Notice
ÉCRIN - Le langage inclusif parmi les étudiantes et étudiants de l’Université Clermont Auvergne
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
Damien Chabanal, professeur en sciences du langage à l'Université Clermont Auvergne et directeur du Laboratoire de Recherche sur le Langage (LRL) et Aurélien Veillault, doctorant au LRL, présentent le projet ÉCRIN - Le langage inclusif parmi les étudiantes et étudiants de l’Université Clermont Auvergne.
En résumé
La question de l’inclusivité et de la représentation se pose aujourd’hui comme une question politique et sociale majeure dans les débats politiques contemporains en France. Si cette question se pose à plusieurs niveaux, elle se pose aussi dans la langue à l’écrit sous la forme de l’« écriture inclusive » notamment et à l’oral par l’émergence de nouvelles formes langagières ou d’usages préférentiels destinées à mieux représenter la présence des femmes (voire des personnes s’identifiant comme non-binaires). Si la langue a toujours été un lieu de lutte politique, c’est un nouvel espace de lutte qui émerge avec le langage inclusif. De nombreuses formes, parfois concurrentes et parfois complémentaires, cohabitent aujourd’hui dans l’usage, avec des degrés de popularité très variables ; au niveau des noms genrés, on retrouve des expressions épicènes (« le corps estudiantin ») à l’émergence de formes neutres, certes rares (tel que « musician ») en passant par l’usage de la conjonction (« les étudiantes et les étudiants »). Loin de pouvoir résumer cette lutte en une opposition binaire entre les « pro » et les « anti », la diversité des usages se voulant inclusifs et des jugements sur ceux-ci (sur leur acceptabilité, sur leur caractère inclusif, mais aussi sur leur « lourdeur », leur « beauté », etc.) émis par les locutrices et les locuteurs les oppose ou les réunit de manière complexe.
Les raisons qui poussent à défendre ou à rejeter certaines ou toutes ces formes rendent nécessaire de considérer ce qu’Anne-Marie Houdebine appelle des imaginaires linguistiques, ainsi que les idéologies linguistiques (voire politiques) promues institutionnellement (mentionnons à ce titre la proposition de loi du26/01/2022 et adopté au Sénat le 30/10/2023 pour interdire l’« écriture inclusive », visant notamment le point médian, dans les documents administratifs, professionnels, commerciaux, etc., et à l’Université Clermont-Auvergne, la Charte pour une communication inclusiveadoptée le 24 juin 2022 autorisant explicitement l’usage du point médian).
Nous cherchons à rendre compte de l’organisation de cet espace de lutte parmi les étudiantes et les étudiants au sein de l’Université Clermont-Auvergne et des imaginaires et idéologies linguistiques qui structurent cet espace. Une telle recherche devra dresser un tableau général et des usages, qu’ils se veulent inclusifs ou non parmi les étudiantes et les étudiants ainsi que des imaginaires linguistiques qui (dé)légitiment ces usages. Nous pourrons alors mettre en évidence des différences éventuelles selon le genre/sexe, l’appartenance ou non à une minorité LGBTQI+, les affiliations politiques mais aussi selon le milieu socio-économique, la filière d’études, ou l’aisance avec le français. Ces différences permettront de déterminer quels groupes estudiantins sont les plus impliqués dans la promotion ou la lutte contre certaines formes se voulant inclusifs et de préciser les rapports particuliers des différents groupes sociologiquement pertinents à la langue, dès lors de révéler les raisons qui font que ces groupes adoptent ou non telle ou telle forme se voulant inclusive. Ces résultats offriront à l’institution universitaire et au corps enseignant une meilleure connaissance des enjeux sociaux et des difficultés particulières qui peuvent se poser lorsqu’elles et ils privilégient tel ou tel usage.
Ce travail exigera l’utilisation de méthodes complémentaires de récolte de données. Des observations et des entretiens ethnographiques au sein d’associations et syndicats étudiants investis dans cette question nous permettront de mettre au jour les usages, les imaginaires et aussi les stratégies employées par les étudiantes et étudiants les plus militants pour défendre leurs points de vue au sein de l’Université. Des entretiens semi-directifs auprès d’une soixantaine d’étudiantes et d’étudiants nous aideront à mettre au jour les imaginaires linguistiques typiques chez les étudiantes et les étudiants. En complément à ces données qualitatives, un questionnaire envoyé auprès de plusieurs centaines d’étudiantes et d’étudiants nous permettra de déterminer parmi les imaginaires linguistiques typiques relevés au cours des entretiens lesquels sont dominants, ainsi que d’observer des corrélations entre les différentes variables sociologiques déjà évoquées et ces imaginaires. Finalement, il nous semble nécessaire de mettre en évidence les jugements sociaux, positifs ou négatifs, liés à l’emploi de telle ou telle forme ; c’est ce que la technique du locuteur masqué, déjà éprouvée depuis William Labov, nous permettra de révéler.
Lauréat de l'appel à projets simplifié 2024, ce programme est soutenu financièrement par la MSH de Clermont-Ferrand et de l'institut des Lettres Langues Sciences Humaines et Sociales de l'Université Clermont-Auvergne.
Intervention / Responsable scientifique
Thème
Dans la même collection
-
Journée de restitution de projets de recherche 2023-2024 - Introduction
ChiariSophieSchianoPierrePierre Schiano, Vice-Président de l'UCA, et Sophie Chiari, Directrice de la MSH de Clermont-Fd, introduisent la Journée de restitution des projets MSH 2021-2022.
-
ARCHISS-2 Le Lac d’Issarlès : archives environnementales, volcaniques et sismiques des 60 derniers …
DefiveEmmanuelleEmmanuelle Defive, membre de GEOLAB, présente le projet ARCHISS-2.
-
ISTRIE - Innovations scientifiques pour l'étude des territoires et du peuplement ancien en Istrie (…
FovetEliseČučkovićZoranÉlise Fovet (MSH) et Zoran Čučković (CHEC) présentent le projet ISTRIE.
-
Montreurs de curiosités
BourdinPhilippeVasileAureliaPhilippe Bourdin (CHEC) et Aurelia Vasile (MSH) présentent le projet Montreurs de curiosités.
-
SlaMOR 2 - Soigner la MORt
Auriac-SlusarczykEmmanuèleEmmanuèle Auriac-Slusarczyk, membre du laboratoire ACTé, présente le projet SlaMOR 2.
-
CoPro / Déplacements d’esclaves
RanceKarineKarine Rance, membre du CHEC, présente deux projets de recherche : CoPro et Déplacements d’esclaves.
-
-
GLAMCE - Dater les paysages glaciaires du Forez : combinaison d’une technique low-tech (Marteau de …
RousselErwanAncrenazArthurArthur Ancrenaz et Erwan Roussel, membres de GEOLAB, présentent le projet GLAMCE.
-
DRESCOM - Développement de la Résilience et du Sens Communautaire face aux risques hydrométéorologi…
MoussaySylvieEscorciaDyanneSylvie Moussay et Dyanne Escorcia, membres du laboratoire ACTé présentent le projet DRESCOM.
-
AlcooUniv23 - L’alcoolisme à l’université en France. Une socio-histoire des années 1850 à nos jours
Le BrasStéphaneStéphane Le Bras, membre du CHEC, présente le projet AlcooUniv23.
-
CHeaR - Croiser les Histoires des écoles d’architecture en Région (2024-2026)
LavenuMathildeMathilde Lavenu, membre de l'UMR Ressources, présente le projet CHeaR.
Avec les mêmes intervenants et intervenantes
-
ESDDE - Étude Sociolinguistique des profils de Dyslexie Développementale
Maïonchi-PinoNorbertChabanalDamienDamien Chabanal (LRL) et Norbert Maionchi présentent leur démarche et les premiers résultats du projet ESDDE qui consiste en une étude sociolinguistique des profils de dyslexie développementale.
Sur le même thème
-
Écriture inclusive : une tempête dans un verre d’eau ou une réponse à un vrai problème ?
GygaxPascalPascal Gygax, Psycholinguiste expérimental et psychologue cognitif, s’intéresse à la manière dont nous dépassons le texte et/ou le discours pour former des représentations mentales.











