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Fondation Maison des sciences de l’homme (Réalisation), Alexandra Biar (Intervention)
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/m91j-eh67
Citer cette ressource :
Alexandra Biar. FMSH. (2019, 12 novembre). Navigation de tradition indigène en pays Maya, par Alexandra Biar (podcast) , in Histoires de mobilité. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/m91j-eh67. (Consultée le 6 décembre 2024)

Navigation de tradition indigène en pays Maya, par Alexandra Biar (podcast)

Réalisation : 12 novembre 2019 - Mise en ligne : 27 mai 2020
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Descriptif

La FMSH et ses partenaires à l’étranger offrent des aides à la mobilité pour des séjours de recherches en SHS à des post-doctorants. Ainsi, chaque année le programme Atlas permet à des chercheurs de venir pendant 1 à 3 mois en France ou à l’étranger pour mener des recherches de terrain.

Alexandra Biar a bénéficié du soutien de la FMSH et du CEMCA (Centre français d’études mexicaines et centre-américaines) et grâce à la bourse Atlas qu’elle a décroché en 2019, elle a pu se rendre 2 mois au Belize pour mener des entretiens ethnologiques dans le cadre de son projet de recherche postdoctoral.

Alexandra Biar est docteure en archéologie des Amériques et est associée au laboratoire ArchAm du CNRS-UMR8096. Après sa thèse qui traitait de la « Navigation et les aménagements lacustres sur le Haut Plateau Central Mexicain : le cas Mexica et Tarasque », Alexandra Biar a décidé d’orienter ses recherches post-doctorales sur le Bélize. Pour faire face à l’absence de données archéologiques, la méthode déployée par cette jeune archéologue est de recourir à des entretiens ethnologiques auprès des locaux pour reconstituer le paysage culturel maritime Maya. Les communautés du Bélize ont hérité d’un savoir-faire ancestral des pratiques liées à la navigation, comme elles pouvaient exister à l’époque préhispanique. Le recours à l’ethnologie permet donc de pouvoir parler directement aux acteurs de cette culture.

The Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) and its partners abroad offer postdoctoral mobility grant to researchers in social sciences and humanities for periods from 1 to 3 months, in France or abroad.

Alexandra Biar benefitied from the support of FMSH and CEMCA (Centre français d’études mexicaines et centre-américaines) and thanks to the Atlas grant she conducted ethnological research studies in Belize for 2 months in 2019.

Alexandra Biar has a PhD in archeology of Americas and she is associated to the laboratory ArchAm (CNRS-UMR8096). After her thesis, she decided to focus her postdoctoral project on Belize. In order to face the lack of archeological materials, she led ethnological interviews with local communities to try to reconstruct the Maya maritime cultural background. The communities Alexandra Biar met have inherited from the pre-Hispanic age an ancestral knowledge regarding sailing.

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    Vous écoutez Histoires de mobilité, une série de podcasts produite par la Fondation Maison des sciences de l'homme. Histoires de mobilité raconte les expériences internationales de chercheurs et chercheuses que la fondation soutient.

 

Nous vous invitons aujourd'hui à écouter le récit d'Alexandra Biar, lauréate du programme Atlas. Ce programme permet de soutenir de jeunes chercheurs en leur offrant des aides à la mobilité pour effectuer des terrains de recherche en France ou à l'étranger. Alexandra Biar est archéologue des Amériques. Ses recherches de thèse portaient sur le Mexique, et grâce au soutien de la FMSH et du CEMCA, elle oriente désormais ses recherches vers le Belize. Elle s'intéresse plus particulièrement à la navigation pré-hispanique. Afin de faire face à la rareté des données archéologiques dans cette zone, elle a opté pour une approche ethnologique, et ainsi mieux comprendre le paysage culturel maritime maya.

Je m'appelle Alexandra Biar, je suis chercheur associé au laboratoire ArchAm, Archéologie des Amériques, qui dépend l'université de Paris 1, et j'ai soutenu ma thèse en 2017 sur la navigation et les installations lacustres dans le bassin de Mexico, principalement. Suite à ces travaux, j'ai essayé d'étendre mes recherches à une zone géographique plus grande qui inclut donc toute la région Maya dans l'étude de la navigation pré-hispanique ou de la navigation de manière générale dans les Amériques. On fait face à une absence de données archéologiques en contexte. C’est-à-dire dans mon cas, que nous n'avons aucune épave à ce jour qui a été découverte entre le Mexique et l'Amérique centrale. Donc l'archéologie fait face à un trou béant de données qu'il faut donc compenser avec une autre approche, et l'approche que j'ai choisie est celle de l'ethnologie. Il faut savoir que l'Amérique centrale et le Mexique comptent encore aujourd'hui avec beaucoup de communautés indigènes qui ont un mode de vie assez similaire à ce que l'on pouvait trouver à l'époque pré-hispanique, et en particulier certaines communautés pratiquent toujours la navigation. Donc cela nous permet d'avoir une approche directe avec une population qui a hérité d'un savoir-faire ancestral, bien qu'il ait évolué bien évidemment. Les analogies sont à faire avec beaucoup de prudence, mais l'avantage de l'ethnologie est donc de pouvoir parler directement aux acteurs de cette culture et à la pratique qu'ils ont de la navigation. C'est la rencontre avec une professeur de l'université de UCL à Londres, qui travaille depuis plus de 45 ans au Belize, qui m'a dirigé vers ce pays, et la région dans laquelle j'ai travaillé qui est le district de Toledo, qui est le district le plus septentrional du Belize, à la frontière avec le Guatemala, est une région qui a été prise en considération assez tard, à partir des années 1880. Ce qui a permis en fait, une sorte de non-contamination du mode de vie des populations mayas qui se situent généralement loin des côtes et donc ça a préservé, si vous voulez, une sorte de… Ça a permis à la culture de perdurer sans grande modification, et c'est ce qui donc a été très intéressant par rapport aux comparaisons avec les données historiques et iconographiques, puisqu'on a des parallèles assez flagrants qui sont faciles à faire. Et d'autre part, le Belize est une ancienne colonie britannique donc toutes les populations, y compris indigènes, parlent couramment l'anglais et ce qui a permis aussi d'avoir un accès beaucoup plus simple aux données, parce qu'au niveau de la communication, il n'y avait aucune barrière de langue qui peut être un problème dans certaines zones un peu reculées. Le programme Atlas m'a permis de faire des recherches de fonds, déjà pour savoir s'il était possible de construire l'embarcation. Si c'était faisable, quelles étaient les procédures à suivre ? Que ce soit institutionnel ou communautaire, parce que dans les villages mayas au Belize, vous avez ce que l'on appelle l'alcalde, qui est le chef coutumier, et le chairman donc le maire qui dépend des institutions politiques et gouvernementales actuelles. Et il faut que les deux personnes soient en accord pour que l'on puisse réaliser un projet. La première étape était de voir avec eux si le projet les intéressait, s'ils étaient d'accord et quelles étaient les conditions, et après, la deuxième étape était de trouver une personne reconnue par la communauté comme étant capable de réaliser l'embarcation, et enfin de rencontrer cette personne pour savoir si elle était d'accord de participer et sous quelles conditions. Le programme Atlas, c'était vraiment le moyen d'établir les bases solides du projet pour la construction future de l'embarcation, et donc on va la construire. Le programme Atlas m'a permis de postuler à une bourse du British Museum, qui est (inaudible) programme, qui permettrait donc de financer la construction de ces embarcations et de réaliser encore plus d'entretiens ethnographiques sur les traditions de navigation dans des villages mayas alentours dans lesquels je n'ai pas eu le temps de me rendre pour des questions de logistique et de timing. Ce qui fait que la personne est désignée comme étant en mesure de réaliser l'embarcation, c'est tout simplement, c'est la communauté qui décide en fait. C’est-à-dire que j'ai interviewé plus d'une douzaine de personnes, souvent non, exclusivement des hommes, d'un certain âge, et qui sont détenteurs d'un savoir et d'une mémoire communautaire et collective importante, et ce sont eux qui, à l'unanimité, m'ont dirigé vers cette personne. C’est-à-dire que je n'ai pas eu mon mot à dire ou à émettre de choix. C’est-à-dire que c'est cette personne qui m'a été désignée par la communauté. Donc c'est à moi de respecter ce choix et à travers l'entretien de cette personne, on se rend compte qu'elle a hérité tout son savoir-faire de son père, qui l'avait hérité de son père, etc. Donc il y a une longue lignée de tradition dans la fabrication des canaux, premièrement. Deuxièmement, c'est un homme qui a 62 ans et qui est le seul physiquement capable aujourd'hui de réaliser une pirogue, parce que parmi les autres personnes plus âgées, on avait des personnes entre 80 et 95 ans. Construire une pirogue, c'est un processus long, il faut demander l'autorisation au département forestier d'abattre l'arbre, il faut qu'il vienne voir l'arbre, il faut qu'il nous donne l'autorisation, il faut payer pour son abattage. Ensuite il faut la construire, donc ça peut prendre entre trois semaines et un mois en fonction du savoir-faire et des outils disponibles. Cette rencontre avec le constructeur de la pirogue, qui s'appelle Monsieur H, j'ai été mandatée par les chefs de la communauté pour lui présenter mon projet et il était déjà au courant qu'il avait été choisi. Mais il y avait une sorte de présentation et d'introduction formelle, de savoir qu'est-ce que j'attendais de lui. Il a posé énormément de questions éthiques et je pense que c'était le plus important. De savoir qu'est-ce que j'allais enregistrer ? Comment j'allais l'enregistrer ? Qu'est-ce que j'allais en faire ? Est-ce qu'il allait en retirer, lui personnellement, quelque chose ? Qu'est-ce que la communauté allait en retirer aussi ? Une fois la présentation formelle réalisée, donc on est rentrés dans des questions un peu plus intimes et personnelles, à savoir le sujet de la transmission par son père, par ses oncles, par ses frères, etc. J'ai posé la question, à partir de quand tu as participé à la construction d'une pirogue ? Quelle est la première fois où tu es monté sur une pirogue ? Quelle est la première fois où tu as navigué seul ? Et du coup, ça fait remonter tout un tas de souvenirs assez personnels, et à partir de là, il n'y a plus de barrières, chercheur et sujet d'étude, en fait. C'est juste deux personnes qui échangent des souvenirs, et c'est là, et la seule chose qu'il m'a dite, c'est : "Si tu reviens pour construire cette pirogue en fait, tu ne le fais pas pour nous, tu ne le fais pas pour la communauté, tu le fais pour la rivière." Parce que la rivière est au centre de leur mode de vie et de leur mémoire culturelle de manière générale.

Depuis plus de 50 ans, la Fondation Maison des sciences de l'homme soutient la recherche et la diffusion des connaissances en sciences humaines et sociales.

Avec les voix de Amandine Samson et Emmanuelle Corne, sur une musique d’Irina Jiménez. Ce podcast est produit et réalisé par FMSH Audiovisuel.

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    Escuchas Histoires de mobilité, una serie de pódcasts producida por la Fundación Maison des sciences de l'homme. Histoires de mobilité relata las experiencias internacionales de los investigadores e investigadoras que la fundación apoya.


Hoy te invitamos a escuchar la historia de Alexandra Biar, ganadora del programa Atlas. Este programa permite apoyar a jóvenes investigadores a través de ayudas para la movilidad con el fin de efectuar investigaciones en Francia o en el extranjero. Alexandra Biar es arqueóloga de las Américas. Su investigación doctoral se centró en México y, gracias al apoyo de la FMSH y el CEMCA, ahora orienta sus investigaciones hacia Belice. Le interesa particularmente la navegación prehispánica. Para hacer frente a la escasez de datos arqueológicos en esta zona, optó por un enfoque etnológico, y así entender mejor el paisaje cultural marítimo maya.

Me llamo Alexandra Biar, soy investigadora asociada en el laboratorio ArchAm, Archéologie des Amériques, que depende de la Universidad Paris 1, En 2017, defendí mi tesis sobre la navegación y las instalaciones lacustres en la mesa central de México, principalmente. Tras realizar este trabajo, intenté extender mi investigación a una zona geográfica más grande que incluyera toda la región Maya en el estudio de la navegación prehispánica o de la navegación en las Américas en general. Nos enfrentamos a la ausencia de datos arqueológicos en contexto. Es decir que, en mi caso, hasta hoy, no hemos descubierto ningún resto entre México y América Central. La arqueología afronta una enorme escasez de datos que es necesario compensar con otro enfoque, y el enfoque que escogí es el de la etnología. Cabe señalar que América Central y México aún cuentan con muchas comunidades indígenas que tienen un modo de vida bastante similar al que se hubiera podido observar en la época prehispánica, y en particular algunas comunidades que todavía hacen uso de la navegación. Entonces esto nos permite acercarnos directamente a un pueblo que heredó un conocimiento ancestral, aunque, como es de esperarse, haya evolucionado. Hay que ser prudente al momento de hacer analogías, pero la ventaja de la etnología es que podemos hablar directamente con los actores de esta cultura y su experiencia con la navegación. El encuentro con un profesor de la universidad UCL en Londres, quien trabaja desde hace más de 45 años en Belice, fue lo que me dirigió hacia ese país. La región en la que trabajé, que es el distrito de Toledo, el distrito más sureño de Belice, en la frontera con Guatemala, es una región que se empezó a tener en cuenta bastante tarde, a partir de los años 1880. Esto hizo posible una especie de no contaminación del modo de vida de los pueblos mayas que generalmente se sitúan lejos de las costas, lo que preservó, si se quiere, una especie de... Esto le permitió a la cultura perdurar sin mayores modificaciones, y esto es justamente muy interesante con respecto a las comparaciones con los datos históricos e iconográficos, pues podemos encontrar fácilmente paralelos evidentes. Por otro lado, Belice es una antigua colonia británica, entonces la población, incluidos los indígenas, habla inglés con fluidez. Esto también permitió acceder a los datos más fácilmente, porque, en términos de comunicación, no había barreras lingüísticas que complicaran el trabajo en ciertas zonas apartadas. El programa Atlas me permitió realizar investigaciones sustanciales para saber, por ejemplo, si era posible construir una embarcación. En caso afirmativo, ¿cuál era el procedimiento necesario tanto a nivel institucional como comunitario? En los pueblos mayas de Belice, existe un alcalde, que es el dirigente tradicional, y un representante de las instituciones políticas y gubernamentales actuales. Estos dos actores deben estar de acuerdo para poder realizar cualquier proyecto. La primera etapa consistió en verificar si ellos estaban interesados en el proyecto y, de ser así, bajo qué condiciones. La segunda etapa consistió en encontrar una persona cuya capacidad de fabricar la embarcación fuera reconocida por la comunidad. Por último, hubo que reunirse con esta persona para asegurarnos de su disponibilidad y sus condiciones. El programa Atlas fue el medio para establecer las bases sólidas del proyecto de la futura construcción de la embarcación, así que vamos a construirla. El programa Atlas me permitió aplicar a una beca del British Museum, que es el programa (inaudible), que permitirá financiar la construcción de estas embarcaciones y realizar aún más entrevistas etnográficas sobre las tradiciones de navegación en los pueblos mayas de los alrededores que no tuve tiempo de visitar por cuestiones logísticas y de organización. Quien decide si una persona posee las capacidades de fabricar la embarcación es la comunidad, sencillamente. Para esto, entrevisté más de una docena de personas, no por lo general, sino exclusivamente hombres, de cierta edad, que poseen un conocimiento y una importante memoria comunitaria y colectiva, que, de forma unánime, me llevaron a esta persona. Es decir que yo no estuve implicada en la decisión, sino que fue la comunidad la que designó a esta persona, y mi deber es respetar esta elección. Durante la entrevista con esta persona, nos damos cuenta de que heredó todo su conocimiento de su padre, quien lo había heredado de su padre, etc. Entonces existe una larga tradición en la fabricación de canoas, en primer lugar. En segundo lugar, es un hombre que tiene 62 años y hoy es el único con la capacidad física para fabricar una piragua. La edad de otras personas mayores oscilaba entre los 80 y los 95 años. Construir una piragua es un proceso largo, hay que pedir autorización para talar el árbol al Departamento Forestal, que va a ver el árbol y otorga su permiso, también se debe pagar la tala. Luego pasamos a la construcción, lo que puede tardar entre tres semanas y un mes según los conocimientos técnicos y las herramientas disponibles. Para mi entrevista con el constructor de la piragua, llamado Señor H, los dirigentes de la comunidad me autorizaron a presentarle mi proyecto, Él ya estaba al tanto de su elección, pero hubo una especie de presentación formal para saber lo que yo esperaba de él. Hizo muchas preguntas de carácter ético, y creo que eso era lo más importante: saber si yo iba a grabar, cómo iba a grabar, qué iba a hacer con las grabaciones, si él iba a obtener algo a cambio, si la comunidad iba a obtener algo a cambio. Cuando terminamos la presentación formal, pasamos a preguntas un poco más íntimas y personales, como las enseñanzas de su padre, sus tíos, sus hermanos, etc. Le pregunté desde cuándo participaba a la construcción de piraguas, cuándo se subió a una piragua por primera vez, cuándo navegó solo en una piragua por primera vez. Eso reavivó en él un montón de recuerdos muy personales. A partir de ese momento, desaparecen las barreras entre investigador y sujeto de estudio; se trata de dos personas que intercambian recuerdos. En ese momento, lo único que me dijo fue: "si vuelves para construir esta piragua, no lo harás por nosotros, no lo harás por la comunidad, sino que lo harás por el río". El río está en el corazón de su modo de vida y, en general, de su memoria cultural.

Desde hace más de 50 años, la Fundación Maison des sciences de l'homme apoya la investigación y la difusión del conocimiento sobre las ciencias humanas y sociales.

Con las voces de Amandine Samson y Emmanuelle Corne y la música de Irina Jiménez, este pódcast es producido y realizado por FMSH Audiovisuel.

Programme Atlas à la FMSH

La Fondation Maison des sciences de l’homme et ses partenaires offrent des aides à la mobilité pour des recherches postdoctorales en sciences humaines et sociales d’une durée de 1 à 3 mois.

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