Conférence

La réécriture de l'histoire chez Jean Froissart. Le chroniqueur face à ses sources

Durée : 00:24:04 -Réalisation : 22 novembre 2013 -Mise en ligne : 22 novembre 2013
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Descriptif

Interventionpar : Vera VEJRYCHOVA, (Université Charles de Prague / Université de Paris4)

Les Chroniquesde Jean Froissart ont fait maintes fois l'objet d'études fortsavantes, portant sur la question de son écriture historiographique (P.Ainsworth, 1990 ; M. Zink, 1998 ; J.- M. Moeglin, 2006 ; A. Varvaro, 2011). Ilest de notoriété incontestable que le chroniqueur hennuyer s'est basé sur le récitde Jean Le Bel, pour présenter les débuts de la grande guerre franco-anglaise.Sa seule source narrative explicite est avouée dès le prologue. Froissart enreprend l'idée principale ainsi que la trame chronologique et événementielle.Pourtant, le texte de LeBel n'est pas copié à la lettre. Bien au contraire, il est soumis àdes modifications de façon à doter le récit de nouveaux senssouhaités. Cet effort apparaît d'autant plus clairement auregard de la volonté constante de Froissart de revenir à sonhistoire racontée, comme le signale l'existence de trois, voirequatre rédactions du premier livre.

Il est doncnécessaire de suivre systématiquement non seulement quelrapport l'auteur entretient avec son texte-source etcomment il le remodèle en fonction de ses propresperspectives, mais aussi comment il manipule ses propres écrits.L'enjeu en est essentiellement double.

L'analysedétaillée nous amène en effet à constater que le travail deremaniement de son modèle consiste presque exclusivementen des découpages ou amplifications, mais très rarement en lamise en question de sa véracité. Or, cela surprendnotamment dans les passages où l'auteur pourrait puiserdavantage dans ses propres expériences, si bien que son vécu, samémoire subjective, n'ont qu'une influence limitée sur lastructuration du récit. Il convient donc premièrementd'étudier quelles sont les modalités de la présence del'auteur-narrateur dans le texte, par rapport à sa source.

Le deuxième axedu questionnement doit porter sur l'usage que Froissartfait de son modèle textuel par rapport aux sources oralessur lesquelles se base la suite de son oeuvre historiographique,afin de comprendre s'il existe, dans sa conception, unedifférence entre le témoignage couché par écrit et celuiqui ne l'est pas. Il s'agit donc non seulement de vérifier lerôle d'un genre particulier, qui est la « chronique historiée », entant que force formative et organisationnelle du récit, maisaussi de soulever le problème de l'autorité que l'on attribuegénéralement au texte. Nous croyons qu'une telle étude permettrade dégager les influences multiples qui participent demanière générale de sa narration et ainsi d'approfondirla recherche sur la compréhension froissartiennede l'histoire.

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