Conférence
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Langue :
Français
Crédits
Université de Bordeaux - Service Audiovisuel et Multimédia (Publication), Université de Bordeaux - Service Audiovisuel et Multimédia (Réalisation), Université de Bordeaux (Production)
Conditions d'utilisation
Creative Commons (BY NC)
DOI : 10.60527/f2mc-ns10
Citer cette ressource :
Univ Bordeaux. (2018, 16 mars). Le changement climatique peut-il augmenter le risque de gelées tardives ? , in 16e matinée des Œnologues de Bordeaux. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/f2mc-ns10. (Consultée le 16 juin 2024)

Le changement climatique peut-il augmenter le risque de gelées tardives ?

Réalisation : 16 mars 2018 - Mise en ligne : 23 avril 2018
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Descriptif

16e Matinée des Œnologues de Bordeaux / "Le vin, une histoire d'eau"

Les gelées tardives peuvent être définies comme l’occurrence de température négative arrivant après la date débourrement d’un végétal, c’est-à-dire à la fin de l’hiver ou début du printemps. Dans le cas de la vigne, de tels événements peuvent avoir un effet très important sur le  développement ultérieur du bourgeon et affecter fortement la production viticole de l’année à venir. Les années 2016 et 2017 sont de très bons exemples d’un tel phénomène, qui a fortement diminué la production viticole dans certaines régions françaises pour ces deux années. Cet aléa est lié à des événements météorologiques extrêmes en début de printemps, et ne semble donc pas a priori lié au changement climatique.
Cependant, le fait que le climat devienne plus chaud petit à petit pourrait affecter la probabilité d’occurrence de tels aléas. Le changement climatique peut également affecter la date de débourrement, qui est étroitement liée à la somme de la température à partir de la sortie de dormance de la vigne. Ainsi, alors que le risque de gelée arrivant tard dans l’année risque de décroitre dans un climat plus chaud, il en va de même de la date de débourrement, si bien que les
changements du risque de gelées tardives restent difficiles à évaluer pour le futur.
Afin de proposer une estimation des possibles changements de ce risque, nous avons utilisé les projections climatiques pour le XXIe siècle issues de huit modèles climatiques de grandes échelles soumis à différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre anthropique. Les variables climatiques grandes échelles de ces modèles ont été descendues, par le biais de la méthode statistique des analogues, à une échelle plus fine sur la France, sur des mailles de l’ordre de huit kilomètres de côté. Les variables climatiques ainsi estimées pour le futur ont ensuite été couplées à trois modèles de phénologie, permettant ainsi d’évaluer l’incertitude inhérente à la modélisation climatique et phénologique. Les résultats montrent en moyenne une augmentation de la température sur la France qui amène une date de débourrement plus précoce, de même qu’un jour de dernière gelée arrivant plus tôt dans l’année. L’avancée de la date de débourrement apparaît cependant être plus rapide que l’avancée du dernier jour de gel dans certaines régions, si bien que nous trouvons dans ces régions un risque de gelée tardive accru pour le climat de la fin du siècle. Nos estimations montrent que l’Alsace, la Bourgogne et la Champagne apparaissent comme les régions où ce risque peut augmenter le plus, pouvant atteindre une augmentation de gelée tardive d’environ 10 % dans ces régions pour certains modèles phénologiques. Ces résultats apparaissent en effet très dépendants du modèle phénologique utilisé, voir même du modèle climatique, si bien qu’il apparaît urgent de progresser sur la modélisation climatique et phénologique pour mieux quantifier les possibles changements à venir, afin d’évaluer le besoin d’un recours à certaines solutions pour faire face à cet aléa, possiblement amplifié dans le futur.

>> Didier Swingedouw, Chercheur CNRS, UMR EPOC, Université de Bordeaux

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