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Français
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Fondation Maison des sciences de l’homme (Réalisation), Teddy Delaunay (Intervention)
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/ywae-ry17
Citer cette ressource :
Teddy Delaunay. FMSH. (2019, 15 novembre). Les transports semi-collectifs à Nairobi, pratiques numériques et populations, par Teddy Delaunay (IFRA) (podcast) , in Histoires de mobilité. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/ywae-ry17. (Consultée le 9 décembre 2024)

Les transports semi-collectifs à Nairobi, pratiques numériques et populations, par Teddy Delaunay (IFRA) (podcast)

Réalisation : 15 novembre 2019 - Mise en ligne : 21 juillet 2020
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Descriptif

Teddy Delaunay est lauréat d’une aide à la mobilité postdoctorale de courte durée Atlas, financée par le FMSH et l’IFRA Nairobi (Institut Français de Recherche en Afrique). En 2019, il s’est ainsi rendu 2 mois à Nairobi, au Kenya, pour mener des recherches de terrain et lancer son projet postdoctoral sur l’intégration du numérique dans le champ du transports semi-collectif à Nairobi.

Il est spécialisé en urbanisme et en aménagement du territoire. Dans le cadre de sa thèse, il s’était concentré sur l’intégration du covoiturage dans le système de mobilité francilien. La bourse Atlas lui a permis de réaliser un premier terrain exploratoire en Afrique et de lui ouvrir de nouvelles pistes et approches de travail. Il a mené des enquêtes au plus près des Kenyans, tout d’abord en interrogeant des acteurs du système de mobilité à Nairobi et des chauffeurs privés, puis en effectuant des sondages auprès des usagers afin de cerner leurs utilisations des services de transport.

La FMSH et ses partenaires à l’étranger offrent des aides à la mobilité pour des séjours de recherches en SHS à des post-doctorants. Ainsi, chaque année le programme Atlas permet à des chercheurs de venir pendant 1 à 3 mois en France ou à l’étranger pour mener des recherches de terrain.

Ceci est un podcast, il a été enregistré au téléphone en liaison avec Nairobi, Kenya.


Teddy Delaunay is a researcher specialist in city planning. For his PhD, his project was focus on the integration of carsharing in Ile-De-France. In 2019, he benefited from an Atlas grant to widen his postdoctoral subject to Africa and more especially to the city of Nairobi, in Kenya. During 2 months there, he conducts surveys to understand the system of public and half-public transports in Nairobi and the users' needs.

The Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) and its partners abroad offer postdoctoral mobility grant to researchers in social sciences and humanities for periods from 1 to 3 months, in France or abroad.


lien vers l'Institut français de recherche en Afrique

Intervention
Thème
Documentation

    Vous écoutez Histoires de mobilité, une série de podcasts produite par la Fondation Maison des sciences de l'homme. Histoires de mobilité raconte les expériences internationales, de chercheurs et chercheuses que la fondation soutient.


Pour ce nouvel épisode, nous sommes avec Teddy Delaunay qui se trouve à Nairobi au Kenya. En 2019, il a décroché une bourse Atlas financée par la FMSH et l'IFRA, l'Institut français de recherche en Afrique. Il s'agit en effet d'un programme qui soutient des chercheurs post-doctorants en leur offrant des aides à la mobilité pour effectuer des terrains de recherche en France ou à l'étranger. Teddy Delaunay est spécialisé en urbanisme et en aménagement du territoire. Il oriente ses recherches sur l'intégration du numérique dans le champ du transport semi-collectif à Nairobi. Il nous raconte dans ce podcast, comment les nouveaux services de taxis en ligne peuvent offrir un accès ponctuel à l'automobile et comment ces derniers influencent la mobilité quotidienne dans un pays en développement comme le Kenya.

J'ai toujours eu envie de travailler sur un peu les questions de transports en Afrique, parce que ce qui m'intéressait beaucoup c'était le système D. C'était justement cet usage partagé de l'automobile, les taxis collectifs et comment en fait, dans un contexte où il y a peu de ressources, on optimise un peu l'existant. En fait, mon parcours m'a amené à ne pas pouvoir directement avoir une carrière académique, en tout cas tournée vers l'Afrique, puisque j'ai fait une thèse au laboratoire Ville Mobilité Transport sur le covoiturage. Mon objectif après ma thèse, c'était d'essayer de travailler en Afrique, sur ces questions-là. Il y a un peu une bulle autour de Nairobi. Le Kenya a beaucoup investi dans le développement des infrastructures numériques. Internet a permis le développement de beaucoup d'applications et de services en ligne. Aujourd'hui le Kenya, c'est un peu un terrain de jeu aussi pour les start-ups et pour toutes les grandes entreprises qui veulent se développer. J'ai contacté l'IFRA qui m'ont informé qu'il y avait la bourse Atlas et j'ai obtenu deux mois pour venir à Nairobi étudier les services, le développement des taxis, des services de VTC, donc Uber, Taxify. Ici, il y a des entreprises locales aussi à Nairobi qui s'appellent Little Cab. Ce sont des entreprises de VTC, comme on les connaît en France. Nairobi est une ville qui est en pleine croissance, qui connaît un fort phénomène d'étalement urbain, et de périurbanisation. C’est-à-dire que les distances de déplacements domicile-travail s'allongent d'année en année. Aujourd'hui on est à presque 30 km en moyenne de déplacements domicile-travail, et une grande partie de la population n'est pas motorisée ou n'a même pas les moyens de se payer l'accès aux transports collectifs, et donc contraints de marcher sur de très longue distance. Ça peut être des déplacements qui vont d’une à trois heures parfois, aller et retour. La plupart des gens ont des revenus qui sont assez instables, des revenus précaires, assez bas. Par conséquent, ils ont parfois les ressources suffisantes pour se payer un transport en commun. Par exemple le matin, un individu va peut-être prendre les transports en commun pour aller au travail, mais le soir il va rentrer parce qu'il n'aura pas suffisamment d'argent pour se payer, ou il voudra économiser. Donc il préférera marcher. En fait, on a une particularité à Nairobi, c'est qu'on a des pratiques très multimodales. Y compris les automobilistes qui n'ont pas nécessairement les moyens de se payer l'essence tout le mois. Donc on va avoir en début de mois par exemple, un usage plus important de l'automobile et des niveaux de congestion plus élevés, parce que l'usage de l'automobile va être plus important. D'autres éléments aussi, comme c'est une offre, il n'y a pas d'offres de service public, c'est que du service de transport privé, et même les transports collectifs, les prix varient énormément selon l'heure de la journée. En heure de pointe, les prix sont plus chers. Donc, les gens vont décaler leurs déplacements. S'il pleut, les prix augmentent, selon la qualité du véhicule les prix sont différents. C'est-à-dire qu'il y a des véhicules qui sont customisés où il y a de la musique, il y a des écrans de télé. Donc les gens vont préférer prendre cela, mais ils vont coûter plus cher. Mon enquête sur les taxis en ligne, c'est un questionnaire avec une cinquantaine de questions, avec 500 personnes dans la rue, qui me permet de voir qui sont les personnes qui utilisent les services de taxis en ligne et pourquoi ils l'utilisent. La grande majorité des gens à Nairobi n'ont pas de voiture, mais la ville est construite pour la voiture. J'étais à un moment dans un quartier au nord de Kibera, un des plus gros bidonvilles d'Afrique, on avait passé le questionnaire à des garagistes, une personne assez âgée d'ailleurs qui a 50 ans, qui me disait que le matin et le soir, il marchait. Pourtant dans la journée, régulièrement dans la semaine, il utilisait un Uber pour rejoindre une mission importune ou parce qu'il avait besoin de transporter du matériel. Surtout ce qu’il est important de noter à Nairobi, c'est que les VTC et les taxis sont particulièrement utilisés pour les déplacements liés au travail. Contrairement en Occident, où en général, c'est entre 10 et 15 % de déplacements en taxi, là à Nairobi c'est plus que 30 %. Après, sinon un autre motif très important par exemple, c'est de pouvoir aller à l'hôpital, 8 % des déplacements étaient en lien avec des soucis de santé. Les VTC, même s'ils sont utilisés par toutes les tranches de la population, même les individus qui gagnent entre 100 et 250 euros par mois, donc ils sont vraiment dans la classe moyenne inférieure, mais vraiment très inférieure, ils sont quand même 40 % dans cette classe à utiliser ce service, et de manière assez régulière. Le VTC n'est pas un mode de transport de luxe. Ce n'est pas seulement le transport de luxe, c'est un mode de transport qui est utilisé par presque tout le monde. Le programme Atlas de la Fondation Maison des sciences de l'homme m'a permis de me créer ma première expérience de recherche sur le continent africain à Nairobi. Pendant mon terrain, j'ai rencontré des acteurs, notamment des chercheurs ou des consultants, des experts et aussi des jeunes entreprises, des start-ups qui travaillent sur le secteur de la mobilité. Et j'ai mis en contact ces acteurs avec la CODATU qui est une association française qui travaille sur la coopération décentralisée entre la France et des pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie sur les questions de transports et de politiques publiques d'urbanisme et d'aménagement du territoire. La CODATU m'a confié une mission, c'était de mettre en place un projet d'expérimentation et de soumettre un projet d'expérimentation auprès de l'Agence française de développement sur la question du covoiturage à Nairobi. J'ai pendant quelques mois, en parallèle de ma bourse, travaillais aussi avec cette start-up. L'idée c'est qu'en fait, je développe les activités de la CODATU en Afrique de l'Est, parce que pour l'instant, ils sont plus implantés en Afrique de l'Ouest. Et voilà, ça a été des opportunités, la bourse m'a permis d'aller sur le terrain, ça m'a permis d'avoir l'opportunité de rencontrer des acteurs qui m'ont permis de mettre en contact des acteurs kényans et des acteurs français, qui ont ensuite pu me faire confiance pour développer les activités locales. Enfin, au niveau local.

Depuis plus de 50 ans, la Fondation Maison des sciences de l'homme soutient la recherche et la diffusion des connaissances en sciences humaines et sociales.

Avec les voix d'Amandine Samson et Emmanuelle Corne, sur une musique d'Irina Jiménez, ce podcast est produit et réalisé par FMSH Audiovisuel.


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    You are listening to Histoires de mobilité, a series of podcasts produced by the Fondation Maison des sciences de l'homme. Histoires de mobilité relates international experiences of researchers that the foundation supports. For this new episode, we are with Teddy Delaunay who is in Nairobi, Kenya. In 209, he won an Atlas scholarship funded by FMSH and IFRA, the French Institute for Research in Africa. It is a programme that supports post-doctoral researchers by offering them mobility grants to carry out research fieldwork in France or abroad. Teddy Delaunay specialises in urban planning. and in spatial planning. He focuses his research on the integration of digital technology in the field of semi-collective transport in Nairobi. In this podcast he tells us about how the new online taxi services can offer a punctual access to cars and how they influence daily mobility in a developing country like Kenya.


I have always wanted to work on transport issues in Africa, because I was very interested in resourcefulness. It was precisely about this shared use of the automotive, the shared taxis, and how, in a low-resource context, you optimise existing systems. In fact, my background has led me to not being able to directly have an academic career, at least with a focus on Africa, since I did a thesis at the Ville Mobilité Transport laboratory on carpooling. My goal after my thesis was to try to work in Africa, on these issues. There is a bit of a bubble around Nairobi. Kenya has invested a lot in the development of digital infrastructures. The Internet has enabled the development of many applications and online services. Today, Kenya is also a bit of a playground for start-ups. and for all large companies that want to expand. I contacted IFRA and they told me about the Atlas grant and I got two months to come to Nairobi to study services, the development of taxis, minicabs, so Uber, Taxify. Here, there are also local companies in Nairobi called Little Cab. These are minicab companies, as they are known in the UK. Nairobi is a growing city, which is experiencing a strong phenomenon of urban sprawl, and peri-urbanisation. This means that commuting distances between home and work are growing year after year. Today the average distance is almost 30 kms of commuting to and from work, and a large part of the population is not motorised or can't even afford to pay for access to public transport, and therefore forced to walk a very long distance. These journeys can last from one to three hours sometimes, round trip. Most people have relatively unstable incomes, quite precarious, low incomes. As a result, they may have sufficient resources to afford public transport. For example in the morning, a person may take public transport to go to work, but in the evening they'll walk back because they don't have enough money to pay, or they'll want to save money. So they'd rather walk. In fact, we have a peculiarity in Nairobi: very multimodal practices. Including motorists who do not necessarily have the means to pay petrol for the whole month. So at the beginning of the month, for example, there can be a greater use of cars and much more traffic, because they drive more. Other elements as well, as it is an offer, there are no public service offers, there is only private transport service, and even in public transport, prices vary a lot depending on the time of day. At peak times, prices are higher. So people will shift their travel. If it rains, prices go up, depending on the quality of the vehicle, prices are different. That is to say, some vehicles are customised, there can be music, TV screens. So people will prefer to use those, but it will cost more. My online taxi survey is a questionnaire with about 50 questions, with 500 people on the street, which allows me to see who are the people who use online taxi services and why they use it. The vast majority of people in Nairobi do not have a car, but the city is built for cars. At one point, I was in a neighbourhood north of Kibera, one of the largest slums in Africa, the questionnaire had been given to garage owners. A fairly old person, 50 years old, told me that in the morning and in the evening he walked. Yet during the day, regularly during the week, he used an Uber to get to a troublesome mission or because he needed to transport material.  What is especially important to note in Nairobi, it is that minicabs and taxis are widely used for work-related travel. Unlike in the West, where in general, there's between 0 and 5% of taxi journeys, there in Nairobi, it is more than 30%.  Then, another very important reason, for example, is to go to the hospital, 8% of trips were related to health concerns.  Even if minicabs are used by all sections of the population, even individuals earning between 00 and 250 euros per month - the lower middle class, the real lower one - they are still 40% in this class to use this service, and in a fairly regular manner. Mini cabs are not a luxury means of transport. It's not just luxury transport, it is a transport mode that is used by almost everyone. The Atlas programme of the Maison des sciences de l'homme Foundation allowed me to create my first research experience on the African continent in Nairobi. During my fieldwork, I met actors, including researchers or consultants, experts and also young businesses, start-ups working in the mobility sector. And I put these actors in contact with the CODATU. which is a French association which works on decentralised cooperation between France and countries in Latin America, Africa and Asia on transport issues and public urban planning policies and spatial planning. CODATU entrusted me with a mission: to set up a testing project and to submit it to the French Development Agency on the issue of carpooling in Nairobi. At the same time as my grant, for a few months, I also worked with this start-up. The idea was to develop the activities of CODATU in East Africa, because at the moment they are more established in West Africa. And there were opportunities: the grant allowed me to go on the field, it gave me the opportunity to meet actors who enabled me to put in contact Kenyan and French actors, who then trusted me to develop local activities. Finally, at the local level.

For more than 50 years, the Maison des sciences de l'homme Foundation has supported research and knowledge dissemination in human and social sciences. With the voices of Amandine Samson and Emmanuelle Corne, on music by Irina Jiménez. This podcast was produced and directed by FMSH Audiovisuel.

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