Documentaire
Notice
Lieu de réalisation
Ibel, sous préfecture de Bandafassi, Sénégal
Langue :
Peul
Crédits
Alain Epelboin (Intervention)
Conditions d'utilisation
© 2017 A.Epelboin SMM CNRS MNHN Paris
DOI : 10.60527/k46n-6r03
Citer cette ressource :
Alain Epelboin. SMM. (1983, 16 mars). Sortie de masques agraires luguta et kore à Ibel, Sénégal Oriental. en 1983. , in vie quotidienne. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/k46n-6r03. (Consultée le 19 mars 2024)

Sortie de masques agraires luguta et kore à Ibel, Sénégal Oriental. en 1983.

Réalisation : 16 mars 1983 - Mise en ligne : 1 mars 2018
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Descriptif

Extrait de : 1983 Epelboin A. Savoirs médicaux et phytopharmacopées desFulbé bandé et des Nyokholonké (Sénégal oriental): essai d'ethnomédecine. Doctoratde 3ème cycle en ethnologie, 2 vol (573p + 371p.) Université Paris V, 1983.

https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01360761

ISLAM ET MASQUES CHEZ LES FULBE BANDE p 80 Vol1

Les fulBe bande sont avant tout musulmans et obéissent aux préceptes de l'Islam : ils suivent essentiellement les principes de la confrérie quadrija. Ils observent scrupuleusement les interdits de consommationde boissons alcoolisées et de viande de phacochère. Une bête égorgée par un Bedik n'est théoriquement pas consommable. Un phacochère abattu est abandonné ou donné aux Bedik.

Les derniers Peul libres ont été islamisés à la fin du siècle dernier, lors des guerres de conquête menées par les almamy du Fouta Djallon. C'est donc une islamisation relativement ancienne. Alors que quiconque en éprouve le désir peut devenir marabout s'il en a les capacités, le rôle d'imam du village est tenu par un noble. Ceux-ci détiennent le pouvoir religieux et la chefferie du village, et donc le pouvoir politique. Quant aux captifs, les maccuBe tisserands, ils n'avaient, théoriquement, aucun pouvoir : mais de nos jours, l'autorité des rimBe sur les maccuBe ne s'exerce plus qu'en de rares occasions. Il vaut mieux parler à l'heure actuelle d'un réseau codifié d'obligations réciproques. Les captifs étaient et sont les maîtres des masques; ceux-ci représententdes esprits de la brousse, ils sont dotés de pouvoirs magiques.

Ces masques sont des restes de pratiques préislamiques dont l'origine est difficile à préciser. Certains points communs avec les Bassari et les Bedik (M. GESSAIN, 1981; M.P. FERRY, 1967) pourraient faire penser à une origine commune, voire un emprunt, les costumes de feuillages et d'écorces sont très proches.

Il existe cinq sortes.de masques : luguta, kore, ganguran, nyantan, nanpu nanpu.

luguta et kore

 Ces propos ont été recueillis auprès de X* et Y* à Ibel.

" Le luguta et le kore., tout le monde peut les voir et leur parler.

Le chanteur de luguta, tant qu'il n'est pas masqué, il n'est pas emporté par ibilss /le démon/ la passion. S'il est masqué, il peut dire tout ce qu'il veut, il peut danser., faire des grimaces.

Le luguta active le coeur des jeunes gens au cours des manoeuvres (collectives) dans les charnps. Tous les coeurs des jeunes hommes sont très courrageux, lorsque le luguta chante et que les femmes répondent.

Le kore chante, fait des grimaces, va à droite, à gauche, se moque de ceux qui ne cultivent pas. C'est le rnbatula /homme de main/ du luguta. Si le luguta a soif, c'est le kore qui lui fait chercher de l 'eau. S'il a besoin de tabac, de kolade nourriture, c'est lui encore. C'est le kore qui reçoit l'argent pcur que le luguta chante. C'est le kore qui revient après le repas pour dire que le luguta est prêt et qu'il est temps de reprendre le travail.

Vers le soir, le propriétaire du champ dit au griot (ici un forgeron) d'annoncer à la foule qu 'il est très content et qu'il n'y a qu'à rentrer au village ; le kore va le crier en mêrne temps que le griot.

Si le propriétaire est un noble, il fait dire aux gens qu 'ils n'ont qu'à se rendre à la maison de son maccudo /captif/ pour danser.

Il va donner par exemple cinq mesures de riz, une calebasse de lait caillé, une bouteille de beurre.

Le maccudo va emporter la nourriture. Ses femmes vont la préparer. Ce sont les maccuBe qui vont se partager la nourriture. Ils vont manger avec les masques dans la case : les rimbe ne vont pas oser rentrer dans cette case.

Si la fête est très agréable, deux, trois ou quatre jeunes hommes peuvent se masquer aussi pour renforcer la danse.

Les rimbe vont regarder la danse seulement : le propriétaire du champ, s'il est content, il va donner de l'argent.

Seuls ceux qui savent chanier se masquent en luguta. Les kore ne chantent pas; sauf pendant le temps de repos du luguta.

Pendant les fêtes de l'Indépendance., on a envoyé des luguta chanter à Kédougou..."

Intervention

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