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TABLE-RONDE #4 « Ethnographies féministes et queer. Entre anthropologie critique et complicités politiques »
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Descriptif
Organisée par Elias CAILLAUD (LAP, EHESS), Paul FORIGUA CRUZ (LAP), Flavia DE FARIA
(LAP), Michela FUSASCHI (LAP, Rome III), Gianfranco REBUCINI (LAP, CNRS) & Morgane
TOCCO (LAP, EHESS)
Animée par Flavia DE FARIA (LAP), Michela FUSASCHI (LAP, Rome III) & Gianfranco
REBUCINI (LAP, CNRS)
Depuis les années 1970, les féminismes ont posé des défis considérables à la pratique
anthropologique et ont su faire émerger une critique profonde des représentations et des
méthodes ethnographiques. Ces critiques ont eu des effets durables sur l’ensemble de la
discipline. Participant aux développements des traditions des pensées critiques
postmodernes et postcoloniale héritières du marxisme, les anthropologues féministes,
dans le monde anglophone comme francophone, des Nords et des Suds, ont contribué au
dévoilement des responsabilités et des rapports de pouvoir dans la recherche
ethnographique, en mettant en exergue de nouvelles normes de réflexivité et de point de
vue dans le travail de terrain et dans la production du savoir. Cela a permis de faire
apparaître d’autres voix et d’autres images sur le terrain, d’ouvrir la voie à l’émergence de
sujets silenciés jusque-là, les femmes et d’autres sujets minoritaires.
À partir des années 1990, les théories et pratiques queer sont venues enrichir la critique
féministe et ont posé des défis supplémentaires à la pratique ethnographique. Pensée
profondément ancrée dans une critique de l’identité, sexuelle et de genre, mais pas
seulement, le queer a contribué à déstabiliser les convictions de l’anthropologie dans ses
catégorisations et divisions du monde social. Portant un regard sur les transgressions et
l’excès des frontières, des limites et des catégories d’analyse, le queer trouble la pratique
ethnographique dans ses présupposés naturalisés concernant les corps, les affects, les
individualités et les subjectivations politiques et sociales.
Tissés aux mouvements politiques de justice sociale, les féminismes et les courants queer
contemporains continuent d’interroger et de produire des liens critiques entre théories,
méthodes, épistémologies et transformation radicale de la société.
En ce moment politique particulier de crises globales et d’émergence de nouveaux sujets
politiques, ce panel se propose ainsi d’explorer les potentialités des engagements féministes et queer à partir de différents lieux politiques et espaces géographiques. Les
mouvements féministes et des femmes représentent souvent des lieux de contestation de
l’existant et de proposition politique forte (grèves féministes, mouvements des places,
révolutions arabes), tandis que les mouvements LGBT et queer se retrouvent de plus en
plus au centre des expériences politiques contemporaines de transformation radicale
(Occupy, Black lives matter, ZADs, etc.).
Dans le sillage des ethnographies queer et féministes, sans s’y réduire, ce panel appelle à
l’étude de possibilités d’ethnographies construites en alliance et complicité avec ces
mouvements sociaux au Nord comme dans les Suds. Comment travailler « avec », plutôt
que « travailler sur » eux ? Comment le travail ethnographique peut-il faire émerger et
amplifier les voix de sujets et de groupes minoritaires et minorisés potentiellement
vulnérables, mais souvent porteurs d’alternatives politiques et d’expériences innovantes
face à un système capitaliste toujours plus violent et plus envahissant (voir le manifeste
« Gens : a Feminist Manifesto for the Study of Capitalism ») ? De quelle façon les
expériences et les épistémologies des féminismes et des pratiques et théories queer
sont-elles capables de répondre à la crise écologique et du vivant (écoféminisme, théories
du « trouble » de Haraway, écologie queer, etc.) ? Comment les critiques féministes et
queer déstabilisent-elles encore la discipline, notamment dans ses conditions de violence
épistémique inhérentes à la modernité coloniale ? Et surtout comment la question d’une
critique décoloniale venant des Suds à partir de ces cadres analytiques féministes et queer
se pose-t-elle aujourd’hui comme encore plus essentielle ?
Intervenant·es
Elias CAILLAUD (LAP, EHESS), Giovanna CAVATORTA (Rome III), Paul FORIGUA CRUZ
(LAP), Noémie MERLEAU-PONTY (IRIS, CNRS) & Morgane TOCCO (LAP, EHESS).
Thème
Documentation
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