ceux d’Édouard Piette, Gustave Glotz ou Salomon Reinach, elles bénéficient en outre d’un contexte local particulièrement hospitalier : une génération avant Glozel en effet, des objets épigraphiés sont déjà mis au jour dans la région, en relation avec des productions de bracelets en schiste.

Publiés par Francis Pérot en 1917 et 1918 comme des témoins du Néolithique ou de l’âge du Bronze, ils reprennent pour une large part des symboles que certains croient voir sur les chaos rocheux des Monts de la Madeleine et des Bois-Noirs. Pour quelques auteurs comme l’abbé Jean Bletterie alias Julius Florus (1839-v. 1915), Gabriel Gagnier (1849-1916) ou Louis Levistre (1870-v. 1940), ces inscriptions sont intimement liées en effet à un curieux mégalithisme dont la réalité suscite, au tournant des années 1900, une bruyante controverse. Considérés par la plupart des érudits comme des autels druidiques dévolus au sacrifice humain, les pierres à bassins et les monuments « gravés » de la Montagne bourbonnaise sont attribués par d’autres aux Phéniciens, peuple de marchands et de navigateurs pressenti pour avoir diffusé l’usage de l’alphabet en Méditerranée occidentale. Médiatisant largement la question, certaines personnalités locales donnent à la querelle sur les « monuments de pierre brute » un tour tout à fait singulier, préfigurant certains points de tension précisément à l’œuvre sur le terrain de Glozel.

Dans le cadre de cette contribution, nous tenterons de restituer les termes de ce débat et les lignes de fracture que recouvre l’opposition entre celtomanes et tenants d’une origine orientale du mégalithisme. Alors qu’ils s’affirment en réaction au matérialisme scientifique, ces deux courants dessinent les contours d’une « alter-préhistoire » fantasmée dont la définition puise largement aux sources d’un ésotérisme chrétien qui trouve, sous l’impulsion de personnalités savantes comme Émile Soldi-Colbert de Beaulieu (1846-1906), un terrain d’application éminemment favorable dans le champ des études sur l’origine de l’Homme. À la fin du XIXe siècle, ses motifs visent tout à la fois à identifier les signes cachés de la présence divine et à retranscrire la langue sacrée issue de la révélation primordiale, par nature universelle. Dans ce contexte particulier, qui ne peut relever d’une simple coïncidence, les découvertes de Glozel prennent une signification nouvelle qui permet de mieux saisir comment la controverse a pu émerger, à si courte distance de l’épicentre du conflit sur les argolithes, selon le terme consacré par Levistre en 1901.

Intervention / Responsable scientifique

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