Entretien
Notice
Lieu de réalisation
Lyon - Institut des Sciences de l'Homme
Langue :
Français
Crédits
Laurent MAGET (Réalisation), Laurent MAGET (Production)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés Laurent Maget - CNRS
DOI : 10.60527/jej7-nx17
Citer cette ressource :
SMM. (2006, 26 janvier). 8 échantillons de recherches en SHS : Langues et régionalismes du français , in vie quotidienne. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/jej7-nx17. (Consultée le 19 mars 2024)

8 échantillons de recherches en SHS : Langues et régionalismes du français

Réalisation : 26 janvier 2006 - Mise en ligne : 28 septembre 2017
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Descriptif

LABORATOIRECELL - Marthe Paquant – Lexicologie - L’analyse lexicologique d’un « Livre de raison » du XVIe siècle permet de retrouver le sens de motsdisparus du « parlé lyonnais ».

Crédits : "Le journal de Guilaume Paradin" / Édition Méras-Genève-Droz-1986

TEXTE INTÉGRAL (audiotypie) :

Marthe Paquant :

La lexicologie est une branche de la linguistique qui s’intéresse toutspécialement à la langue, que ce soit la langue d‘une période, d’unensemble de populations, d’un auteur ou d’un texte.Nous cherchions au CELL un ouvrage à étudier au niveau de la languedonc, et du vocabulaire, et si possible un auteur régional. Parce quequi dit régional dit régionalisme, donc particularités de langues.Comme il y avait une édition qui avait été faîte du journal de GuillaumeParadin, - le mot « journal » étant un terme trop moderne pourl’époque, c’est plutôt le livre de raison de Guillaume Paradin - dont lemanuscrit a été retrouvé tout à fait par hasard dans le Beaujolais - ilappartenait à une famille qui l’a donné aux archives – et c’est l’anciendirecteur des archives de Lyon qui en a fait l’édition.

Alors le Livre de Raison, c’était la notation, le soir en général, de faitsarrivés dans la journée, de comptes ; on en profite pour noter aussibien des notations météorologiques, des événements importants, desinondations...

Mais la difficulté pour nous, c’est que sont des notations - entre 1572 et1573 – qui souvent se bornent, pour une journée, à 2 lignes !Et quand on rencontre une difficulté de vocabulaire, on n’est pas aidépar un contexte, avant ou après.

Donc c’est tout l’intérêt de la recherche lexicologique, c’est qu’elle tientde l’enquête policière quelquefois, parce que, vous tombez sur un motqui n’est répertorié dans aucun dictionnaire, déjà pour le saisir on esttrès mal équipé, et alors parfois on ne sait pas où chercher !

Parce que, quand on tombe sur un mot inconnu, par exemple le mot« Sardy » ; si je prends ce mot « Sardy », il (Guillaume Paradin) nousdit :

« Guichard est bon jardinier et planteu de chouz. Sa femme fut vendredu sardy au marché ».

Vous avez 2 lignes. Qu’est-ce que le sardy ? Qu’est-ce qu’une femmevend au marché. Nôtre bon éditeur, le mari étant jardinier, met ennote : Sorte de légume, salade, point d’interrogation.

Moi au départ, je ne sais pas ce que c’est que le sardy. Donc je vaischercher dans les étymologies inconnues de mon FEV*, je passe enrevue tous les légumes, toute la botanique...Et je ne trouve rien. Doncil faut compulser d’autres dictionnaires, il faut chercher... Et, avec unpeu de chance, on trouve. Ce qui fut mon cas.

Dans un complément du Littré, le mot « Sardy » était indiqué. Pas chezParadin, mais c’était une sorte de drap qui existait, il y avait uneattestation de Jacques Cœur, donc ça situait déjà un peu la région.Sachant que c’est du drap, là je peu cibler une recherche sur les laines,les draps...et c’est comme ça que j’ai trouvé « Sardy : sorte de drapcommun », qui était donc attesté en ancien lyonnais, en bourguignon eten haut Dauphiné. Là, je me suis adressé à une spécialiste endialectologie, à l’Institut Gardette, à la Catho, qui ne connaissait pasnon plus « Sardy », et qui, téléphonant à des érudits du Beaujolais...ona appris qu’effectivement, au XVIème , les femmes faisaientcouramment des draps chez elles, draps qui devaient être sûrement

très grossiers, en laine grossière, et qu’elles les vendaienteffectivement au marché.

Donc l’énigme était résolue, et on était sûr que « Sardy » était bien ledrap, et non pas la salade qu’avait pu imaginer nôtre éditeur, qui n’étaitpas lui, Lexicologue

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